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Golden State : une dystopie glaçante, une intrigue policière menée de main de maître, pour un roman intelligent et d’une grande force !

  • Écrit par : Sylvie Gagnère

golden statePar Sylvie Gagnère - Lagrandeparade.com/ Dans ce monde-là, mentir est (sévèrement) puni par la loi. Chacun doit consigner par écrit tous ses faits et gestes quotidiens puis les conserver, des captures enregistrent tout, partout, tout le temps. La Vérité est érigée en dogme absolu, la fiction bien sûr bannie, seuls les faits vérifiables et contrôlables sont tolérés. Dans cette Californie dystopique, les habitants ont accepté d’abdiquer toute liberté et de vivre sous une surveillance constante et inconditionnelle. Pourquoi ? On ne le saura pas vraiment, puisque ce qui est arrivé « avant » est inconnaissable, donc oublié.

Laszlo Ratesic travaille au Service Spéculatif, des policiers d’un genre un peu particulier : ils ont le don de deviner, de sentir lorsque quelqu’un ment, ou qu’une anomalie perturbe la réalité. Ils sont également les seuls à avoir le droit de spéculer, une discipline dangereuse puisque flirtant avec le mensonge. Sa dernière enquête concerne la mort suspecte d’un homme, tombé d’un toit. Accompagné de la jeune recrue Aysa Paige, il va plonger dans un monde contradictions et de tromperies qui bouleversa toutes ses croyances…

Laszlo ressent le mensonge comme une sorte de dissonance dans l’air, un malaise qui peut devenir physique. Il traque sans merci ceux qui feraient une entorse à la Vérité Vraie, convaincu de l’importance de sa mission, vitale pour la survie de l’État. Dans Golden State, chacun mène sa vie comme il l’entend, avec une seule et impérieuse loi : ne jamais mentir. A priori, cela peut sembler reposant, et même attirant ! Dans une société qui interdit le mensonge, plus de désinformation, plus d’injustices, plus de tromperies. Oui, mais… plus de fiction, plus de livres, plus de cinéma, plus de rêves, plus de place aux interrogations, aux spéculations, aux inventions. Des relations codifiées à l’extrême et une bureaucratie omniprésente ont un air de 1984 ou de Brazil qui fait froid dans le dos.

Le personnage de Laszlo est formidable de justesse : pétri de certitudes, mais plein de failles qui ne demandent qu’à s’agrandir quand son petit monde bien organisé est bousculé, antipathique au premier abord, mais révélant peu à peu ses qualités et son humanité profonde.

Entre dystopie et intrigue policière, Ben H. Winters propose un roman brillant, qui interroge sur les valeurs de la Vérité et du Mensonge, sur la subjectivité aussi. En creux, il s’agit également d’un véritable plaidoyer pour l’imagination et la créativité. Si le lecteur peut ressentir une certaine frustration à ne pas savoir/comprendre pourquoi le monde est arrivé à ce système absurde, c’est la conclusion logique de cet univers où le passé est tabou, « inconnaissable ».

Notre seul (petit) regret ? La dernière partie ouvre des perspectives très intéressantes, qui ne sont guère développées et la fin ouverte donne une furieuse envie d’en apprendre plus sur cette Terre et les évènements qui l’ont conduite à cette situation !

L’auteur du très remarqué Underground Airlines frappe fort encore une fois, avec un roman puissant et intelligent.

Golden State 
Auteur : Ben H. Winters
Éditeur : Actusf
Collection : Perles d’Épices
Parution : 23 avril 2021
Prix : 20,90 €

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