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L'oeil et la plume : Quand le peintre se fait écrivain, quand le texte devient mouvement...

  • Écrit par : Virginie Gossart

theatrePar Virginie Gossart - Lagrandeparade.com/ "Mon âme est comme deux oiseaux en lutte. Chacun tire dans sa direction". Ce sont les mots d'une âme tourmentée qui résonnent dans la grande salle de l'auditorium du Musée de la Romanité.

Des mots où un désir d'élévation platonicien se mêle au pessimisme de Schopenhauer et de Nietzsche. La comédienne Emma Morin a l'art de les faire vibrer avec une élégance rare, tandis que la danseuse Fanny Avram leur donne l'incarnation fluide ou convulsive qui leur convient. On est immédiatement happé par la beauté des textes du peintre norvégien Edvard Munch, par les formes et les couleurs qui se dessinent. Elles sont redoublées par les tenues des deux interprètes et les grands tissus aux tons primaires qui habillent le fauteuil où le corps de Fanny Avram s'ouvre ou se replie. Ces textes poétiques évoquent la vie dans ce qu'elle a de plus charnel et de plus universel, la mort qui n'est qu' "une nouvelle cristallisation", l'art qui est "le contraire de la nature", l'artiste comme "phonographe sensible".

Pionnier de l’expressionnisme dans la peinture moderne, mais aussi graphiste novateur, Edvard Munch a travaillé à traduire dans son art ses émotions, à rendre compte des métamorphoses de son être sensible, et à exprimer «les états d’âme les plus subtils». En 2011, les Éditions Presses du Réel réunissent certains écrits du génie norvégien encore inconnus en France. Ce sont ces fragments inédits qui se déploient dans nos oreilles et sous nos yeux comme des tableaux vivants.
On est frappé par la présence constante de la nature et des éléments dans les paroles du peintre : "Rien n'est petit / Rien n'est grand" ("L'arbre de la connaissance pour le meilleur et pour le pire"). Il semble parfois nous confier les secrets de son art, du moment où il reçoit "les ondes lumineuses captées par [sa] rétine" jusqu'à celui où le geste artistique les transfigure. On retient surtout le moment où, par la bouche d'Emma Morin, Edvard Munch évoque les synesthésies qui ont modelé la création de son célèbre tableau "Le Cri", tandis que le visage de Fanny Avram, souvent noyé sous la masse de ses cheveux bruns, devient un visage de cire encadré par ses deux mains, dans lequel on ne distingue plus que les cavités sombres des yeux et l'ouverture démesurée d'une bouche qui exprime la terreur à l'état brut : "Le ciel devint du sang et je ressentis ce grand cri dans la nature".

L'oeil et la plume - Evènement organisé conjointement par le Théâtre de Nîmes et Musée de la Romanité - Nîmes

Samedi 12 février, zoom sur le plus célèbre peintre scandinave : Edvard Munch ! 
Au programme :
📍 Une lecture des écrits de l'artiste "L'œil et la plume". Avec Emma Morin accompagnée de la danseuse Fanny Avram.
SA 12 FÉV 12:00  - Musée de la Romanité - Nîmes - Auditorium - Réservations au 04 66 36 65 10.
📍 La projection du film "Edvard Munch, la danse de la vie" de Peter Watkins. 📽 En présence d'Emma Morin et en collaboration avec l'Association Ecrans britanniques.
SA 12 FÉV 15:30 - Cinéma le Sémaphore


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