Menu

Woyzeck : la mise en scène schizophrène troublante d'Eram Sobhani

  • Écrit par : Elsa Reynal

Woyzeck Par Elsa Reynal - Lagrandeparade.fr/ Les histoires d’amour finissent mal. C’est un fait… du moins pour Woyzeck. Dans cette pièce inachevée sur fond de misère sociale en Allemagne, Georg Büchner s’inspire librement d’un fait divers du XIXème, et dépeint l’histoire d’un soldat –Woyzeck- qui, pour arrondir ses fins de mois, sert de cobaye à un médecin peu scrupuleux. Après son traitement de choc (il est nourri exclusivement de pois), la folie s’empare peu à peu de lui. Alors, quand il surprend sa femme, prostituée, qui fréquente un tambour-major, l’inévitable se produit…

Ce drame fragmentaire et décousu est souvent considéré comme l’une des premières pièces modernes. Jamais achevé par son auteur - un soldat allemand décédé en 1837 -, ce texte, empreint de mystère, intrigue.

Le rideau s’ouvre. Nous suivons pas à pas la descente aux enfers de Woyzeck, de ses consultations humiliantes à la découverte de l’adultère. La tension monte. Un flûtiste rythme habilement la pièce : des sons tantôt stridents tantôt mélodieux exacerbent nos émotions. L’Homme flirte avec l’animalité. Toutes les barrières s’écroulent une à une jusqu’au meurtre de sa femme, Marie, dans une scène époustouflante. Les cris fusent, les corps s’entremêlent, les lumières se tamisent. Le malaise est palpable dans la salle. La mise en scène dépouillée (un simple tapis de sable et des arceaux) accentue cette sensation de folie, de pertes de repères tandis que l’acteur qui incarne Wokzeck, magistral, occupe la scène par sa présence et nous transporte dans les pérégrinations intimes du personnage. Entre les scènes de folie, des tableaux oniriques se mettent en place, véritables bouffées d’oxygène. Les acteurs deviennent alors danseurs, chanteurs (avec plus ou moins de succès), et surtout acrobates. Un jeu de mime s’instaure, les protagonistes se transforment en bêtes, les corps se détendent. On se relâche. Et c’est là que la magie opère : le jeu des lumières nous transporte, tandis que les acteurs virevoltent et se cabrent à tour de rôle sur les arceaux.

Cette mise en scène schizophrène finit de nous désorienter. On aime ? On déteste ? Même nos sentiments sont indéfinissables. Une chose est sûre, ce spectacle dérange. Mais n’est-ce pas là le but recherché ? Plonger tête baissée dans la démence du personnage, sans retenue ?

{module Woyzeck}

Woyzeck
De Georg Büchner
Mise en scène : Eram Sobhani
Assistant à la mise en scène :Corentin Le Bras
Avec Olav Benestvedt, Vincent Brunol, Emilia Giudicelli, Céline Laurentie, Corentin Le Bras, Edouard Liotard Khouri-Haddad, Yuta Masuda, Santiago Montequin, Eram Sobhani
Création lumière : Julien Kosellek
Production La nouvelle Compagnie - En coréalisation avec L’étoile du nord

Dates des représentations :

- Du 4 au 26 mars 2016 à l'Etoile du Nord ( 16 rue Georgette Agutte, 75018 Paris )

[bt_vimeo url="https://vimeo.com/155395677" width="600" height="400" responsive="yes" autoplay="no"][/bt_vimeo]

 


À propos

Les Categories

Les bonus de Monsieur Loyal