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« Cassius » de Catherine Locandro : gloire au boxeur qui volait comme un papillon…

cassiusPar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Ce pourrait être un avertissement. Ou un aveu. Ce sont simplement des mots de Mohamed Ali : « Je suis l’Amérique. Je suis cette partie du pays que vous ne voulez pas reconnaître. Mais habituez-vous à moi : noir, sûr de moi, présomptueux. La boxe, c’était juste pour me présenter au monde ». Des mots de Mohamed Ali (1942-2016) qui ouvrent « Cassius », le nouveau livre de Catherine Locandro, remarquée en 2014 pour « Clara la nuit ». Un bandeau qui ceint l’objet nous prévient : « le destin exceptionnel de Mohamed Ali ». L’auteure évoque, elle, une « biographie romancée » qui s’arrête quand le boxeur né Cassius Marcelius Clay Jr change d’identité en se convertissant à l’Islam- il a alors 22 ans, a été à 18 ans champion olympique dans la catégorie des poids mi-lourds en 1960 à Rome, vient d’infliger un KO à Sonny Liston le 25 mai 1965…

Publié dans la collection « Litt’ » destinée à la jeunesse, Cassius propose donc le portrait d’un des plus grands champions de l’Histoire du sport. Catherine Locandro avoue ne pas être « une grande spécialiste du sujet, mais j’ai regardé des combats, j’ai beaucoup aimé lire « De la boxe » de Joyce Carol Oates, et j’ai aussi apprécié quantité de films sur ce monde-là : « Raging Bull », le premier « Rocky », « Million dollar baby », « Fighter »… J’y trouve un intérêt esthétique, pour sa dimension spectaculaire et pour l’exaltation du courage des combattants. Lorsque j’ai pensé écrire sur Ali, le thème de la boxe me parlait déjà... » Sur près de 350 pages, défile alors la première vie du boxeur- la romancière a opté pour trois parties, trois séquences : Mama Bird, 1942-1954- « J’ai toujours pensé que Dieu avait fait de lui quelqu’un de spécial, mais j’ignore pourquoi j’ai été choisie pour être la mère de cet enfant ! » ; Rudy le frère, 1954-1960 : « Vous comprenez que votre frère est célèbre, et d’une façon qui va bien au-delà de la simple célébrité, lorsque votre propre identité est sacrifiée », et Angelo (Dundee) l’entraîneur, 1960-1964 : « Il était particulier. Vous savez, on est aussi bon que le talent avec qui on travaille. Mohamed m’a permis de briller ».
Dans cette « biographie romancée » où, assure l’auteure, tout est vrai avec le vrai Ali, il y a cette belle anecdote : la découverte de la boxe par l’adolescent. Il a alors 12 ans, on vient de lui voler son vélo, il va au commissariat, signale le vol et prévient le policier : « Si je retrouve celui qui m’a volé, je le frappe ». Sourire du policier aux mots du gamin tout frêle- il lui dit, en substance, que bâti comme il est, c’est lui qui se fera exploser. Mieux : le policier Joe Martin bricole aussi dans une salle de boxe et propose au jeune Cassius Clay d’y venir pour apprendre quelques rudiments de défense… Mais « Cassius » n’est pas seulement l’histoire des premières années sportives de celui qu’on surnommera « The Greatest », ce boxeur qui volait comme un papillon, piquait comme une guêpe, bondissait comme un tigre. « Cassius », sous la plume brillante et fine de Catherine Locandro, c’est aussi l’histoire des Etats-Unis des années 1950-1960 où le racisme à l’encontre de la communauté noire est une violence au quotidien. Peu après la mort du boxeur, Barack Obama, premier président noir des Etats-Unis, dira : « Mohamed Ali a secoué le monde. Et cela fut une bonne chose pour le monde. Et pour nous tous »…

Cassius
Auteur : Catherine Locandro
Editions : Albin Michel
Parution : 24 avril 2019
Prix : 15 €

Extrait: 

« Dans la rue aussi, Cassius assure la publicité de son match. Il n’hésite pas à arrêter les passants.
-C’est trop injuste pour vous de ne rien pouvoir lire sur le grand Cassius Clay et son prochain triomphe !
D’abord surpris, les gens sont amusés et très vite conquis par ce jeune homme aussi charmeur que vantard, que la plupart reconnaissent. Et les efforts de Cassius sont payants : en, quelques jours, le Madison Square Garden affiche complet ! »

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