Kumi Sasaki et Emmanuel Arnaud : la japonaise et le Tchikan
- Écrit par : Guillaume Chérel
Par Guillaume Chérel - Lagrandeparade.fr/ On appelle « Tchikan » ces prédateurs et leur forme d'agression sexuelle par attouchement. Ce sont des hommes ordinaires, de tout âge, des salarymanen costume cravate, qui opèrent dans la foule compacte aux heures de pointe, et se collent aux mineurs pour les toucher, caresser, fouiller. Une réalité quotidienne largement taboue au Japon. Personne ne les voit - ou ne veut les voir -, et les familles, tout comme la société, restent dans le déni de cette violence masquée. Kumi Sasaki en a été victime toute son adolescence, dès l'âge de douze ans, et c'est son histoire à hauteur d’enfant, illustrée de ses sobres dessins, qui nous est racontée ici.
Ecrit simplement, avec l’aide d’Emmanuel Arnaud, les éditions Thierry Marchaise ont publié ce témoignage avec le scandale Harvey Weinstein, accusé de violence et de harcèlement sexuel. On pourrait croire que c’est une particularité japonaise mais nous savons que ça existe aussi dans nos transports en commun (l’auteur de ces lignes peut en témoigner, pour avoir subi des attouchements, quand il était gamin dans le métro parisien). Un ouvrage tout en pudeur, très touchant parce qu’après l’agression (sexuelle), c’est l’indifférence de l’entourage qui est vécu comme une double peine. Le genre de traumatisme qui peut durer toute une vie, si on ne fait pas de thérapie. La résilience de Kumi Sasaki fut de quitter le Japon et d’écrire un livre tout en pudeur mais d’une froide violence.
Tchikan
Editions : Thierry Marchaisse
Auteurs : Kumi Sasaki et Emmanuel Arnaud
125 pages
Prix : 14, 90 €
Parution : 5 octobre 2017