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Tous les artistes ont un secret : Chevalier Percival tente de percer le secret d'Everett

tout ce bleuPar Guillaume Chérel - Lagrandeparade.com/ Les écrivains (romanciers) sont fascinés par la peinture. Comme si c'était l'art ultime, indépassable. Les écrivains américains, en particulier, comme le fut Ernest Hemingway, sont fascinés non seulement par l'art pictural, donc par la capitale Française et ses musées. Percival Everett perpétue la tradition, avec Tout ce bleu (So much blue), en imaginant l'histoire de cet artiste peintre, noir américain, Kevin Pace (pas Spacey, non) qui, la soixantaine passée, part sur les pas de son passé, et de ses lourds secrets. Passage obligé à Paris, la ville de l'amour romantique (et des croissants...), où il séduit une jeune française, en pamoison devant son talent, qu'il lâche comme une vieille chaussette, en retournant au bercail, terminer sa vie avec une compatriote (qu'il confesse n'avoir jamais aimé). On a connu Percival Everett plus inspiré. Il tombe dans le piège des clichés sur Paris, sous la pluie, où il ne semble n'y avoir rien d'autre à faire que de d'aller de musée en musée, ou de galerie d'art en galerie d'art (ou manger des croissants sur un banc... quand il ne pleut pas !). Le projet, comme pour tous les romans de Percival Everett, était pourtant ambitieux.

Il dépeint un artiste à travers trois phases décisives de sa vie d'homme, trois périodes-clés : son passé au Salvador (1979), pendant la guerre civile; son foyer, « La maison » (Boston, USA), et Paris de nos jours. Le bleu, symbole de sérénité, voire de vérité, ne pouvait qu'inspirer un homme en quête de lui-même : « Personne ne détestait le bleu. Couleur de la confiance, de la loyauté. Le bleu n'était pas mien », avoue d'emblée Kevin. « Un tableau comporte de nombreuses surfaces. »Il en va de même d'une vie. Il se consacre depuis plusieurs années à un tableau, très grand format, qu'il dissimule jalousement aux regards de tous, gardant le secret sur son avancée. Tout ce bleu est le roman des secrets, on l'aura compris. Ceux que l'on emporte dans la tombe. Ceux que l'on partage (avec une amante à Paris), ou qui taraudent et finissent par ressurgir en famille, lorsque le poids est trop lourd à porter. L'homme Kevins Space a failli se suicider, il boit, pleure à la première occasion. Même son mariage est bâti sur un mensonge. Il continue de mentir à sa femme, à Paris. Il n'y a qu'à la jeune parisienne tombée amoureuse de l'artiste qu'il ne ment pas.

Percival Everett a tenté de percer le secret de la création artistique, en décrivant les tréfonds d'un peintre en proie avec ses démons (la mort est l'enjeu). Mais la mayonnaise ne prend pas. Ça commence fort (sa description d'une toile), puis il y a une rupture de rythme. Le changement d'époque, et de lieu, toutes les vingt pages n'arrange rien. Percival Everett a publié de très bons romans avant celui-ci. Gageons qu'il en écrira d'autres tout aussi excellents. Vivement le prochain !

Tout ce bleu
Editions : Actes-Sud
Auteur : Percival Everett, traduit de l'anglais (américain) par Anne-Laure Tissut
332 pages
Prix : 22, 50 €
Parution : 9 octobre 2019

Le blog de Guillaume Chérel 

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