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C’est encore la rentrée avec Catherine Millet… et Muriel Barbery, Lionel Duroy, Guillaume Perilhou et Marieke Lucas Rijneveld

  • Écrit par : Serge Bressan

selectionPar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / En cette rentrée où paraissent pas moins de 490 romans d’ici la fin octobre, une troisième sélection de cinq romans indispensables, dont un texte-événement avec Catherine MIllet. Bonne lecture !


CATHERINE MILLET : « Commencements »

Une confidence : « Je publie effectivement mon quatrième livre autobiographique mais les quatre récits ont des points de départ différents ». Une autre : « Je me suis prise en otage ». Pour ce qui constitue un des événements de la rentrée littéraire d’été 2022, à savoir « Commencements », 320 pages bien denses, Catherine Millet a plongé dans deux malles où elle garde tout de sa vie. Dans un récent entretien, elle expliquait avoir souhaité raconter « la période où je commence à entrer dans la vie professionnelle, ce qui correspond aux débuts de ce qu’on appelle l’art contemporain, la fin des années soixante, le début des années 1970. Relater l’entrecroisement des deux relevait du défi, mais c’était amusant d’essayer de comprendre comment la jeune femme sans bagage que j’étais s’était glissée dans une époque où les artistes eux-mêmes réinventaient leur pratique ». Celle qui fut révélée en 2001 au grand public par son premier texte autobiographique, « La vie sexuelle de Catherine M. », est née en 1948 à Bois-Colombes (alors, Seine-et-Oise, aujourd’hui Hauts-de-Seine) en 1948, fille d’un directeur d'auto-école et d’une secrétaire. Enfance, adolescence- vie ordinaire… Dans un café, quatre garçons préparent une revue de poésie, l’adolescente les regarde, n’ose les approcher, ils deviendront amis. Avec l’un d’entre eux qui deviendra un célèbre galeriste, elle commence une vie de couple. Il y aura la création d’« art press », la revue indispensable consacrée à l’art contemporain et qui existe toujours. Il y aura aussi Mai-68 à Paris- aveu de Catherine M ; « Je suis passée à côté de Mai-68 » ; l’émergence de SoHo à New York et, dans le monde, de cet art qu’on appellera « art contemporain ». Avec « Commencements », d’une écriture quasi clinique et froide, Catherine Millet poursuit une introspection sentimentale, sexuelle et intellectuelle. Un texte indispensable.

Commencements
Auteure : Catherine Millet
Editions : Flammarion
322 pages
Prix : 20 €

Catherine Millet : condition féminine, plaisir, désir…

 

MURIEL BARBERY : « Une heure de ferveur »

Le roman de la délicatesse… et de l’amour. En écho à son précédent texte- « Une rose seule », 2020, Muriel Barbery nous glisse, en cette rentrée d’été 2022, « Une heure de ferveur ». Avec les mots de la romancière, on se retrouve à Kyoto, là où vivait Hanu Ueno- le père décédé de Rose. Magicienne (ce que l’on sait depuis « L’Elégance du hérisson », 2006), Muriel Barbery remonte l’histoire de ce Japonais, donc père de Rose et marchand d’art contemporain. Il a aimé follement une Française ; enceinte, elle est rentrée en France et n’a jamais voulu que Hanu voit sa fille Rose. Cette fille qui a occupé son esprit, son imaginaire durant tant d’années, jusqu’à sa mort. Pour lui, Rose était une fleur parmi les fleurs des jardins qu’il appréciait par-dessus tout. Une fois encore avec cet homme tout habité par la beauté et l’autre, l’auteure signe là un roman d’une élégance rare…

Une heure de ferveur
Auteure : Muriel Barbery
Editions : Actes Sud
256 pages
Prix : 20,50 €

 

LIONEL DUROY : « Disparaître »

On ouvre sur une histoire de famille, on boucle avec un voyage à vélo. Avec « Disparaître », Lionel Duroy- romancier hautement fréquentable sans succomber au « roman fragmenté », offre à son héros Augustin, 70 ans, l’occasion lors d’un repas au restaurant d’annoncer à sa famille que, là, c’est décidé, il file à Stalingrad… à vélo, sans préciser le sens de cette expédition à deux roues. Disparaître, finir sa vie, « mourir, si vous préférez ». Retour à son domicile, il prépare la machine, « un vieux Singer ». Cap sur l’est. Valbonne puis Bucarest, Ljubljana, Zagreb, Belgrade… après avoir voyagé à travers paysages, souvenirs, littérature (Malaparte, Istrati ou encore Botez) et Histoire, disparaîtra-t-il à Stalingrad ? Disparaître, c’est délicieusement triste, follement mélancolique, furieusement romantique…

Disparaître
Auteur : Lionel Duroy
Editions : Mialet- Barrault
304 pages
Prix : 20 €

 

GUILLAUME PERILHOU : « Ils vont tuer vos fils »

Plus sombre que jamais, Lou Reed chantait en 1974 « Kill Your Sons »… Une chanson qui inspire le titre et le premier roman de Guillaume Perilhou : « Ils vont tuer vos fils »- assurément l’un des meilleurs premiers romans de cette rentrée d’été 2022. Guillaume a 15 ans, l’âge du mal de vivre… Comme on dit, c’est un ado perturbé- et il y a de quoi. Sa mère, enfant, a été violée par son père. Le narrateur, lui, décide de porter plainte contre son père pour agression sexuelle quand il était petit enfant. Le roman est le récit chez le juge, entretien qui va se terminer en explosion de violence- conséquence : retour à l’HP où, depuis quelque temps, il est interné… Sur ce thème pas vraiment nouveau (le mal être adolescent et la quête d’identité), à coup de saynètes étourdissantes, Perilhou signe un livre cinglant, bouleversant. Une belle réussite…

Ils vont tuer vos fils
Auteur : Guillaume Perilhou
Editions : L’Observatoire
162 pages
Prix : 17 €

 

MARIEKE LUCAS RIJNEVELD : « Mon bel animal »

La sensation des lettres néerlandaises. Et aussi un des événements de cette rentrée d’été 2022 pour l’édition française. A 31 ans, se revendiquant non genré et non binaire, Marieke Lucas Rijneveld a publié quatre livres (deux romans, deux recueils de poésie) dont deux traduits en français : « Qui sème le vent » (2020, lauréat de l’International Booker Prize 2020) et « Mon bel animal », un roman partiellement autobiographique qui se glisse dans les pas de « Lolita » de Nabokov. Dans la campagne néerlandaise, un été étouffant et la menace de grippe bovine… Un vétérinaire, 49 ans, se rapproche d’une jeune fille, 14 ans. Dans son journal, l’homme raconte la relation qu’il va entretenir avec la jeune fille. Dans ces pages d’un lyrisme glaçant, résonne la voix du prédateur. Le récit de cette relation est à sens unique- celui de l’homme. C’est sensible et érotique…

Mon bel animal
Auteur.e. : Marieke Lucas Rijneveld
Editions : Buchet-Chastel
418 pages
Prix : 23 €


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