L’Ascendant : un roman glacial pour un indicible héritage…!
- Écrit par : Félix Brun
Par Félix Brun - Lagrandeparade.fr/ « Vous autres gens méthodiques, il vous faut toujours un début » ; c’est par cette phrase que commence le roman : le narrateur dont nous ne connaîtrons jamais le nom, s’adresse à un psychiatre et lui raconte son histoire. Vendeur de téléphone mobile, il mène une vie sans éclat, terne, évoque le week-end prolongé du 1er mai avec son patron, "Télévision, bières, jeux vidéo et, sur un convertible que nous ne donnerions pas la peine de convertir, Marion." Mais un appel téléphonique lui apprend la mort de son père…leurs rapports étaient rares et distendus ; cet ancien contrôleur des impôts de 68 ans était, après le décès de son épouse, devenu solitaire, méfiant, replié sur lui-même ; ce passionné de mots croisés était distant, insensible, indifférent aux autres. Le narrateur va se rendre dans cette petite ville de province pour régler les funérailles et s’occuper de la maison paternelle…. Dans la cave il va découvrir un horrible secret : « Peu à peu je suis parvenu à distinguer les contours d’une cage grillagée. Et comme on découvre au mur, soudain, une araignée dont on n’avait pas remarqué la présence, j’ai aperçu un visage que la surprise, la peur avait figé à ma vue. » Qui est cette jeune fille aux traits terrifiés et terrifiants ? Depuis combien de temps est-elle enfermée dans cette geôle ? Pourquoi son père l’avait séquestrée comme un animal ? Tant de questions sur un géniteur énigmatique qui lui laisse un héritage encombrant, mystérieux… ! Il n’appelle pas la police et cherche le moyen de se débarrasser de cette jeune femme, de lui rendre sa liberté. Comment va-t-il sortir de ce cauchemar alors qu’il sombre dans une apathie, une léthargie, aidé par l’alcool et les tranquillisants ? Que va-t-on encore trouver dans ce modeste pavillon ?
Un roman glacial, qui fait que le lecteur interprète le rôle du psychiatre et devient le confident du narrateur. Ce dernier ressemble au Meursault dans "L’Etranger" de Camus : deux personnages décalés, perdus, surprenants dans leurs réactions, déphasés de la réalité. L’auteur pose le problème de la filiation, de la culpabilité, de l’hérédité que l’on ne peut effacer. Avec talent, Alexandre Postel tient le lecteur en haleine jusqu’à la dernière ligne, dans une écriture presque ironique, comme si les évènements et les atrocités qui se succèdent étaient logiques et indubitables. Un livre remarquable et d’une froideur polaire.
L’Ascendant
Auteur : Alexandre Postel
Editions : Folio
Prix: 6,50€
Parution : 25 août 2016
Prix du Deuxième Roman 2016