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Les mirages de la certitude : Siri Hustvedt, des vertus du doute et de l’ambiguïté…

  • Écrit par : Serge Bressan

hust vedtPar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Sur la couverture du nouvel essai de Siri Hustvedt- « Les Mirages de la certitude », le sous-titre est suffisamment explicite : « Essai sur la problématique corps / esprit ». Et oui, on l’avoue, le sujet n’est pas bien neuf, mille fois revu et rebattu qu’il a été. Mais voilà, Siri Hustvedt n’est pas seulement essayiste, elle est également romancière- et c’est plus en romancière qu’elle aborde là la fameuse problématique. Présentant son nouvel ouvrage, elle explique avoir souhaité « explorer l’insoluble problème du rapport corps/esprit qui hante la philosophie occidentale depuis la Grèce antique. En écrivant cet essai, mon souhait était surtout de montrer au lecteur, de la façon la plus claire possible, que les questions portant sur la nature de l’ « esprit » par opposition au « corps » restent ouvertes, et sont loin d’être tranchées ». 

Pour l’éditeur français des « Mirages de la certitude », Siri Hustvedt « revisite la manière dont l’antique question (jamais résolue) du rapport du corps et de l’esprit a informé la pensée contemporaine, et ce souvent pour la déformer, voire la brouiller, dans les domaines des neuro-sciences, de la psychiatrie, de la génétique, de l’intelligence artificielle ou de la psychologie évolutionniste ». Dit ainsi, on peut être si ce n’est effrayé, au moins impressionné : serait-ce là la promesse d’un texte de haute volée avec prise de tête assurée, seulement après quelques pages de lecture ? Evidemment, « Les Mirages de la certitude » n’a rien de la littérature pour tête de gondole en hypermarchés, mais la force de Siri Hustvedt tient dans le fait que, romancière, elle sait aborder et développer des questions essentielles et philosophiques avec autant de légèreté que de gracilité. Elle qui souffre depuis tant et tant de migraines se passionne pour les neuro-sciences- elle précise : « Assez tôt, au cours de mes aventures dans le champ des neurosciences, j’ai été amenée à poser des questions simples aux scientifiques que je rencontrais. Pourquoi se servent-ils d’expressions comme « corrélats neuronaux », ou, plus déconcertant encore, « représentations neuronales » ? »
Se présentant comme une « gauchiste anticommuniste », forte de ses lectures de Freud à l’adolescence, de ses études de la littérature et de ses présences assidues dans les colloques de neurobiologie et de psychiatrie, Siri Hustvedt s’interroge sur les vertus du doute et de l’ambiguïté. Les questions sont là, encore et toujours : qui suis-je ? qu’est-ce que ma conscience ? d’où viennent mes pensées ?, elles hantent cette femme de 63 ans, Américaine avec du sang norvégien dans les veines… Et d’autres questions surgissent : « L’esprit commence-t-il à la naissance pour finir à la mort ? Où exactement l’esprit est-il situé dans le corps ? Le cerveau est-il seul à penser ? » Les doutes (et leur corollaire, les certitudes) commencent avec Descartes, ils passent le temps jusqu’à Gilles Deleuze ou encore Virginia Woolf. Mieux : à cette problématique corps / esprit, Siri Hustvedt ne donne pas de réponse mais en grande romancière qu’elle est, elle préfère plonger au cœur de l’incertitude- c’est là que, sûrement, sont lovées les réponses à toutes les grandes questions…

Les mirages de la certitude
Auteur : Siri Hustvedt
Editions : Actes Sud
Parution : 28 mars 2018
Prix : 23,50 €


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