Le Dieu-oiseau : de la fantasy psychologique très sombre, un roman magistral servi par une écriture impeccable !
- Écrit par : Sylvie Gagnère
Par Sylvie Gagnère - Lagrandeparade.fr/ Une île. Dix clans. Tous les dix ans, une compétition où chacun, quel que soit son rang, a le droit de se présenter, désigne le champion de chaque tribu. Les dix élus s’affrontent ensuite dans la Quête de l’œuf d’or, qui déterminera le clan dominant de l’île pour la prochaine décennie. Le gagnant apporte la gloire et la puissance aux siens, et déchaîne l’enfer sur les autres : au cours d’une journée d’orgie se déroule le « banquet ». Les vainqueurs sont libres de détruire, violer, réduire en esclavage, tuer et manger les membres des autres clans.
Faolan a assisté au « banquet » où toute sa famille a été massacrée et dévorée. Il a été sauvé par Torok, le fils du chef victorieux, qui l’a choisi comme esclave. Pendant dix ans, il subit les tortures imaginées par un garçon pervers et avide de domination. Torok joue avec lui comme on le ferait d’un jouet. Pour survivre, Faolan s’est accroché à un espoir : participer à la Quête, trouver l’œuf et se venger enfin.
Passé les sélections – de bien terrible façon – il se retrouve en compagnie des neuf autres champions sur l’île de Mahoké, le Dieu Oiseau, où se cache l’œuf d’or. Alliances, trahisons, colère, représailles, les sentiments sont exacerbés dans ce contexte où seule la victoire compte. Chacun des candidats se bat, pour se sauver, pour sauver son clan, et pour se venger de ceux qui ont semé la mort et la destruction dix ans auparavant. Jusqu’où seront-ils prêts à aller pour cela ?
Faolan est de ces personnages dont on se souvient longtemps… Brisé, traumatisé, il oscille entre vengeance et désir d’arrêter toute cette folie meurtrière. Au fil des pages, on découvre l’étendue de son traumatisme et l’emprise de Torok sur son esclave. On suit sa quête quasi désespérée, son impuissance et son désespoir quand il retrouve en lui une part de son bourreau, l’espoir qui naît en lui lorsqu’un peu d’attention, d’amitié, d’amour peut-être, lui est accordé.
Mais comment peut-on survivre à tant d’horreurs ? Comment trouver en soi la force de continuer, de ne pas se haïr soi-même ? Les frontières entre le bien et le mal sont floues, et Faolan est sans cesse confronté à des choix impossibles.
Le Dieu-oiseau est un roman initiatique, un récit psychologique sombre et violent qui parle de traumatismes, de vengeance, de résilience enfin.
Soutenu par une écriture toujours aussi visuelle, quasi cinématographique, et par un sens du suspense certain, il prend le lecteur aux tripes et ne le lâche plus jusqu’à la fin, teintée d’une presque mélancolie.
Un vrai coup de cœur !
Le Dieu-oiseau
Auteur : Aurélie Wellenstein
Éditeur : Scrineo
Parution : 29 mars 2018
Prix : 16,90 €