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Rabbit Hole. Univers parallèles : résilience et culpabilité…

rabbitholePar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Elle se prénomme Becky, elle plie du linge. Des vêtements d’enfant. Toute agitée, sa sœur Izzy lui raconte avoir frappé une femme, on comprend que c’est l’épouse de l’homme avec qui elle vit à présent- elle annonce également qu’elle est enceinte… Becky est sombre, on en comprend vite les raisons : voilà huit mois, Danny, son fils de 4 ans, est mort, renversé par une voiture alors qu’il courait après le chien Taz qui s’était échappé. Elle voudrait gommer, dans cette maison, tout ce qui lui rappelle l’enfant, la vie d’avant. Il se prénomme Howard, le mari de Becky, le père de Danny- il veut garder la maison en l’état, comme avant. Surtout, la chambre de leur enfant. Le couple tente de survivre au drame de la disparition. Vendre la maison, commencer une nouvelle vie ? Rester dans cette maison avec les souvenirs ? Il y a aussi la mère de Becky et d’Izzy- elle veut bien faire, elle fait des gaffes… Il y a aussi ce garçon, jeune. Il surgit dans la maison, a écrit une nouvelle de science-fiction, parle de « rabbit hole », le terrier du lapin mais aussi, en astronomie, le trou noir qui mène à des univers parallèles. Il souhaite parler à Becky et Howard- alors que celui-ci ne veut pas le voir, elle le rencontre, l’écoute. C’est lui qui a renversé Danny, il avait son permis depuis peu, il roulait pas très vite, peut-être un ou deux kilomètres au dessus de 30 km/heure… 

Formidable de précision psychologique, de choses vues et ressenties, dans une belle adaptation de Marc Lesage, le texte de l’Américain David Lindsay-Abaire (prix Pulitzer 2007, catégorie théâtre) développe les thèmes de la résilience et de la culpabilité avec un art quasi chirurgical. La thématique est violente : comment survivre à la disparition d’un enfant, de son enfant ?, sans jamais sombrer dans le pathos. Ce à quoi contribue grandement la mise en scène de Claudia Stavisky qui joue le dépouillement tout en se servant, pour le décor, des ombres chinoises et de la video sur les murs de la maison. Et puis, et aussi, il y a cinq acteurs du meilleur niveau avec, dans le rôle de Becky, une Julie Gayet toujours juste- on ne l’avait pas vue au théâtre depuis 1996. Dans les habits d’Howard, Patrick Catalifo alterne légèreté et intensité sans jamais dépasser la frontière qui le ferait plonger dans le ridicule. Enfin, mention spéciale à Renan Prevot qui joue l’ado responsable de l’accident- délicatement fragile et mystérieux… « Rabbit Hole. Univers parallèles », c’est du théâtre tout en intelligence, mêlant la gravité (beaucoup) et humour (une pointe). Du théâtre qui interroge et bouleverse. On y court…

« Rabbit Hole. Univers parallèles » de David Linsay-Abaire
Adaptation : Marc Lesage
Mise en scène : Claudia Stavisky
Avec Julie Gayet, Patrick Catalifo, Lolita Chammah, Christiane Cohendy, Renan Prevot.
Décors : Alexandre de Dardel
Lumières : Frank Thévenon
Costumes : Lili Kendaka
Musiques : Jean-Louis Imbert
Durée : 1h40.

Dates et lieux des représentations: 
- Du mardi au samedi, 21h. Dimanche, 15h. Jusqu’au 31 mars 2019 au Théâtre des Bouffes-Parisiens ( 4 rue Monsigny,75 002 Paris)  
Tél. : 01 42 96 92 42 - www.bouffesparisiens.com

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