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Zombieland ou le mythe que rien n'arrête

  • Écrit par : Guillaume Chérel

zombiesPar Guillaume Chérel - Lagrandeparade.com/ « Tout ceci était-il bien nécessaire ? », se demande lui-même l’auteur, Claude Gaillard, dans son avant-propos, à qui la commande a été faite d’écrire un énième ouvrage sur les zombies (mot d'origine haïtienne, faut-il le rappeler, pays où la réalité est bien plus effrayante que la myriade de fictions traitant du sujet). La réponse est à la fois non, glisse-t-il, avec humour, et oui, quand on voit le résultat.

Même un être réfractaire à cet univers morbide, s’il en est, ne peut que s’incliner devant la somme de travail, et la beauté (si, si) de ce cet album parfait pour Halloween, plus que pour l’offrir à Noël, mais bon. Si votre neveu est accro à la série Walking-dead, ou tonton nostalgique de La Nuit des Mort Vivants, de George A. Romero (1968), ça va le faire. Même si les histoires de zombies vous me laissent froid (brrr), comme que les polars mettant en scène un sempiternel serial-killer… Sauf qu’on peut se marrer (jaune) en regardant Zombieland 1 et 2, ou World War Z, avec Brad Pitt. Pas vraiment avec le Dalhia Noir, ou Seven. Sans compter qu’on apprend plein de chose, même au second degré. Saviez-vous que la « créature » (nous-même en fait, puisqu’il s’agit de la condition humaine : à la fin on meurt… Et on ressuscite, comme Jésus, of course, pas Crous) a erré (c’est le cas de le dire) sous différents noms et différentes formes dans bien des cultures populaires : « Associés au folklore vaudou, les zombies ont lentement conquis la planète, explique Claude Gaillard. Il ne fallait pas attendre le déhanché de Michael Jackson dans Thriller (1983), pour remettre au goût du jour cette figure mythique ». Dont acte.
Dès les années 30, le cinéma américain starifie ces cadavres terrifiants. A la fin des sixties, La Nuit des morts-vivants popularise le genre. Si l’on y regarde à deux fois, la vision désespérée de Romero sur l'Humanité envahie de monstres, pouvait nous faire réfléchir sur le consumérisme, la lutte des classes, le racisme, les guerres fratricides, etc… Idem pour Je suis une légende (1 et 2) World War Z et Walking Dead… Les zombies sont le reflet de nos angoisses : ces revenants, en marche, soulignent « l'inexorabilité de notre propre finitude ». (Soupir and snif !). On ne peut plus d’actualité… Face au drame écologique, et épidémique, le 7e Art de série Z (comme zombie) remet l'Apocalypse et ses causes (le capitalisme, ma bonne dame !) sur la table (euh, sur la tombe). Les zombies ont encore de beaux jours devant eux, prédit Gaillard. Car c’est de pop culture, dont il s’agit aussi. L’iconographie explore les multiples facettes de cette figure à travers une centaine de films et de séries.

Le livre n’est pas développé chronologiquement mais par thématique. Avec Guillaume Le Disez, Gaillard revient aux origines du mythe, en n'excluant ni la dimension psychologique, ni sociétale du phénomène ; sans oublier de faire un tour du côté des « nanars » italiens et espagnols. Cela donne une anthologie complète, et ludique, pour passer une nuit de frisson. Et plus si affinités… Franchement, c’est beau à voir, même s’ils sont moches. C’est un peu comme si nous avions le pouvoir de lire dans la part la plus sombre, et profonde, de l’âme humaine. Notre miroir en fait. L’actualité ne cesse de nous rappeler la sauvagerie mortifère qui nous habite, depuis l’aube de l’Humanité. C’est ça qui est le plus inquiétant. Faire d’un sujet pareil un beau livre, ça c’est rassurant.

Zombies 
Editions: Vent d’Ouest / Glénat
Auteurs : Claude Gaillard et Guillaume Le Disez
352 pages
Prix : 35 € 


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