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Pina Bausch : Vollmond, le déluge poétique

  • Écrit par : Romain Rougé

vollmondPar Romain Rougé - Lagrandeparade.com/ Programmée dans le cadre de la saison de Montpellier Danse, la pièce créée en 2006 par la dame du Wuppertal est saisissante de lyrisme et de prouesse technique.


Un imposant rocher à l’allure de météorite est posé sur scène. Autour de lui gravitent des femmes et des hommes. Puis il y a cette eau (huit tonnes !) qui se déverse sans discontinuer sur le plateau. C’est dans ce décor à la fois minimaliste, titanesque et pleinement immersif que vont se confondre danse et théâtre, subtilement habités par des artistes aux performances stellaires.

Vollmond (« pleine lune Â») est une plongée dans l’imaginaire : ça ressemble à un rêve, à un entre-deux mondes, aux petites voix de notre inconscient qui prendraient subitement vie (la forme de la roche n’a-t-elle pas les traits d’un cerveau grillé ?). Ou sommes-nous dans un interstice hanté par des esprits en quête de sensations charnelles ?

Ces femmes et ces hommes lunaires tourbillonnent, traversent la scène comme des courants d’air, s’y attardent parfois en s’adressant à nous. « Même les fantômes ont besoin de s’asseoir Â», nous affirme-t-on en semant ici et là des chaises qui resteront inoccupées. Des femmes à l’allure évanescente s’élèvent et glissent ; des hommes au déhanché fantomatique passent et trépassent, boivent ou se noient... Les forces invisibles rôdent, elles chatouillent et heurtent les corps, provoquant tantôt crise de rire, tantôt crise de larmes. Seul le verre, matériau immémorial symbole de la fragilité, la finesse et la transparence, semble ancrer les quatorze danseurs dans une toute relative réalité.

Le monde de Pina Bausch est peuplé de ces êtres apnéiques qui évoluent au cœur d’une nature puissante personnifiée par l’eau, élément de vie et interprète à part entière, avec laquelle ils jouent : l’eau s’infiltre dans la chevelure sensuelle des danseuses, en imprègne les longues robes, imbibe les muscles saillants des danseurs. Dans ce déluge émerge des corps submergés de passions tristes et de passions joyeuses, qui se meuvent encore et toujours.

Car Vollmond est une Å“uvre fleuve et fluide aux tableaux à couper le souffle : les numéros d’équilibriste avec les verres ou encore le fabuleux temps collectif sur Lilies of the Valley de Jun Miake sont de véritables moments de grâce. Tout cela finira dans un bain… d’eau, là encore mirifique. On respire. Que remonter à la surface est difficile !

Vollmond
Production : Tanztheater Wuppertal Pina Bausch
Direction et chor̩graphie : Pina Bauschʉ۬
Sc̩nographie : Peter Pabstʉ۬
Costumes : Marion Citoʉ۬
Collaboration musicale : Matthias Burkert, Andreas Eisenschneiderʉ۬
Avec la collaboration de Marion Cito, Daphnis Kokkinos, Robert Sturm 

Musique : Amon Tobin René Aubry Nenad Jelic Magyar Posse Leftfield Jun Miyake Cat Power The Alexander Balanescu Quartett Tom Waits and others 

Répétiteurs : Ruth Amarante, Daphnis Kokkinos, Robert Sturm

Danseurs : Dean Biosca, Gabriel Brito, Silvia Farias Heredia, Ditta Miranda Jasjfi, Alexander Lopez Guerra, Nicholas Losada, Nazareth Panadero, H̩l̩na Pikon, Azusa Seyama, Ekaterina Shushakova, Julie Anne Stanzak, Michael Strecker, Fernando Suels Mendoza, Christopher Tandyʉ۬


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