Par Romain Rougé - Lagrandeparade.com/ La « Bérénice » du metteur en scène italien avec Isabelle Huppert dans le rôle-titre était présentée – en avant-première mondiale – au Domaine d’O de Montpellier. La nouvelle Cité européenne du théâtre, fusion du Printemps des Comédiens et du Domaine d’O, est aussi créditée à la production.
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Par Christian Kazandjian - Lagrandeparade.com/ Le monologue dialogué de Looking for Jaurès ravive l’actualité de la pensée du tribun socialiste.
Comédien en quête de personnage
Patrick, acteur, comédien, se débat dans les affres d’un métier où il faut courir après les cachets au théâtre, au cinéma, à la télévision, média où les séries policières ont quasi remplacé toute autre forme de création. Les cauchemars qui le tirent d’un sommeil agité ne font qu’ajouter à sa schizophrénie, quand ce ne sont pas les démarches kafkaïennes d’un statut d’intermittent qui ne cesse d’évoluer vers le pire. Un jour, son double, prétendant être Jaurès, le convainc de l’incarner sur scène. Se noue alors un étonnant et détonnant dialogue où le langage châtié, mâtiné d’accent rocailleux d’Occitanie du tribun se heurte à la gouaille d’un petit gars du peuple. Patrick se pique au jeu de Jean – la familiarité marque le rapprochement- est devient ce comédien « habité par le personnage », prôné par Louis Jouvet. Le leader socialiste prend, petit à petit chair, à travers les discours, les écrits, les anecdotes, les colères.
Une grande figure
On suit le parcours politique de celui qui fut « républicain opportuniste », fidèle à Jules Ferry, antidreyfusard au début de l’Affaire, puis solide défenseur du proscrit, jusqu’à son rôle dans la création de la SFIO. Toute la complexité de l’homme, philosophe, historien, pacifiste et révolutionnaire, défenseur de la classe ouvrière, apparait par touches, dans ses écrits et harangues empreints d’humanisme ou chargés de colère, comme lorsqu’il dénonce le massacre des Arméniens de l’empire ottoman, et la frilosité et le désintérêt des Etats européens.
Le théâtre contemporain s’est toujours emparé de grandes figures du passé, sélectionnées pour leur œuvre guerrière, scientifique, politique, artistique. Le choix de Jean Jaurès est, on ne peut plus, judicieux, en cette période de basculement des équilibres mondiaux générant toujours plus de violences, de repli identitaire, de corruption des mots et de la pensée.
Une pensée forte
Représenter un géant, un monstre de la politique présente le défi majeur d’éviter l’édulcoration du propos, et la tentation de la caricature. Marie Sauvaneix qui met en scène s’appuie sur un formidable comédien, Patrick Bonnel avec lequel elle a écrit la pièce. La confrontation de deux existences aussi éloignées permet, par le biais de l’humour, du caractère improbable de la rencontre, d’introduire, sur la scène théâtrale, des propos politiques, qui, sans cela, courraient le risque d’apparaitre arides, voire barbants. Le parti pris, ici, évite ainsi le piège. Il donne à entendre une des voix, des pensées parmi les plus fortes que nos cultures ont forgées. Plus d’un siècle ont passé et la vision de celui qui fonda le journal L’Humanité en 1904, reste d’une prégnante actualité. Le choix de terminer le spectacle, non sur l’assassinat de leader socialiste, le 31 juillet 1914, quelques jours avant la guerre qui dénonçait (« Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage »,écrivit-il) mais sur son Discours à la Jeunesse, de 1903, un appel où il affirme : « Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire ; c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques. »
Un beau et bon spectacle où la réflexion n’exclut pas l’humour et l’émotion.
Looking for Jaurès
Auteurs : Marie Sauvaneix et Patrick Bonnel
Metteure en scène : Marie Sauvaneix
Avec Patrick Bonnel
Dates et lieux des représentations :
- Jusq'au 2 avril 2024 au Théâtre Essaïon, Paris 4e (01.42.78.46.42.) les lundis et mardis.
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Un homme seul sur l’immense plateau vide. Il est vêtu comme on l’est à la ville. Il se met à conter. La mer, tout ce qui rattache, surtout tout ce qui concerne le code marin et le sauvetage. Un plongeur témoigne : toute vie doit être sauvée, sans distinction de sexe, d’âge, de couleur de peau ou religion, par tous les moyens et quelles que soient ses propres convictions politiques ou religieuses –lui est plutôt d’extrême-droite, mais il est avant tout plongeur-sauveteur. Puis le narrateur (l’auteur d’Abysses, l’écrivain sicilien Davide Enia) rapporte sa propre expérience à Lampedusa. Lampedusa, île italienne, au large de Malte, connue comme l’une des principales voies d’entrée en Europe pour les femmes, hommes et enfants fuyant la misère, les guerres en Afrique et en Asie. Il assiste aux débarquements de rescapés des flots, aide, avec des bénévoles à les accueillir dignement. Parfois n’arrivent dans les chaloupes ou jetés par les vagues que des corps, gonflés, défigurés qui ont perdu tout aspect humain. Il n’ont plus de corps, plus de nom, plus de passé. Le narrateur a effectué les visites avec son père ; l’oncle Beppe se meurt en Sicile. Une relation nouvelle se noue, après des décennies de silence, de mutisme, dans l’impossibilité de dire l’amour, simplement de dire, alors que chaque geste, chaque regard sont autant de messages d’amour.
Indifférence et solidarité
Fréquenter de si près la détresse humaine, le mépris, l’indifférence, mais également la dignité des migrants, et la solidarité permet d’ouvrir les vannes des échanges, de la parole. Les deux récits d’une même humanité s’entrelacent, se nourrissent l’un l’autre, se renforcent. La vie est ce bien précieux qu’il faut préserver –le père et l’oncle, médecins l’ont appliqué toute leur carrière durant. Tout comme la dignité dans la mort ; le fossoyeur lave les corps qui portent pour certains les stigmates des violences, des viols (« on ne ferait jamais subir à un animal ce qu’on fait subir aux femmes » témoignent des légistes) ; ce gardien des corps les enterre, sous l’ombre d’une croix et d’un arbuste, fleurit les tombes d’anonymes dont aucune famille ne pourra faire le deuil.
Rencontres et échanges
On l’aura compris : Abysses est un spectacle d’une brûlante actualité en ces temps où la xénophobie, le repli identitaire gagnent l’ensemble du monde. Il ressort de la catégorie : théâtre-récit. Un homme seul sur scène, sans décor, ni costume raconte. Il dévide l’écheveau d’un écrit brut, douloureux mais non exempt d’humour, projeté dans l’urgence. La mise en scène fait le choix de donner à entendre le texte, le poids des mots. Le plateau nu, sombre est cette Méditerranée, mer bienfaitrice, trait d’union entre les peuples, que l’égoïsme, les sombres calculs politiciens ont transformée en cimetière. Quelques points lumineux, étoiles rougeoyantes s’éteignant dans le firmament sombre, confèrent au récit une valeur universelle. La musique en direct (voix et guitare électrique de Claire Vailler), donne voix à la mer, d’étale à déchaînée, de bienfaisante à dangereuse. Quant au comédien, Solal Bouloudnine, il n’est que de saluer une performance, tout de nuances du phrasé, de justesse gestuelle, qui traduisent la profonde humanité du propos, la complexité des rapports humains.
Abysses
Texte : Davide Enia
Traduction : Olivier Favier
Mise en scène : Alexandra Tobelaim
Avec Solal Bouloudnine, Claire Vailler.
Musique : Claire Vailler et Olivier Meliano
Scénographie : Olivier Thomas
Dates et lieux des représentations:
- Du 28 février au 9 mars 2024 - Théâtre 13, Paris
- Les 13-14 mars 2024 - Théâtre Sorano, Toulouse
- Le 21 mars 2024 - La Garance, Cavaillon
- Les 4-5 avril 2024 - CONOI, La Réunion
Par Sylvie Gagnère - Lagrandeparade.com/ Qu’il soit idéalisé ou caricaturé, le pouvoir fascine et attise les convoitises. Nous suivons l’ascension de deux jeunes énarques dans cet univers impitoyable.
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