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Ode maritime : une déclamation poétique où flottent les rêves défaits

  • Écrit par : Julie Cadilhac

Ode maritime Par Julie Cadilhac - Lagrandeparade.fr/ En compagnie des magnifiques vers du poète portugais Fernando Pessoa, "Ode Maritime" invite à un voyage halluciné baigné d’iode et secoué par la houle et le ressac. Une voix s’élève pour exprimer combien la mer contient de promesses de voyage…et donc de possibilité d’échappatoires exquis au quotidien. L’esprit volcanique s’emballe, s’enflamme et dans cette tonitruante déclaration d’amour à l’océan se cache le besoin prégnant de se défaire de soi, d’échapper à sa condition d’être civilisé et à l’étroit dans une existence où le raisonnable, le rationnel et la bienséance musèlent les désirs. Promenade psychanalytique troublante, des mouettes passent, des envies de violences arbitraires s’érigent, une chanson de pirate revient en refrain et peu à peu les mots ont une force cathartique étonnante. La tempête s’apaise, « la réalité (…) lave l’âme », l’humour s’immisce dans un coeur apaisé et « la fièvre » s’explique comme expression de la tristesse des songes. 

« Ô âme errante et instable des gens qui naviguent, 
Gens symboliques qui passent et avec qui rien ne dire, 
Car lorsqu’un navire revient au port
Il y a toujours à bord comme une altération!"

Stanislas Roquette offre une remarquable performance de lecteur qui, très vite, se libère de ses feuillets pour porter avec fougue cette poésie empreinte d’autant de lyrisme furieux que de mélancolie flottante. Dans une mise en scène épurée mais efficace et accompagnée d’arrangements sonores et mélodiques aussi pertinents que discrets, le comédien nous embarque dans cette parenthèse maritime, nous tous, « patriotes transitoires d’une même patrie incertaine » et rêvant aussi de voyages enivrants synonymes tout à la fois de beauté, d’exaltation, de sérénité et de volupté…

« Et tout notre corps angoissé sent,
Comme s’il était notre âme,
Une inexplicable envie de pouvoir sentir cela d’une autre manière:
Une nostalgie de quelque chose,
Une perturbation des attachements envers quel vague patrie?
Envers quelle côte? Envers quel navire? Envers quel quai?
Si bien que périclite en nous la pensée ,
Et ne reste qu’un grand vide au fond de nous,
Une satiété creuse des minutes maritimes,
Et une inquiétude vague qui serait ennui ou douleur
Si elle savait comme le devenir…"

"Une mouette qui passe,
Et ma tendresse grandit."


Ode maritime
Texte : Fernando Pessoa
Metteur en scène : STANISLAS ROQUETTE, MIQUEL OLIU BARTON
Interprète(s) : STANISLAS ROQUETTE
COMPAGNIE ARTÉPO
CORÉALISATION : LE PARVIS

Dates et lieux des représentations: 
- À 17H00 : DU 7 AU 19 JUILLET 2018 - RELÂCHES : 9, 12, 14, 15, 16 JUILLET au Parvis d’Avignon ( 33, rue Paul Saïn, 84000 - Avignon ) - FESTIVAL AVIGNON OFF


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