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Oncle Vania fait les trois-huit : au cœur du théâtre se cache l’utopie… Une pièce à ne pas manquer !

oncle vaniaPar Sylvie Gagnère - Lagrandeparade.com/ Jacques Hadjaje et la compagnie des Camerluches ("camarade, compagnon, complice" en argot) nous entraînent dans une petite ville du Limousin, tout entière centrée autour de l’Usine, celle de Dieuleveut, qui fabrique des robinets. Depuis plusieurs générations, la majorité des habitants de la région y bossent, souvent de parents en enfants.  

Sur scène, une troupe de comédiens amateurs, qui, pendant un an, va répéter Oncle Vania de Tchekhov pour la traditionnelle représentation de fin d’année, à l’usine où tous, ouvriers et cadres, travaillent. La crise survient, avec son lot de réunions en Suisse, l’arrivée d’actionnaires, la transformation d’une boîte familiale en groupe international qui se fournit en Chine. L’entreprise est ébranlée, sa survie menacée. La pièce suit ces hommes et ces femmes bouleversés par des changements qu’ils ne maîtrisent pas, par l’effondrement du seul univers qu’ils ont jamais connu (et leurs parents avant eux).

Comme en écho à l’œuvre de Tchekov qui raconte la fin d’un monde, Oncle Vania fait les trois-huit, parle aussi d’un effondrement, de la perte de repères qu’imposent la mondialisation et son cortège de bouleversements. Au cœur de cette aventure, des ouvrier ·e·s, une cadre, un prêtre-ouvrier, leur vie à l’usine, autour de l’usine, et puis, la « vraie vie », les divorces, les enfants, la solitude, les beaux moments, l’amour, l’amitié… En creux, une interrogation : lorsque tout s’écroule, faire du théâtre a-t-il encore un sens ? L’Art est-il un luxe inutile, ou un moyen de continuer à exister et à rêver ?

Les dialogues sont remarquables, très réalistes et vivants, avec de jolies pointes d’humour qui positionnent le spectacle loin de tout misérabilisme.
La pièce est servie par une troupe de comédiens formidables, toujours justes, qui offrent à leurs personnages une énergie et un enthousiasme communicatif. Parce que ces gens-là sont attachants, généreux, inquiets, fatigués, chiants, s’engueulent, se réconcilient, se soutiennent… Mention spéciale à Jacques Hadjaje, qui campe magnifiquement un Estevan un peu «grande gueule», qui découvre et dévoile petit à petit ses fragilités et ses appréhensions. Mais ses partenaires ne sont pas en reste, et l’on ne peut s’empêcher d’être touché par chacun des protagonistes de ce récit, qui révèlent peu à peu leur complexité.

Entre histoires de ratages et utopie, Oncle Vania fait les trois-huit est une pièce formidable, ne la manquez pas !

Oncle Vania fait les trois-huit
Texte : Jacques Hadjaje
Mise en scène et scénographie : Anne Didon et Jacques Hadjaje
Lumière : Pierre Peyronnet
Costumes : Delphine Lebon
Production : Compagnie des Camerluches
Coproduction : La Courée de Collégien et le Théâtre des Deux Rives de Charenton
Soutien : Département du Val-de-Marne
Avec Ariane Bassery, Isabelle Brochard, Sébastien Desjours, Anne Dolan, Delphine Lequenne, Laurent Morteau et Jacques Hadjaje en alternance avec Pierre Hiessler

Dates et Lieu des représentations :
- Du 6 au 31 mars 2019, du mercredi au samedi à 21h15, le dimanche à 17h30 au Théâtre de Belleville – Paris XI°

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