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« White » de Bret Easton Ellis : éloge du mauvais esprit…

  • Écrit par : Serge Bressan

brestPar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Il trimballe une drôle de réputation. Celle, tout simplement, de l’écrivain américain contemporain « le plus sulfureux ». Et voilà qu’après neuf ans de silence éditorial et « Suite(s) impériale(s) », à 55 ans, Bret Easton Ellis est de retour. Non pas avec un roman, mais avec « White », un essai qui flotte entre confession et réflexions sur l’époque, une époque qui couvre ces cinquante dernières années. Un essai qui fait polémique et honore le mauvais esprit. Ces derniers temps, « BEE » avait pris ses distances avec la littérature, il gambadait allègrement entre tweets, podcasts ou encore scénarios pour série télé. Lui qui avait marqué les années 1980-90 avec « Moins que zéro » (1986) et « American Psycho » (1992), il n’éprouvait plus d’envie pour le roman. La fiction ne l’intéressant plus guère, est-il pour autant devenu penseur ?

Avec « White » (qui, au départ, était titré « White Privileged Man », « l’homme blanc privilégié »), il analyse le temps présent, l’histoire immédiate, son homosexualité, plonge tout aussi bien dans son œuvre qu’il cible les « millenials », ces jeunes né(e)s entre 1980 et 2000 et qu’il qualifie de « génération chochotte », lui qui avait inventé, dans les années 1980, le concept de la génération X. A sa sortie outre-Atlantique, « White » a été mal accueilli par la critique- et c’est peu de le dire quand on lit l’interview (à charge) qu’il a accordée au magazine « The New Yorker ». Bret Easton Ellis, avouons-le, n’est pas toujours clair dans ses propos et ses développements. Continue-t-il à jouer au sale gosse de la littérature américaine, comme au temps de la parution de « Moins que zéro » et du « Brat Pack », ce groupe de golden boys écrivains et chenapans qu’il fréquentait avec, entre autres, Jay McInerney ? Encore et toujours, « BEE » n’apprécie rien de plus que pratiquer le mauvais esprit, que s’en prendre à ce « politiquement correct » qui annihile toute création artistique- ce qui lui fait affirmer que, aujourd’hui dans ce climat policé, il serait impossible de publier « American Psycho »…
Accusé des pires maux de la terre, l’écrivain américain a répondu : « Je ne suis ni misogyne ni raciste ». Il a également affirmé : « J’ai passé ma carrière à me moquer de l’homme blanc privilégié », regretté aussi : « Je ne suis même plus invité aux soirées », lancé : « ‘’Harry Potter’’, c’est de la daube ! », et assuré : « Défendre la liberté, ça devient difficile »… Certes, dans cet essai qu’est « White », il y a de belles pages comme celles sur l’enfance de « BEE » ou l’écriture, mais la clarté n’est pas évidente sur certains autres sujets comme Donald Trump. A Bret Easton Ellis, il est reproché le flou qu’il entretiendrait sur le cas du Président des Etats-Unis- même s’il confie : « Je suis plutôt démocrate… », avant d’ajouter : « …et j’ai accepté ce qui s’est passé… Je me retrouve à défendre la démocratie et la voix populaire : personne n’a forcé les gens à voter pour Trump »… Et d’annoncer qu’il va revenir au roman… « quand j’arriverai à en écrire un rapidement ! »

White
Auteur : Bret Easton Ellis
Editions : Robert Laffont
Parution : 2 mai 2019
Prix : 21,50 €

[bt_quote style="default" width="0"]Si vous aviez lu le livre attentivement et si vous aviez un sens de la géographie de Manhattan, vous saviez que l'appartement de l'Upper West Side, élégant et minimaliste, de Bateman avait une adresse imaginaire, et cela avait toujours été pour moi une façon de suggérer que Bateman n'était pas nécessairement un narrateur fiable et qu'il était peut-être en fait un fantôme, une idée, un résumé des valeurs de cette décennie particulière, filtré à travers ma propre sensibilité littéraire : riche, très bien habillé, invraisemblablement soigné et beau, dépourvu de moralité, totalement isolé et rempli de rage, un mannequin, jeune, désorienté, espérant que quelqu'un, n'importe qui, le sauve de lui-même.[/bt_quote]


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