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Comme un blues : Dans la spirale de la déréliction et de la solitude

  • Écrit par : Félix Brun

bluesPar Félix Brun - Lagrandeparade.fr/ Carlos Ovelar possède une agence de photographes à Madrid, et mène une vie paisible, sans éclat, sans souci. Il a gardé le discernement et l’esprit acquis auprès de son père, ambigu stratège des services secrets espagnols, à la fois proche des franquistes nostalgiques, et défenseur de la démocratie. Complice ou saboteur du coup d’état militaire manqué du 23 février 1981 ? Les relations entre Carlos et le « Vieux » sont tendues, tourmentées, amères, sans aménité, sans tendresse. Carlos a le sentiment d’avoir été le jouet, l’instrument, le pantin manipulé de son géniteur qui cite à tout bout de phrase Hamlet… !

Mais les circonstances qui vont les remettre en scène n’ont pas de rapport avec la politique ou les services secrets : la fille de Susanna, l’ex-femme de Carlos, Ania a disparu. Susanna après sa séparation a épousé Alberto Bastida, un avocat proche du grand banditisme et de réseaux douteux. Ania a-t-elle été enlevée, a-t-elle fuguée, a-t-elle été assassinée ? Toute une série de meurtres de jeunes gens intimes d’Ania font craindre le pire…
Avec en décor St Jacques de Compostelle aux rues sombres et moisies, aux odeurs d’humidité et aux bruits terrifiants… "La nuit criait par la bouche noire des poivrots anonymes, des étudiants saturés de bière, des perdants qui n’avaient jamais rien eu à perdre." Avec Gualtrapa le vieux flic aux méthodes peu orthodoxes et au vocabulaire bérurien, il arpente les bas-fonds et accumule les indices… "J’aime les villes horribles, les putes malades et les chiens infirmes. Je préfère l’horreur, plus humaine, plus douce, plus nécessiteuse." Dans l’ombre de son « Vieux » machiavélique, dans les remords d’une séparation ratée à jamais présente, dans les profondeurs d’une solitude exacerbée, Carlos Ovelar va dénouer les fils d’une énigme riche en rebondissements… 

[bt_quote style="default" width="0"]Et les lamentations d’un chat décidé à faire partager à tout le quartier son sens non moins aigüe de la solitude. La nuit est le règne des bruits. La nuit, on peut la regarder les yeux fermés ? [/bt_quote]
Avec une galerie de personnages sortis tout droit d’un film de Verneuil ou d’un roman de Frédéric Dard, Anibal Malvar livre un grand polar empreint de noirceur, d’humour, de sentiments forts, égratignant les politiques, les syndicalistes et les agitateurs de toutes obédiences. "La myopie staliniste a presque autant la cote que la presbytie catho, dans les manuels scolaires et les martyrologues ? » La plume est à la fois rugueuse et poétique, les dialogues tonitruants… "La nostalgie me tapait aux tempes comme une overdose de rhum Negrita."
Un grand roman, une écriture magique qui nous rappelle que « L’Histoire est un jouet cassé. »

Comme un blues
Auteur : Anibal Malvar
Traduction : traduit de l’espagnol par Hélène Serrano
Editions : Asphalte
Parution : mars 2017
Prix: 22€


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