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Rimbaud, Cavalcades! : la trajectoire d’un génie des lettres, à travers rencontres, escapades, délits et amours, avec la poésie comme planche de salut

  • Écrit par : Christian Kazandjian

Rimbaud Par Christian Kazandjian - Lagrandeparade.com/ Romuald, graphiste pour une marque de yaourt, craque un jour : « burn out » comme on dit aujourd’hui. Il quitte l’entreprise sur un très théâtral trait d’esprit : « Je vais acheter un cheval et m’en aller ».

Il ne sait pas qu’il vient de citer Arthur Rimbaud. Il l’apprendra, trois mois plus tard, après avoir tout perdu (appartement, meubles), en ouvrant le livre des œuvres complètes du poète que lui a offert Christelle, son ancienne assistante. Foin de cheval, il achète un vélo, et le voilà parti sur les traces de Rimbaud. Une première étape à Charleville-Mézières, puis un tour rimbaldien le conduisant de villes en villages et capitales. Son périple ne dépassera pas l’Europe, à la différence de celui du poète qui habite désormais toute son existence, lui qui sillonna l’Europe, l’Afrique, l’Asie.

Des personnages pittoresques

Seul en scène, Romain Puyuelo, incarne la douzaine de personnages ayant jalonné la vie de Rimbaud : sa mère Vitalie, la « daromphe », ses amis, Delahaye, son ancien professeur et ami Georges Izambard, le gardien du cimetière de Charleville qui relève la boîte à lettres où s’entassent jusqu’à aujourd’hui, les lettres au poète ; plus une galerie de personnages pittoresques jusque dans leur accent. Et enfin, Paul Verlaine, l’ami, le mauvais génie, l’alter-égo, le maître et l’élève en amour, misanthropie, alcool et débauche. Tout l’itinéraire social et littéraire de l’auteur des Illuminations se tisse, d’un témoignage à une anecdote, d’un poème à une chanson, d’une chope de bière au tir de pistolet reçu de Verlaine à Bruxelles qui écopera d’un séjour en prison.

L’astre noir des lettres

Rimbaud, Cavalcades !, écrit par Romain Puyuelo et Nicolas Vallée, le metteur en scène, s’appuie sur une imposante bibliographie. Il projette les jalons d’une courte vie (Rimbaud meurt à 37 ans) intense, agitée : l’école, les fugues d’adolescence, la rencontre avec Verlaine et son épouse Mathilde, le drame de Bruxelles, les voyages, les négoces et trafics loin des terres de France, et la mort à Marseille. Le spectacle s’achève par Le bateau ivre, écrit à l’âge de 17 ans. Ce poème aurait pu, convient-on, influencer de nombreux écrivains : Poe, Baudelaire ou Jules Verne ; on pense aussi à Lautréamont, astre noir des lettres, auteur des Chants de Maldoror, mort à 24 ans. La pièce se voit comme une entrée dans une œuvre, achevée à 20 ans, qui a marqué et marque toute la culture universelle. Romain Puyuelo occupe tout l’espace d’un plateau où ne trônent qu’une chaise et un micro ; il y fait naître les lieux, les acteurs et témoins de l’existence exceptionnelle d’un jeune homme ayant bousculé les codes de la poésie et de la société (avec Verlaine, il furent parmi les seuls écrivains soutenant la Commune de Paris en 1871). Il fallait pour cela un excellent comédien et une mise en scène et direction d’acteur précises, afin de laisser toute sa place à la poésie, clé de l’amour et de l’âme des peuples. Une entreprise hautement réussie.

Rimbaud, Cavalcades !

Ecrit par Romain Puyuelo (jeu) et Nicolas Vallée (mise en scène)

Dates et lieux des représentations:

- Jusqu'au 26 juin 2024 au Théâtre Essaïon, Paris 4e (01.42.78.46.42.), les lundis et mardis à 19 heures


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