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Rodolphe Sand : le Billy Elliot français, gay et assumé

Rodolphe SandPar Guillaume Chérel - Lagrandeparade.fr/  « Tout en finesse » résume bien le spectacle dansé de Rodolphe Sand. A la fois trash, sexuellement dirigé, avec des jokes d’humour gay-friendly(l’humour lesbien n’existe pas, dixit…), et d’une grande sensibilité. Déjà, il faut en avoir, comme on dit vulgairement, pour danser en tutu rose à deux mètres à peine des spectateurs, quand on pèse un bon quintal !

D’ailleurs, comment peut-on danser quand on est gros ? Comment peut-on avoir des enfants quand on est homo ? Comment se détendre devant un film récompensé au festival de Cannes ? Autant de questions auxquelles Rodolphe Sand tente de répondre dans ce One Man Show aux allures de coming-out décoiffant. Parfois hilarant, souvent grinçant. Car, au-delà des préjugés et de la bien-pensance, Rodolphe nous communique son envie de liberté. On comprend que c’est autobiographique quand il campe son grand-père péquenot mais plutôt ouvert sur la question. Ou sur cette mère porteuse d’une vulgarité sans nom. Et peut-être que certaines femmes homosexuelles trouveront que son sketch sur la camionneuse lesbienne, plus virile que lui, va trop loin. Alors que Josiane Balasko avait déjà défriché le terrain, si l’on peut dire, dans « Gazon maudit ». Mais franchement, c’est drôle.  Notamment quand il demande à l’éclairagiste d’allumer la salle pour prouver au public qu’il détient un super pouvoir : le « détecteur de gay » : rire jaune dans l’assemblée : « « Toi, non, mais tu devrais essayer ! », « Vous je ne vous pose même pas la question : je passe pour hétéro à vos côtés… ». La suite à l’avenant. Le clou du spectacle étant, outre l’introduction dansée (car il danse bien le bougre ! avec pointes et jetés…) ce moment de « détente » lorsqu’il loue un film primé au Festival de cannes, pour ne pas « prendre de risque », et qu’il manque de se tirer une balle tellement c’est déprimant. Et tellement vrai.

Pour la petite historie, après une triple formation en lettres, en danse (ENSM) et en théâtre à l'école de la rue blanche et au Cours Florent, Rodolphe Sand a commencé une carrière de danseur à l'opéra d'Oslo). De retour en France, il s’est spécialisé dans le théâtre de boulevard, et la comédie en général. Il a été et l'assistant du regretté Pierre Mondy, notamment dans « Oscar », au théâtre des Variétés et de Jean-Marie Poiré. La grande aventure a commencé avec la signature de plusieurs mises en scène, dont celles de « Célibataires », ou de « Tout le plaisir est pour nous », avec Virginie Lemoine et Laurence Badie ; et surtout de nombreuses interprétations remarquées en tant que comédien dans les gros succès « Le tour du monde en 80 jours », « Mission Florimont », et « Dernier coup de ciseaux ». Dans la petite salle de la Comédie des Boulevards, grande comme un boudoir, à Paris, il se livre quasiment à nu. Osons écrire qu’il possède sans doute les plus beaux mollets de France et de Navarre, ainsi qu’une voix de stentor à faire vibrer les murs. On aimerait le voir dans un rôle plus dramatique, car ses yeux reflètent une grande sensibilité. De danseur classique, la tête (moderne) dans les étoiles… Pas étonnant qu’il ait un désir de paternité. Cet homme (hédoniste, fêtard, et « légèrement enveloppé ») sait partager son amour de la vie.

Tout en finesse de Rodolphe Sand

Mise en scène : Anne Bouvier

à la Comédie des Boulevards, les samedis à 16 h, les dimanches et lundis à 20 h, le mardi à 21 h 30.

33, rue du Sentier – 75002 Paris / Téléphone :01 42 36 85 24

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