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La poupée sanglante : une très belle comédie musicale

  • Écrit par : Xavier Paquet

poupée sanglantePar Xavier Paquet - Lagrandeparade.fr/ 1923. Plongée au cœur du Paris des années folles. Sur l’île St Louis, des femmes disparaissent mystérieusement, laissant planer la menace d’un tueur en série rodant dans la capitale. Dans cette ambiance pesante, Christine, fille d’un horloger mariée au savant Jacques Cotentin, ne se satisfait plus de Gabriel, son automate mécanique aux allures humaines dont elle se lasse du manque d’âme. Ce manège est observé depuis sa fenêtre par Benedict, relieur à l’esprit fin et sensible et à la laideur repoussante, qui n’ose approcher les femmes....jusqu’à ce que Christine lui propose de venir travailler avec lui : Benedict se retrouve alors précipité dans une fresque dont il va être l’acteur mais aussi la victime. Au gré de rebondissements multiples, parmi les vampires, savants, jeunes femmes et marquis, cet homme, qui se meurt d’amour, est il un ange romantique ou un démon psychotique ?

Adaptée du roman fantastique de Gaston Leroux, et contrairement à ce que l’affiche sanguinolente peut laisser penser, cette pièce est bien une comédie musicale. Son séquençage, entrecoupé de passages narratifs, fait écho à sa parution d’époque sous forme de feuilletons. La scénographie est épurée, peu de décors, quelques accessoires permettant aux comédiens de changer de rôle et d’interpréter à eux trois un total de 15 personnages. Ce choix de mise en scène, renforcé par les jeux de lumière, permet de mettre en avant la richesse de l’écriture, dont la fluidité de texte donne vie aux personnages et laisse tout le talent des comédiens. Et du talent ils en ont pour interpréter leurs personnages étranges et attachants, accompagnés au piano par des airs d’opérette et de cabaret! Leur prestation technique nous entraîne dans leur monde avec une jolie preuve de partage et de don de soi.
Le mystère et la frayeur des situations sont contrebalancés par le chant et l’humour comme pour mieux souligner les invraisemblances d’une époque entre folie, désespoir et mort. Les apparences sont trompeuses et la pièce nous le montre entre romantisme et épouvante. Rendant hommage au génie de l’écriture qu’était Leroux, cette sublime comédie musicale dépoussière et rhabille la science-fiction sous un prétexte scientifique caricaturé par l’automate Gabriel . Et si, finalement, le progrès rendait fou ?

La poupée sanglante d'après l'oeuvre de Gaston Leroux

Auteur : Didier Bailly et Eric Chantelauze
Artistes : Charlotte Ruby, Didier Bailly, Alexandre Jérôme, Edouard Thiebaut
Metteur en scène : Eric Chantelauze

- Du 14 juillet au 3 septembre 2016 au Théâtre de la Huchette ( 23 Rue de la Huchette, 75005 Paris)

- Le 1er août à 20h45 dans les Jardins des Enfeus - 66ème Festival des Jeux du Théâtre de Sarlat ( Périgord)

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