Ethique du samouraï moderne : manuel de «combat» pour lutter contre le désarroi
- Écrit par : Serge Bressan
Par Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Il est né Corse à Toulon, a grandi à la lecture de Joseph Conrad, Dino Buzzati et aussi du Club des Cinq. Ado, Patrice Franceschi écrit encore et encore. A l’aube de l’âge adulte, il file en Guyane, voulant « vivre toutes les vies imaginables ». Il a effectué un tour du monde en ULM, séjourné dans une tribu pygmée, pris les armes avec les moudjahidines en Afghanistan. Publié aussi, au fil du temps, de nombreux livres- dont le tout récent « Ethique du samouraï moderne », sous-titre enchanteur : « Petit manuel de combat pour temps de désarroi ». Aventurier des mots, à 64 ans, il confie : « J'aime être dans le mouvement du monde, là où je peux trouver des réponses à mes questions ». Ainsi, il y a longtemps, confie Franceschi, il était au Japon. Dans un taxi en gare de Kyoto, il a perdu deux livres du philosophe Toshiro Isoguchi : « Après le boson de Higgs » (esquisse du théorème de la paix perpétuelle) et « Tectonique de la plaque défaillante » (avec une équation mathématique étourdissante).
Evidemment, et l’auteur en convient, ces deux livres du maître japonais sont aujourd’hui introuvables. Dans une bibliothèque ou chez un particulier, plus un seul exemplaire de ce philosophe disparu en 2010 et qui enseignait au dojo d’Ishen dans le sud du Japon. Un enseignement intitulé « Ethique du samouraï » en deux disciplines « pour affronter une modernité en continuel flottement et n’offrant plus guère de repères sur lesquels s’appuyer, même dans la courte durée d’une vie humaine ». Avec Toshiro Isoguchi, donc, c’est une réflexion sur le samouraï d’aujourd’hui, l’« honnête homme » version pays du Soleil-Levant.
Problème : Franceschi ayant perdu les ultimes exemplaires des deux livres du maître japonais, il a dû faire appel à sa mémoire et l’aide d’un certain Emiliano pour transcrire 327 propos d’Isoguchi et, ainsi, a-t-il pu rédigé un vade-mecum d'humanisme combattant… En six chapitres, défilent « des choses essentielles », « des choses principales », « des choses difficiles », « des choses du quotidien » et « des choses diverses ». On s’interroge : faut-il réinventer l’humanisme ? ne devrait-on, face aux crises du temps présent, s’inspirer de la sagesse des anciens guerriers japonais ? Franceschi rappelle : « Maître Isoguchi disait… Il faut renaître. L’éthique du samouraï moderne est la voie de l’homme libre pour cette renaissance ». Et aussi ce propos 4 : « Quel but choisir quand le destin de toute chose est de disparaître lorsque tout naît pour mourir, quand tout coule entre nos mains ? »
Alors, au hasard des pages, des jours et des nuits d’une vie dans une société qui se désagrège, on peut picorer dans ce petit manuel de combat. Tout y est bon, en ces temps de désarroi. Picorer encore et encore des propos « traversés par une tension fondamentale : essayer de rassembler ce qui, dans la conduite de la vie, peut être valable en tout temps et en tout lieu pour tous les hommes ». Au fait, cher Patrice Franceschi, êtes-vous bien sûr et certain que Maître Isoguchi a réellement existé ?!!!
Ethique du samouraï moderne
Auteur : Patrice Franceschi
Editions : Grasset
Parution : 13 février 2019
Prix : 17 €
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