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« Yves Saint Laurent. Formes » : l’exposition de l’indémodable géométrie

  • Écrit par : Serge Bressan

saint laurentPar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Au tout début, il y eut le « Traité d’architecture » de l’Américain Louis H. Sullivan (1856- 1924), influencé par le tenu pour le père des gratte-ciel et du modernisme. L’architecte y assurait que « la forme suit la fonction ». Autrement dit, la forme est au service de la fonction- un axiome qui a grandement influencé un mouvement architectural comme le Bauhaus mais aussi, de façon constante, l’œuvre d’Yves Saint Laurent (1936- 2008). Ce que montre, ce que rappelle la présente exposition « Yves Saint Laurent. Formes » dans son beau musée parisien.

Après « Gold », la précédente expo qui mettait en lumière le solaire et le glamour de l’œuvre du couturier et a attiré 130 000 visiteurs en cinq mois, voici donc « Formes », l’exposition de l’indémodable géométrie. Présentée par Elsa Janssen, directrice du Musée Yves Saint Laurent Paris et superviseuse du catalogue « Yves Saint Laurent. L’art de la forme », elle magnifie « le plaisir de dévoiler le créateur abstrait, moderne, radical, qu’il était aussi. Yves Saint Laurent n’a pas fini de nous surprendre. Partir à la rencontre de ce qu’il appelait poétiquement ses « fantômes esthétiques », c’est l’assurance de mettre au jour aussi dans son travail de multiples correspondances avec l’histoire moderne de l’art et des formes ». 

[bt_quote style="default" width="0" author="Elsa Janssen"]Yves Saint Laurent est un homme de contrastes. Classique et moderne, baroque et minimal, coloriste et maître du noir, son œuvre recèle d’infinies possibilités de lecture[/bt_quote]

De son côté, Madison Cox, président de la Fondation Pierre Bergé- Yves Saint Laurent, espère que les visiteurs « vont comprendre l’ampleur du travail de cet homme, dont la carrière s’est étendue sur quarante ans, et qu’ils percevront la vibrance et le modernisme qu’il incarne. Et qu’ils apprécieront son caractère contemporain. Cette exposition montre l’intégrité d’un homme dont le travail a des fils conducteurs qui relient tout ce qu’il a fait. Les formes et les volumes font partie de ces fils rouges. Il jouait en permanence avec les proportions. Comme un architecte concevant des structures, Yves construisait des vêtements avec des tissus ».

[bt_quote style="default" width="0" author="Madison Cox"]Cette exposition montre l’intégrité d’un homme dont le travail a des fils conducteurs qui relient tout ce qu’il a fait. Les formes et les volumes font partie de ces fils rouges. Il jouait en permanence avec les proportions. Comme un architecte concevant des structures, Yves construisait des vêtements avec des tissus.[/bt_quote]

En déambulant dans les salles du Musée Yves Saint Laurent, on découvre et admire une exposition thématique en quatre chapitres « dans laquelle nous essayons de présenter l'entièreté de la carrière d'Yves Saint Laurent, de ses débuts à la fin des années 1950 jusqu'à la fin de sa carrière en janvier 2002, quand il a fermé sa maison de couture », selon les mots de la conservatrice responsable des collections du Musée. Dès ses débuts dans la maison Christian Dior dans les années 1950, Saint Laurent imagine avec la ligne « Trapèze » des tenues légères, tenues par les épaules et non pas comme jusqu’alors par la taille. Pointe déjà son goût pour le dépouillement et des réalisations aussi discrètes que rigoureuses. Saint Laurent, avec la simplicité de la coupe, la rigueur des lignes et la franchise des couleurs, ce sera une silhouette verticale, essentielle et libérée de laquelle tout superflu est rejeté. Saint Laurent c’est et ce sera l’obsession de tendre encore et toujours vers la pureté de la construction.

Dès la première salle de l’expo « Yves Saint Laurent. Formes », on se rappelle les mots de Madison Cox : « Vous verrez que certains looks sont pratiquement impossibles à dater. Même si la mode évolue constamment, il a gardé une ligne de continuité. J’aimerais que la jeune génération découvre Yves Saint Laurent et s’en inspire… » Ainsi, des tenues monochromes- on est dans les mêmes tonalités, « on a choisi des pièces monochromes car justement c'est la coupe et la matière qui donnent la forme de ces modèles », précise Serena Bucalo-Mussely, responsable des collections du Musée Yves Saint Laurent Paris. En face, cinq combinaisons dont le jumpsuit, cette combinaison des aviateurs et des spationautes, transformé en un ensemble d’une seule couleur aux lignes aussi simples que fluides et qui deviendra dans les dernières années 1960 un classique de l’esthétique « chic décontracté ». Aussi, dans cette salle dans deux niches, des chapeaux…
Dans les autres salles, des formes et des couleurs. Là, du rouge ; ici, du noir et blanc… Facilement, on voit les influences de Paul Klee, de Mondrian ou encore le trait de Matisse… Encore Serena Bucalo-Mussely : « C'est par la couleur que la forme se construit. Nous sommes ici sur des modèles très épurés, très linéaires des années 1950 aux années 1990 ». Des robes courtes et droites, rigueur de la coupe, fantaisie des couleurs pour des constructions nouvelles, la diversité des formes. L’œuvre du couturier, à travers la présente exposition parisienne, pourrait être résumée en trois grandes thématiques : minimalisme, couleurs, et noir et blanc. Mais surtout, à travers « Yves Saint Laurent. Formes », on songe aussi aux mots du couturier : « Mon but c’est d’épurer au maximum, comme un peintre épure au maximum pour arriver à la perfection de son style, ou comme un écrivain remet tout en question. En fait, je remets tout en question à chaque collection »… Et c’est ainsi qu’Yves Saint Laurent a été et sera encore et encore grand !

[bt_quote style="default" width="0" author="Serena Bucalo-Mussely"] C'est par la couleur que la forme se construit. Nous sommes ici sur des modèles très épurés, très linéaires des années 1950 aux années 1990. [/bt_quote]

A voir
« Yves Saint Laurent. Formes » Exposition au Musée Yves Saint Laurent Paris. 5 avenue Marceau. 75016 Paris.
00 33 1 44 31 64 00. www.museeyslparis.com
Jusqu’au 14 janvier 2024.


A lire
« Yves Saint Laurent. L’art de la forme ». Collectif sous la direction d’Elsa Janssen. Flammarion, 192 pages, 39 €uros.

 


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