Bob Marley : Rastaman (vibration) for ever
- Écrit par : Guillaume Chérel
Par Guillaume Chérel - Lagrandeparade.com/ Seulement quelques mois après la sortie du volume 4 de la saga Génération H (Editions La Lune sur le Toit), Alexandre Grondeau, maître de conférences à l’université d’Aix-Marseille, également critique musical et auteur de livres et de documentaires, propose un essai, plus qu’une biographie, du fumeur de ganja le plus célèbre au monde : le légendaire artiste noir aux dreadlocks, Bob Marley, moins connu sous le nom de Robert Nesta Marley (1945 – 1981). Pourquoi écrire, et publier, un nouveau livre sur ce héros universel, cette icône connue de tous ? Parce qu’il est devenu un logo, un visage qui fait vendre (comme celui de Marilyn), mal connu des nouvelles générations, un peu comme Che Guevara. Alors que le petit-grand Bob se rapproche plus d’un Thomas Sankara, l’ex-président du Burkina-Faso, assassiné, ou du capitaine de l’équipe de l’équipe du Brésil des années 80, médecin-pédiatre, Socrates, mort d’un cancer également, créateur du syndicat des joueurs… Vous ne connaissez pas ces noms ? Raison de plus pour lire Bob Marley : un héros universel, d’Alexandre Grondeau, : « Ajouter un ouvrage de plus à la longue liste des biographies du chanteur, dont certaines magistrales, n’aurait servi à rien si nous n’avions pu apporter un nouveau point de vue à l’histoire du natif de Saint Ann : aller au-delà de la carrière de l’artiste, de sa naissance, de sa mort, de ses amitiés et amours, de sa musique et de ses tournées mondiales ».
Bob Marley décède en 1981, à seulement 36 ans, des suites d’un cancer de la peau. La légende veut que Bob Marley aurait découvert sa maladie à la suite d’une blessure au pied contractée à Paris, après avoir joué au foot sous la Tour Eiffel, avec son groupe des Wailers, contre des journalistes du magazine Rock and Folk. En effet, jusqu’à la fin de sa vie, le football aura été une de ses passions avec la musique (le reggae), la weed (la « marie-jane »)… et les femmes. Alexandre Grondeau nous livre sa propre analyse de l’œuvre et de la vie de l’artiste : « Bob Marley est un musicien dont les paroles ont redonné confiance aux damnés de la terre (il était « écolo », façon indiens d’Amérique, avant la lettre) mais dont l’héritage apparaît aujourd’hui en partie dévoyé (ce n’était pas un descendant des fils de riches, « hippies », peace and love, mais un rebelle issu des ghettos de Kinston). Ce livre, sans concession, pose pour la première fois les bases d’une réflexion critique sur l’homme, l’artiste, l’entourage, la carrière et l’héritage de la première superstar musicale issue du tiers monde. » L’auteur, fondateur du site reggae.fr, grand défenseur de la légalisation du cannabis, a évidemment consacré un chapitre de son livre à la « ganja », l’herbe de cannabis que Bob Marley a contribué à faire connaître dans le monde entier, et qui a inspiré plusieurs de ses chansons. Il est également (et légalement) question de sa caricature, comme de son engagement politique réel (en gros contre l’impérialisme capitaliste), qui le place presque à la même place que Nelson Mandela, le Mahatma Gandhi, John Lennon, et Martin Luther King (excusez du peu), de sa générosité envers les nécessiteux, mais aussi de sa part d’ombre (sa violence supposée avec les femmes, ses relations avec les gangs jamaïcains : I Shot the Sheriff…).
Presque 40 ans après sa mort, Bob Marley est toujours très populaire dans le monde de la pop-rock-culture… Il est resté une star internationale, dans l’imaginaire collectif, dans les discothèques familiales du monde entier. Sa carrière est immense, son héritage artistique essentiel est à sa place dans l’histoire de la musique, aux côtés des plus grands : Mozart, Miles Davis, les Beatles, Michael Jackson… Robert Nesta Marley, le petit métis, est un géant. L’unique artiste dont le nom seul dépasse le style musical auquel il appartient.
Avec ce livre-essai, Grondeau pousse à la fois un coup de gueule contre la marchandisation du mythe par les bobos qui se la jouent cool. Son livre est sans concession. Ce n’est pas une simple hagiographie, ni une apologie de la « beuh » (chanvre). Il pose les bases d’une réflexion critique sur l’homme, l’artiste, l’entourage, la carrière et l’héritage de la première superstar musicale issue du tiers monde. L'auteur a souhaité inscrire le « Tuff Gong » dans son siècle, et dans le nôtre, dans son humanité, dans l’histoire, avec un grand H… Comme haschisch. Une herbe censée aider les rastas à s’élever vers leur Dieu (Jah rastafari), sans jeu de mots. Car les paroles de ses chansons (No woman no cry, par exemple), ont redonné confiance aux damnés de la terre, en Afrique, et/ou dans le tiers-monde en général. Bob Marley aurait eu 75 ans, le 6 février prochain.
Bob Marley : un héros universel
Editions : La Lune sur le toit
Auteur : Alexandre Grondeau,
180 pages
Prix: 20 €
Le site de Guillaume Cherel: www.guillaume-cherel.fr