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Une semaine de lecture avec J.M. Coetzee, Richard Ford et Marie Laure de Noailles

  • Écrit par : Serge Bressan

le polonaisPar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Trois suggestions de lecture pour cette semaine. D’abord, on commence avec J.M. Coetzee, l’impeccable Sud-Africain installé depuis de longues années en Australie et Nobel de littérature 2003 : il signe un texte sans esbrouffe. On enchaîne avec le grand auteur américain Richard Ford, il est de retour avec son héros récurrent lancé dans un road trip avec fils souffrant d’une maladie incurable. On boucle avec Marie Laure de Noailles, une vicomtesse déjantée du XXe siècle, mécène des arts et lettres français mais aussi peintre et (délicate) écrivaine. Bonne lecture !

J.M. COETZEE : « Le Polonais »

A 72 ans, il est un pianiste réputé mondialement. Il excelle dans l’interprétation de Frédéric Chopin- même si nombreux sont ceux qui lui reprochent une lecture austère du compositeur. Witold, dont le patronyme « comporte tant de w et de z qu’aucun membre du comité ne se hasarde à le prononcer », est invité à Barcelone pour un concert. Après l’événement, il y a un dîner- c’est le début du nouveau roman de J.M. Coetzee, prix Nobel de littérature 2003 : « Le Polonais ». Beatriz, une quinzaine d’années de moins que Witold, a remplacé au pied levé une amie. Entre le pianiste et la femme, échange de courtoisies- rien de plus, il lui a offert un CD, elle oublie aussitôt… L’interprète de Chopin revient, quelque temps plus tard, à Barcelone pour une master class. Il est attiré par Beatriz qui n’éprouve toujours rien. Au deux-tiers du livre, bascule… Beatriz invite Witold dans sa maison vide de Majorque, ne ferme pas la porte de derrière, lui dit : « Si vous vous sentez seul pendant la nuit et que vous avez envie de passer, n’hésitez pas ». Ils ne parlent pas la même langue, échangent dans un anglais approximatif, font l’amour. La femme fera le voyage à Varsovie, Witold est mort et il a laissé à son attention des poèmes en polonais. Encore un grand roman sans esbrouffe de J.M. Coetzee…

Le Polonais
Auteur : J.M. Coetzee
Traduction : Sabine Porte
Editions : Seuil
160 pages
Prix : 18 €

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fousRICHARD FORD : « Le paradis des fous »

Dans une vie précédente, il fut journaliste sportif. A présent, il a 74 ans et est dans une forme éblouissante. Il se nomme Frank Bascombe, est d’humeur joyeuse et pétillante malgré les accidents de la vie et les deuils. Il est également le héros récurrent du grand auteur américain Richard Ford, donc il habite de toute sa personne « Le paradis des fous ». Bascombe a appris récemment que son fils Paul, 47 ans, est atteint d’un mal incurable, la maladie de Charcot. Alors, le père propose au fils un road trip en Amérique profonde qui les mènera, entre autres, du musée du maïs unique au monde ou d’un hôtel-casino indien aux effigies des « dead presidents » sculptées dans le mont Rushmore… Sera-ce leur dernier voyage, ensemble ? Peut-être… Eternel optimiste même si, septuagénaire, il commence à accuser des signes de faiblesse, Bascombe imagine que ce road trip le rapprochera- enfin- de son fils qu’il aime vraiment alors que, la mort approchant, il n’a jamais su le lui dire. Dans ce « Paradis des fous », Richard Ford écrit délicieusement sur l’instant présent, cet instant qu’ont décidé Frank Bascombe et son fils Paul de vivre pleinement. C’est toujours finement vu et exprimé sur la maladie, la vieillesse, la mort. C’est toujours écrit avec détachement, pudeur et sagesse…

Le paradis des fous
Auteur : Richard Ford
Traduction : Josée Kamoun
Editions : L’Olivier
384 pages
Prix : 24 €

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« Rien à déclarer » de Richard Ford : que des bonnes nouvelles !

Entre eux : Richard Ford, au nom du père

 

noaillesMARIE LAURE DE NOAILLES : « Journal d’un peintre »

Sur les hauteurs de Hyères (Var), il y a la villa Noailles, conçue par Charles et Marie Laure de Noailles et aujourd’hui musée. Le couple fut acteur important du mécénat au XXè siècle, mais pas que… Ainsi, Marie Laure de Noailles (31 octobre 1902- 29 janvier 1970), réputée vicomtesse déjantée dans le monde des arts et lettres parisiens, a aussi peint et écrit. L’an passé, l’éditeur Seghers a réédité « La Chambre des écureuils »- un roman aux accents autobiographiques écrit en 1946. Cette année, il poursuit en réunissant, en un recueil, deux textes : « Journal d’un peintre » et « Lettres provençales »- le premier a été publié en 1957, le second en 1966. Au fil des pages de ces essais littéraires basés sur des textes brefs, l’auteure se laisse aller avec brio à des réflexions sur des sujets et des thèmes qui lui tiennent autant à cœur, tels l’écriture, la vie, l’art, la création, la peinture, la musique… Prise de passion pour Hyères et la Provence, Marie Laure de Noailles développe, dans ces deux textes, histoires et mythologies provençales. Tant ce « Journal d’un peintre » que ces « Lettres provençales » prouvent que la vicomtesse née Bischoffsheim n’a pas seulement, avec son mari, encouragé les arts de son époque mais qu’elle a été aussi une écrivaine du meilleur niveau…

Journal d’un peintre
Auteure : Marie Laure de Noailles
Editions : Seghers
344 pages
Prix : 25 €


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