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Les vagues : La perte d’un espoir ou l’envol d’un rêve. Noir.

theatrePar Xavier Paquet - Lagrandeparade.com/ Noir. Une table recouverte d’une nappe blanche, deux chaises et un bulletin météo audio diffusé. Bernard déambule, carnet à la main et s’exclame avec poésie pendant que dans la pénombre, les autres personnages rentrent. Il énumère un par an ses cinq amis, éclairés par un halo : la lumière de leur présence et la noirceur de leurs tourments se mélangent. Entrée en matière pour une plongée dans les profondeurs de l’âme. Six amis qui se sont perdus de vue depuis des années se revoient à l’enterrement de Perceval, leur compagnon de route. Ils se revoient mais ne se parlent pas. Chacun s’exprime à tour de rôle et a son moment pour faire rejaillir sa douleur, la tristesse de la perte de cet être cher mais surtout la nostalgie de soi-même et la disparition d’une partie de son âme d’enfant. Chacun a un caractère différent (le poète rêveur, la femme pleine de vie, la désabusée, la dépressive, la mère de famille, le cadre conventionnel) et tous voient exploser leur visage de façade ou leur statut social. En six tableaux distincts, chaque personnage déclame son mal-être, ses sensations physiques et sonores, les blessures qui rejaillissent : tout ce qui est enfouit ressort et les touche dans l’instant présent. Aucun ne s’adresse aux autres : ce sont des monologues intérieurs qui s’exposent, des consciences qui s’éveillent et se parlent avec mélancolie, nostalgie et tendresse. Chacun raconte la solitude de l’éloignement, la vague du souvenir qui s’efface et en modifie la réalité et la perte de leur insouciance d’enfant. Il y a beaucoup d’organique dans la pièce : le non verbal est très présent et la seule réponse aux tourments. Les corps se déploient, se martyrisent, les vêtements s’enlèvent parfois pour ôter la couche superficielle qui leur colle à la peau. Les corps et les âmes implosent mais pas le verbe : la parole reste posée quand leur corps, leur attitude s’expriment avec violence. Cette pièce contemporaine et novatrice se révèle originale par son traité narratif et par sa mise en scène audacieuse où l’action est rare et le silence imposant. Elle est esthétique par les codes qu’elles empruntent au cinéma avec ses tableaux et un travail juste et précis sur les lumières claires obscures. Elle est dérangeante car élitiste et réservée aux connaisseurs de théâtre. Mais elle est intéressante car elle déboussole comme le sont ces six personnages en quête de sens qui subissent leur vie et cachent leur état d’âme. Perceval n’apparaît jamais mais il est au cœur de tout : et si finalement il n’était pas une partie de nous ? Explorer le mystère de ce qui est mort en nous et de notre rapport au monde ? La mort comme symbole d’un renoncement à un idéal personnel et intérieur, la perte d’un espoir ou l’envol d’un rêve. Noir.

Les vagues
D’après Les Vagues de Virginia Woolf
De Georgia Azoulay
Mise en scène Georgia Azoulay
Jeu Théophile Charenat, Alexandra d’Hérouville, Thomas Ducasse, Marie Guignard, Laura Mélinand et Pénélope Levy
Conseiller artistique et technique Jim Thomasson
Communication Nina Azoulay

Dates et lieux des représentations:
- Jusqu’au 27 septembre au Théâtre de Belleville ( 94 Rue du Faubourg du Temple, 75011 Paris) - Téléphone : 01 48 06 72 34

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