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Final Cut : sous le poids des non-dits, une histoire gravée en miroir de l’Histoire

final cutPar Julie Cadilhac - Lagrandeparade.com/ Myriam Saduis devrait se nommer Myriam Saâdaoui...mais ça, c'est une longue histoire...

Au moment de l’Indépendance de la Tunisie, sa mère, d’origine italienne, fille de colons...et tout juste majeure, s’éprend d’un tunisien de 12 ans son aîné. Déflagration. Amour passionnel puis séparation brutale sous diverses pressions qu’il faudra exhumer au fur et à mesure de la psychanalyse que suivra sa fille et l'enquête personnelle qu'elle mènera de front.
L’histoire commence « comme un roman de Marguerite Duras ». D’ailleurs Myriam aime bien user de comparaisons livresques. « Les livres sont (ses) identités remarquables. » La littérature est assurément une échappatoire utile dans un quotidien où il faut très vite apprendre à gérer les humeurs incontrôlables d’une mère paranoïaque - mais qui ne suivra jamais un traitement car ne sera diagnostiquée telle qu’à la toute fin de sa vie - et le mystère d’un père jamais rencontré et soigneusement éloigné du foyer.
Myriam Séduis nous invite à une sorte de conférence où l’autobiographie se mêle à l’Histoire, l’auto-dérision à la psychanalyse pour témoigner d’une histoire singulière bouleversée par les évènements du monde dans lequel elle se jouait.
Sur le plateau, avec une table, une chaise et quelques accessoires, elle invoque des souvenirs, n’hésitant pas, par moments, en contrepoint évocateur, à faire projeter des images en noir et blanc d’une Histoire inscrite dans un racisme ordinaire qui a encore aujourd’hui la dent dure.
Derrière le portrait en action d’une mère, celui d’un père que l’on s’est efforcé à effacer…Pourtant, même si l’on s’imagine que « tout est réglé », la vie se charge sans cesse de faire ressurgir des fantômes qui ont tout de même des choses à dire….
Final Cut, c’est « la petite histoire chargée d’Histoire » qui rappelle, encore et encore, que la question de l’identité nous taraude tous autant que nous sommes et qu’une mécanique déréglée empêche toute construction possible. La comédienne séduit par sa personnalité placide qui sait toutefois user à bon escient, ça et là, de commentaires ironiques et on écoute avec intérêt le long chemin qu’il a fallu remonter de la Tunisie à la France pour tenter de réparer les blessures ouvertes que provoquent les postures impérialistes, les totalitarismes de famille et les manquements humains.
Un beau travail sur la mémoire et sur le passé…que l’on découvre avec la même émotion qu’un vieux négatif en noir et blanc retrouvé dans un tiroir pas si fortuit…

[bt_quote style="default" width="0"]Géographiquement et politiquement, il n’y avait plus de territoire possible pour eux.[/bt_quote]

Final Cut
De : Myriam Saduis
Interprète(s) : Myriam Saduis, Pierre Verplancken
Eclairagiste : Nicolas Marty
Ingénieur son : Florent Arsac
COMPAGNIE DÉFILÉ
COPRODUCTION : THÉÂTRE OCÉAN NORD

Dates et lieux des représentations:
- À 18H10 : DU 5 AU 25 JUILLET 2019 - RELÂCHES : 11, 18 JUILLET - à la MANUFACTURE (2 bis, rue des écoles, 84000 - Avignon)
- Du mer. 09/10/19 au jeu. 10/10/19 au Centre Wallonie Bruxelles - Paris - En partenariat avec Défilé Asbl Tel. +33 (0)1 53 01 96 96

- 15 novembre 2023 - Le Safran, Amiens
- Décembre 2023 - Journées Théâtrales de Carthage (Tunisie)
- 3 et 4 mai 2023 - CCAM, Centre Culturel André Malraux, Scène Nationale Vandoeuvre-Les-Nancy
- Du 23 au 27 Mai 2023 - ATJV, Théâtre Jean Vilar, Louvain-La-Neuve (Belgique) 

final cut

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