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Le prince travesti d’Yves Beaunesne : une comédie romanesque aux rôles féminins fort attrayants

princePar Julie Cadilhac - Lagrandeparade.com/ Barcelone, époque incertaine. Deux princes déguisés souhaitant dissimuler un temps leur identité. Le premier, le Prince d’Aragon, sous le nom de Lélio, a fait gagner une bataille à la princesse souveraine de Barcelone qui est tombée amoureuse de lui. Quand on vient la demander en mariage, elle le charge de faire la réponse à l’ambassadeur, espérant secrètement qu'elle sera négative. N’osant lui avouer sa flamme, elle demande à une jeune parente, Hortense, de jouer les intermédiaires mais le destin en a voulu autrement et Lélio, qui avait déjà croisé le regard d’Hortense, lui déclare dès leur première entrevue ses sentiments passionnés. Une lettre compromettante s’égare en chemin : Arlequin, fort dévoué à son maître mais attiré par l’argent, se laisse convaincre par Frédéric, ministre de la princesse, de lui rapporter ce que dit son maître. Arlequin empoche l’argent, mais ensuite refuse d’espionner. Une certaine Lisette entre en scène qui lui promet de l’aimer s’il veut faire ce qu’on lui demande. Arlequin décide d’aller trouver son maître et de s’informer si ça ne le contrariera pas d’être espionné….Tout cela, après de nombreuses péripéties, s’achèvant sur un double mariage, la Princesse de Barcelone finissant par épouser le roi de Castille et Hortense, Lélio.

Ecouter la prose inspirée de Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux est toujours une récréation délicieuse. Grand expert de la thématique du travestissement comme outil dramaturgique, il multiplie à plaisir les scènes où la confusion règne, les esprits s’échauffent par manque d’information et les quiproquos se multiplient à l’envi!

[bt_quote style="default" width="0" author="Marivaux, Le prince travesti"]Avec deux yeux, ne dit-on pas ce que l’on veut?[/bt_quote]

Une scénographie élégante de Damien Caille-Perret dans laquelle un immense escalier surmonte un salon privé où repose dans un coin un piano sur le dos duquel l’on expose des dizaines de cadres-photos et parfois dont les cordes frappées viendront égrener quelques notes mélancoliques pour accompagner un chant ou une émotion de plateau. Une mise en scène qui respecte l’esprit marivaudien, jouant sur l’influence italienne de la commedia dell’arte avec un Arlequin farceur, plein de pitreries et qui tourne toujours autour du pot, se délectant de ces jeux de dupes qui permettent de faire tomber les masques, amenant des minutes où les rôles sont renversés et les maîtres menés par le bout du nez par leurs serviteurs et rendant hommage par une diction fluide et travaillée au texte délicieux de subtilités.
Les comédiennes de cette création sont délicieuses ; Elsa Guedj est géniale en Hortense ; son timbre de voix enfantin auquel s’ajoute un jeu sincère en font une comédienne que l’on prend plaisir à écouter ! Marine Sylf en est le contrepoint efficace…et séduisant. Johanna Bonnet, enfin, s’avère une Lisette désopilante de charme…et de poigne, alter-ego dynamique et pétillant d’Arlequin ( pertinemment joué par Thomas Condemine). Nicolas Avinée et Pierre Ostoya Magnin troublent par leurs ressemblances physiques et leur jeu retenu. Tous deux princes de cette pièce, ils apportent avec efficacité la note mystérieuse que leur confère leur rôle. Jean-Claude Drouot en Frédéric convainc, étourdi par la vivacité et l’impétuosité de cette jeunesse en devenir.

Aller voir le Prince Travesti c’est jouir des réflexions de Marivaux sur l’amour et ses caprices, Amour incontrôlable, Amour impossible, Amour vite dissipé, Amour contrarié et jaloux…C’est observer le contraste des préoccupations entre les puissants et les indigents…et entendre avec plaisir la philosophie éclairée d’un dramaturge qui rappelle que ce n’est pas le rang qu’il faut respecter mais les valeurs portées par l’individu. Un moment de théâtre fort plaisant que nous vous recommandons vivement!

[bt_quote style="default" width="0" author="Marivaux, Le prince travesti"]Toutes les actions sont généreuses quand elles tendent au bien général.[/bt_quote]

LE PRINCE TRAVESTI

Texte de  Marivaux

mise en scène : Yves Beaunesne

Dramaturgie: Marion Bernède
Assistant(e) à la mise en scène : Pauline Buffet & Marie Clavaguera-Pratx
Scénographie : Damien Caille-Perret
Création lumières : Joël Hourbeigt
Musique : Camille Rocailleux
Maquillage : Kuno Schlegelmilch
Création costumes : Jean-Daniel Vuillermoz

Avec : Nicolas Avinée, Johanna Bonnet, Thomas Condemine, Jean-Claude Drouot, Elsa Guedj, Valentin Lambert, Pierre Ostoya Magnin, Marine Sylf

Dates et lieux des représentations:
- Le 21 mars 2019 au Théâtre Jacques Coeur - Lattes ( 1050 Avenue Léonard de Vinci, 34970 Lattes - Téléphone : 04 99 52 95 00 )
- Du jeu. 28/03/19 au ven. 29/03/19 au Grand théâtre de Calais
- Le 04/04/2019 à Nevers - MCNA- Tel. +33 (0)3 86 93 09 09

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