Le sommet des dieux : sensible, intelligent, émouvant et remarquablement animé, un film qui offre un beau moment d’évasion, de poésie et de réflexion
- Écrit par : Sylvie Gagnère
Par Sylvie Gagnère - Lagrandeparade.com/ Katmandou. Un reporter japonais, Fukamachi, pense reconnaître Habu Jôji, un alpiniste que l’on croyait disparu depuis des années. Il semble tenir entre les mains un appareil photo, qui pourrait changer l’histoire de l’alpinisme. Et si Georges Malloty et Andew Irvine étaient les premiers hommes à avoir atteint le sommet de l’Everest, en juin 1924, bien avant l’exploit officiel (en 1953) ? Seul le petit Kodak avec lequel ils devaient se photographier sur le toit du monde pourrait en attester. Mais il a disparu, et on a retrouvé leurs corps juste avant le sommet. Continuaient-ils à monter ? Redescendaient-ils ?
Fukamachi se lance sur les traces de Habu, pour tenter de résoudre le mystère. Il plonge ainsi dans le monde des vrais passionnés d’alpinisme, de ceux qui sont prêts à tout risquer pour une nouvelle conquête, d’un sommet, d’une voie…
Le sommet des dieux est adapté du manga éponyme de Jirô Taniguchi – lui-même une transposition d’un roman de Baku Yumemakura. Il confronte le destin de deux hommes : Habu, l’alpiniste au passé tragique et Fukamachi, le journaliste désœuvré. Et bien sûr, l’autre héros de ce film : l’Everest. Entre raison et passion, on suit les deux hommes dans une quête essentielle, quasi existentielle. Leurs questionnements font échos aux nôtres, en ce qu’ils ont d’universel : pourquoi fait-on quelque chose, malgré les échecs, malgré le danger parfois ? Quels sont les ressorts de la motivation, de la passion, de l’obsession même ? Loin du simple exploit sportif, grimper l’Everest est une exploration de son humanité, d’un corps en souffrance qui fait sans doute se sentir profondément vivant. Les questionnements sont omniprésents, et si ces hommes cherchent des réponses, ils comprennent aussi que l’important, c’est la question, pas la réponse.
Patrick Imbert a fait le choix d’une animation ultra-réaliste, au plus près des expressions des visages. La sensation de proximité et d’immersion est très prégnante. Elle est accentuée par un travail remarquable sur la bande-son, qui donne à percevoir quasi-physiquement la sensation de froid, le bruit assourdissant du vent autour de la tente, le souffle qui devient rauque. Les dialogues se raréfient, comme l’oxygène, au fur et à mesure de la montée, mais le craquement de la neige, le vent assourdissant, le souffle qui manque composent une symphonie de sons qui nous immergent dans le film. L’Everest est un décor somptueux, et une ombre qui plane, parfois menaçante, parfois juste présente.
Le sommet des dieux
Réalisateur : Patrick Imbert
Scénario : Patrick Imbert, Jean-Charles Ostoréro et Magali Pouzol
Adapté du manga de Jirô Taniguchi et Baku Yumemakura
Sortie en salles : 29 septembre 2021
Projection au Festival de Cannes le 10 juillet 2021
Genre : animation
Durée du film : 90 minutes