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31 rue Vandenbranden : le fantasmagorique ballet théâtralisé de Peeling Tom pour le Ballet de Lyon

  • Écrit par : Julie Cadilhac

peeping TomPar Julie Cadilhac - Lagrandeparade.com/ Peeping Tom mêle toujours dans ses créations le théâtre et la danse…Son univers, profondément singulier, « s’ancre dans le réel pour mieux s’en échapper ». 32 rue Vandenbranden met en scène une petite communauté vivant dans une contrée reculée et enneigée, intrinsèquemement hostile donc, où débarquent un jour deux étrangers…La pièce, recréée pour le Ballet de l’Opéra de Lyon, a été renommée 31 rue Vandenbranden. Quinze interprètes, au lieu de huit dans la version initiale : la création gagne donc forcément en ampleur chorégraphique et en expressivité corporelle grâce aux qualités techniques des interprètes du Ballet de l’Opéra de Lyon.
Au sein d’un décor aussi superbe que glacé, une atmosphère pesante et inquiétante s’instaure immédiatement. Inventive et fascinante, la mise en scène ne cesse de déstabiliser en offrant des tableaux vivants aussi visuellement percutants que fantasmagoriques. Nous donnant à observer l’intimité mouvementée - et souvent glauque - des maisons qui nous font face, d’ailleurs prises elles-même parfois de convulsions répulsives, on assiste à un ballet tragi-comique accompagné de la très belle voix de la mezzo-soprano Eurudike De Beul. Duo en cloche, hommes-cheval, femme-proue, homme sur pointe,  skieurs inattendus, micro-pommeau de douche de crooner improvisé, déesse sur toit menaçante et son caribou en peluche...dans ce monde au bord de l’hallucination, les êtres se métamorphosent en chimères hybrides, toisant l’absurdité en tournoyantes digressions. 

Les tons et les genres se mélangent; les corps expriment leurs émotions et leurs contradictions en remarquables distorsions élastiques; des effets spéciaux attrayants ajoutent du fantastique à ce thriller glacial où sont évoqués l’infanticide, le déracinement, l’isolement, la violence conjugale ou encore le repli communautaire. La musique, également, de Juan Carlos Tolosa et Glenn Vervliet, amplifie la dimension fantasque de cette fable inquiétante.
Peinture saisissante de la nature humaine capable du meilleur comme du pire, 31 rue Vandenbranden de Peeping Tom et le Ballet de Lyon semble un cauchemar d’Emir Kusturica qui aurait pris ses quartiers en Sibérie…un moment atypique et fort dont on aurait tort de se priver!

31Ballet de Lyon & Peeping Tom
31 rue Vandenbranden
Ballet de l’Opéra de Lyon
Direction : Yorgos Loukos
Durée : 1h20

Conception, chorégraphie et mise en scène : Gabriela Carrizo et Franck Chartier / Peeping Tom
Pièce pour 14 danseurs du Ballet de l’Opéra de Lyon
Caravane 1 : Aurélie Gaillard, Julia Weiss // De Passage : Marco Merenda, Albert Nikolli, Roylan Ramos, Paul Vezin
Caravane 2, porte 1 : Jacqeline Bâby, Kristina Bentz, Samuel Colbey, Adrien Delépine, Caelyn Knight, Lore Pryszo 
Caravane 2, porte 2 : Alvaro Dule, Leoannis Pupo-Guillen
Mezzo-soprano : Eurudike De Beul
Dramaturgie : Hildegard De Vuyst et Nico Leunen // Figurants : Sophie Falam, Alexandre Pirocchi et Sophie Tonduf
Composition sonore : Juan Carlos Tolosa et Glenn Vervliet // Décors : Peeping Tom, Nele Dirckx, Yves Leirs et Frederik Liekens
Lumières : Filip Timmerman et Yves Leirs // Costumes : Diane Fourdrignier et HyoJung Jang
Production: Opéra de Lyon

Dates et lieux des représentations :
- Le 24 juin 2019 à l’Opéra Berlioz / Le Corum - Montpellier - dans le cadre du Festival Montpellier Danse


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