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L’épée, la famine et la peste – tome 1 : sombre, violente, puissante, originale et émouvante, une dark fantasy qui tient toutes ses promesses

  • Écrit par : Sylvie Gagnère

l'épéePar Sylvie Gagnère - Lagrandeparade.com/ Dans le royaume de Comhghall les monstres pullulent, des villages entiers sont pris dans les toiles d’araignées et leurs cocons, tandis que certaines de ces bestioles entrent dans l’esprit des hommes, qui se morfondent dans la mélancolie. Des femmes sont soupçonnées d’avoir les pouvoirs d’une tarenta et l’Inquisition les poursuit sans relâche. Le culte de l’Esprit Saint s’oppose à celui de l’Araignée, que dirige la mystérieuse Tisseuse, la première et la reine des arachnides.

Cillian a quinze ans ; orphelin et bègue, il est la cible des moqueries de ses camarades, jusqu’au jour où un masque de loup réveille en lui ses souvenirs. Erin, quinze ans elle aussi, est dénoncée comme Tarenta (comme sa mère) par un jeune homme qui a tenté de l’agresser. Sulyvahn est un ancien soldat de l’Inquisition, parti pour les croisades, revenu pour découvrir sa femme et son enfant morts. Aujourd’hui paria, il voit son fils perdu dans l’œil d’un cerf à la ramure de métal. Ces trois êtres rejetés veulent se débarrasser de la malédiction qui pèse sur eux. Ils placent tous leurs espoirs dans la Tisseuse et ses pouvoirs. Pourchassés par l’Inquisition menée par Conrad, l’ancien condisciple de Sulyvahn et sa redoutable archère, Cillian lutte pour conserver l’ascendant sur le loup qui l’habite, Erin refoule toute idée de pouvoir et le soldat protège de toute sa force et son âme le cerf qui personnifie sa possible rédemption, s’il parvient à sauver son fils.

Trois êtres brisés dans un monde à l’agonie, victimes de la sauvagerie des hommes, mais aussi, peut-être, fléaux de l’humanité… Leur évolution est remarquable, ils acquièrent au fil du récit une profondeur et une complexité qui les rend attachants et inquiétants à la fois.
L’ambiance est sombre, angoissante, oppressante même ; on peine à distinguer les gentils des méchants dans cet royaume où la violence règne en maître. Aurélie Wellenstein tisse sa narration en forme de toile, s’attachant d’abord aux pas de chacun des personnages, pour les réunir et lâcher, petit à petit, les éléments qui permettent au lecteur de commencer à toucher du doigt son univers. Le danger est partout, il leur faut se battre, encore, et encore, pour survivre. Pourtant, ces trois-là vont nouer des liens d’amitié, de solidarité, d’amour qui les rend plus forts, capables de se comprendre eux-mêmes et d’accepter qui, et ce qu’ils sont. Le lecteur s’attache à ces êtres en quête d’un père, d’une mère, d’un fils, d’un frère ou d’une sœur, marqués qu’ils sont par la perte et la souffrance. Le lien avec les animaux court au long de l’histoire, sous-tendant l’évolution des personnages, comme s’ils n’étaient vraiment humains que parce qu’ils sont liés aux animaux.
Si l’ambiance est très sombre, des lueurs d’espoir viennent l’éclairer, et émeuvent profondément à la lecture. Le rythme suit les pérégrinations des protagonistes du récit, suspendu parfois dans des décors sinistres et froids, accélérant brutalement quand il leur faut se battre pour survivre ou sauver leurs compagnons.

Servi par une écriture redoutablement efficace, ce premier tome nous happe et nous englue, comme le font les araignées dans leur toile, en ménageant une fin en forme de rebondissement, qui nous fait attendre avec impatience la seconde partie de ce diptyque, de cette fantasy violente, très noire, mais profondément émouvante.

L’épée, la famine et la peste – tome 1
Autrice : Aurélie Wellenstein
Illustration de couverture : Aurélien Police
Éditions : Scrineo
Parution : 29 septembre 2022
Prix : 21 €

 

 


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