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Philippe Besson : au plus près dans la campagne électorale…

  • Écrit par : Serge Bressan

macron par bessonPar Serge Bressan -  Lagrandeparade.fr / En début de cette année, il évoquait la découverte de la sexualité. La sienne, c’était le beau livre « Arrête avec tes mensonges Â». En cette rentrée, Philippe Besson est déjà de retour. Avec « Un personnage de roman Â». Le récit furieusement subjectif dans les pas d’un jeune homme lancé dans la campagne de l’élection présidentielle française.

Le romancier connait Emmanuel Macron depuis trois ans, et lui propose, avant même que l’ancien ministre n’annonce sa candidature à la présidentielle, de le suivre afin d’en écrire le livre de la conquête. Précision de Besson à Macron : « Le livre ne sera publié que si tu gagnes l’élection Â». L’alors candidat donne son accord, l’écrivain sera au plus près de l’histoire en marche. Les deux s’apprécient, même s’ils ne sont pas intimes, ni même amis. Au fil des mois, l’écrivain observe, note, noircit des carnets sur ce jeune homme (pas encore 40 ans) inconnu du grand public trois ans auparavant et qui brigue la présidence de la République. Grand amateur de l’œuvre de Marguerite Duras, Philippe Besson nomme son sujet Emmanuel M., fait intervenir régulièrement son épouse- la très charismatique et transgressive Brigitte. Au fil des pages, le lecteur est « embedded Â» dans la caravane Macron- Besson note, pointe, relève, commente, indique parfois son désaccord avec celui qui, en mai dernier, est devenu le plus jeune président de la République française. Le lecteur se trouve placé au cÅ“ur d’un événement en cours- qu’importe si les petits marquis de la chose écrite, les porteurs de micro- caméra- stylo et les professionnels de la profession politique jugent sévèrement « Un personnage de roman Â», Philippe Besson raconte (avec joie, intelligence et la distance suffisante) un personnage romanesque qui sortirait des textes de Stendhal, Gide, Eluard ou encore Fitzgerald. Entretien avec un auteur qui prouve que la réalité peut être encore plus belle, plus grande que la fiction.

Qu'est-ce, pour vous, un personnage de roman?
Celui qui incarne l’élan et l’ambition dans les récits d’aventures, celui qui affronte le monde dans la littérature réaliste, celui qui s’invente un destin dans le mouvement du romantisme. Celui enfin qui fait d’un impossible une réalité.

A quel moment avez-vous pensé qu'Emmanuel Macron pouvait être un personnage de roman?
A l’instant où il s’est lancé dans la campagne présidentielle. Parce que ses chances de l’emporter étaient infimes mais lui, il y croyait.

Yasmina Reza avec Nicolas Sarkozy puis Laurent Binet avec François Hollande avaient rendu compte des précédentes campagnes électorales, avec plus ou moins de bonheur.Aviez-vous conscience du risque à vous lancer dans une telle aventure?

Oui, mais il n’y a pas d’écriture sans risque. Et, de toute façon, quand on écrit, on ne doit jamais penser au regard qui sera porté plus tard sur le texte, sinon on est mort, ou on fait des livres de complaisance. Et puis, être au cÅ“ur d’une aventure aussi singulière qu’une campagne électorale, faite de rebondissements, d’imprévus, d’espoirs, de découragements, d’énergie, de fatigue, ça ne se refuse pas !

Qu'a attiré le romancier que vous êtes dans la campagne présidentielle d'Emmanuel Macron? Pourquoi lui et non pas un(e) autre?
Il incarnait un changement radical, par rapport à la vieille politique, à la vieille classe politique. Il pratiquait la transgression, la provocation. Il n’était pas décliniste, anxiogène. Il réservait forcément des surprises, bonnes ou mauvaises. Pour un romancier, tout ça, c’est du pain bénit.

Durant la période de la campagne puis pendant la rédaction du livre, vous vous considériez encore et toujours comme un romancier? ou plutôt comme un journaliste, voire un feuilletoniste?
Jamais comme un journaliste. Toujours comme un romancier. Je revendiquais une obligation de subjectivité. Je voulais pouvoir être dans l’empathie ou la colère, l’étonnement ou la lassitude, et faire partager mes sentiments. Et je souhaitais, comme dans chacun de mes livres, approcher la vérité intime d’un homme, la réalité derrière les apparences.

Jusqu'alors, dans tous vos livres, vos personnages sont fictifs. cette fois, vous n'avez pas pu inventer, laisser libre cours à votre imagination...
Mais ce réel-là avait beaucoup plus de talent que la fiction ! Franchement, qui aurait osé imaginer une histoire pareille ?

Dans différents passages, en tête à tête avec Emmanuel Macron, vous avouez ne plus être observateur, vous vous laissez aller à lui donner votre avis. Des conseils, même... Vous aussi, vous succombiez alors à la griserie de la conquête du pouvoir?...
Je lui donnais mon avis quand il le sollicitait. D’ailleurs, parfois, je n’étais pas très tendre avec lui, quand il me semblait qu’il se trompait. Mais je l’ai dit : je ne cherchais pas à être objectif. Je laisse ça aux garants sourcilleux de la déontologie, vous savez ces gens qui donnent des leçons sans se les appliquer.

Que retenez-vous de votre aventure, du point de vue humain et littéraire? Qu'avez-vous découvert, appris du monde politique?
Qu’il recèle de la grandeur et de la médiocrité, de la bienveillance et de la cruauté, de la gravité et de la légèreté. En cela, il n’est pas différent de toute autre communauté humaine. Et, sur le plan littéraire, je suis heureux d’être sorti de ma zone de confort, de m’être aventuré sur un territoire inconnu.

Un personnage de roman
Auteur : Philippe Besson
Editions : Julliard
Parution : 7 septembre 2017
Prix : 18 €


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