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Anna Karénine : Golshifteh Farahani, une étoile à la croisée des orients, russe et perse

  • Écrit par : Philippe Delhumeau

Anna KaréninePar Philippe Delhumeau - Lagrandeparade.fr/ Anna Karénine, le chef-d’œuvre littéraire de Tolstoï adapté dans la mise en scène de Gaëtan Vassart, emporte le théâtre dans une dimension qui n’appartient plus au temps, mais au présent.

La salle comble du Théâtre de la Tempête retient son souffle ce soir de première d’Anna Karénine. Silence cathédrale. La scénographie conçue par Mathieu Lorry-Dupuy est superbe : l’esthétique s’associe à la matière des éléments composant le décor, un lustre suspendu en fer forgé à bougies, la qualité des voilages dressés de part en part de la scène, le design de l’appartement de Daria Alexandrovna Oblonska. Les costumes de toute beauté créés par Stéphanie Coudert annoncent la nature et la condition sociale des personnages qui les portent avec l’élégance et la rigueur de circonstance. Les techniciens en coulisse sont à citer, chacun dans son domaine contribue à la réussite scénique d’Anna Karénine.
La mise en scène de Gaëtan Vassart s’ouvre page à page sur le roman de l’auteur éponyme. Les amours contrariées de Daria brettent le fer rouge contre la damnation charnelle de Stepan Oblonski, son époux, qui s’éprend aisément de femmes jeunes et mûries par le désir.
Le romantisme de Tolstoï révèle une écriture qui délie la raison amoureuse en fantasme, influence les pulsions en obsession, essouffle les passions en abandon. La libéralisation économique de la Russie intensifie la fracture sociale entre les gens de bien et le petit peuple.
La narration se poursuit avec l’arrivée en gare d’Anna Karénine, sœur de Stépan, épouse d’Alexis Karénine et mère de Sergueï. Anna Karénine incarne l’idéal féminin, une plastique mythologique, la pureté à fleur de visage, la sincérité dans la profondeur du regard, la fidélité en amour, l’assurance dans la confidence. Soumise à son mari, elle aspire à vivre libre tout en entourant d’un amour maternel son fils, Sergueï. La rencontre avec l’officier, Alexis Kirillovitch Vronski, laissera poindre des sentiments inattendus. Les amants s’aiment d’un amour qui n’entend plus la raison, mais la passion. Le mari d’Anna ne supportant plus les égards de son épouse la congédie de la maison.
L’histoire monte en puissance et, de facto, la littéralité russe étale ses plus belles lettres dans une écriture qui introduit l’intrigue en tragédie humaine.
Golshifteh Farahani, Émeline Bayart, Xavier Boiffier, Sabrina Kouroughli, Xavier Legrand, Manon Rousselle, Igor Skreblin, Stanislas Stanic, Alexandre Steiger prennent possession de leur personnage respectif avec une aisance personnelle qui lie l’artiste à l’auteur. Le texte est restitué avec autorité et liberté. Les déplacements sont mesurés, la gestuelle est rythmée au ton donné. Les comédiens imposent une présence physique généreuse et expressive. La clandestinité amoureuse des amants prolonge la volonté de se montrer au grand jour. Les déceptions de Daria désenchantent Stepan et emportent le couple vers un point de non-retour. Kitty, la sœur de Daria, a l’âme fleur bleue, ses sentiments oscillent entre Constantin Lévine et Alexis Vronski, déjà courtisé par Anna Karénine.
Gaëtan Vassart impose une mise en scène respectueuse de l’œuvre de Tolstoï. Le  théâtre s’empare d’un chef d’œuvre de la littérature russe, le metteur en scène rentre de corps dans la ligne de fuite de l’esprit de l’auteur et des personnages.
La féminité est subtilement valorisée dans le jeu de Golshifteh Farahani, Anna Karénine. Golshifteh Farahani, la rencontre avec une étoile à la croisée des orients, russe et perse. La comédienne marque Anna Karénine par son interprétation ô combien magnifique. Le public a été séduit et conquis. Émeline Bayart excelle dans le registre de la femme affligée. Alexandre Steiger est convaincant dans le personnage de Stepan, homme à femmes. Sabrina Kouroughli, une jeune femme élégante et romantique à souhait. Manon Rousselle dans le rôle de Maria, une jolie comédienne à découvrir.
Anna Karénine de Gaëtan Vassart et Golshifteh Farahani, Émeline Bayart, Xavier Boiffier, Sabrina Kouroughli, Xavier Legrand, Manon Rousselle, Igor Skreblin, Stanislas Stanic, Alexandre Steiger, un chapitre supplémentaire qui s’inscrit en épilogue du chef d’œuvre de Tolstoï à voir au Théâtre de la Tempête.

Anna Karénine
D’après Léon Tolstoï
Adaptation et mise en scène Gaëtan Vassart
Avec Golshifteh Farahani, Émeline Bayart, Xavier Boiffier, Sabrina Kouroughli, Xavier Legrand, Manon Rousselle, Igor Skreblin, Stanislas Stanic, Alexandre Steiger.

Création lumières : Olivier Oudiou / Son : David Geffard / Vidéo : Gaëtan Vassart et Diego Governatori / Chorégraphie : Cécile Bon / Collaboration artistique : Laure Roldan / Régie générale : Sébastien Lemarchand.

Durée 2h15

Dates et lieux de représentation:

- Du 12 mai au 12 juin 2016 Au Théâtre de la Tempête ( Cartoucherie, Route Du Champ de Manoeuvre, 75012 Paris )
- Du 17 au 19 novembre 2016 au Théâtre National de Nice

 

 

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