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Ma première fois : Dans la peau de Rosa Bursztein

Dans la peau de Rosa BurszteinPar Guillaume Chérel - Lagrandeparade.com/ Impossible de résumer le spectacle de Rosa... euh... Au nom imprononçable, dixit (« Beurk... Burs-Ztein »), tant elle a le débit rapide et le sens de l'ellipse et du contre-pied.

Si elle était belge, chroniqueuse à France Inter, on crierait au génie ! Et si elle était noire, on dirait qu'aucune femme n'a été aussi loin dans l'humour... de la même couleur. Avec "Ma première fois", c'est du côté de l'humour trash de Blanche Gardin, davantage que celui de Florence Foresti (oui elle peut viser aussi haut) que se place Rosa Bursztein, parce qu'elle se sert de son intimité, donc sa sincérité, pour pousser le curseur aussi loin que possible, toujours à la lisière de l'indicible.
Rosa se raconte, sans fards, et se fout quasiment à poil. Enfin ce qu'il en reste, puisqu'elle nous décrit sa « chatte », épilée façon ticket de métro... A propos de chatte, c'est marrant comme les nouveaux humoristes aiment s'en prendre à nos félins domestiques ! (voir David Azencot, dans "Inflammable"). Rosa en remet une couche, expliquant vivre en couple avec un mâle castré (enfin « circoncis ») à qui elle laisse croire qu'il enterre ses déjections dans la terre. Car Rosa est une vraie parisienne... Ce qui explique son sale caractère (dixit again). Elle confesse aussi avoir eu la chance d'avoir un papa trotskiste, et soixanthuitard. Mais si elle vit dorénavant à Bagnolet (dans le 9.3), elle n'est pas pour autant de « gauche caviar », mais plutôt « bobo Tarama », puisqu'elle a des fins de mois difficiles d'intermittente du spectacle.
Avant de se mettre pour « la première fois » au stand-up, dans le « plus petit théâtre de la capitale » : la Petite Loge (24 places), Rosa Bursztein fut découverte par John Malkovich, pour jouer Cécile de Volanges, dans « Les Liaisons Dangereuses », au Théâtre de l'Atelier, puis au grand Théâtre de l'Odéon, sous la direction de Peter Stein, dans un Labiche. Elle a aussi joué à la Cartoucherie de Vincennes, sur des textes de Marie N'Diaye, mise en scène de Georges Lavaudant... et aux Bouffes du Nord et travaillé au Studio Bagel, sur Canal + : n'en jetez plus. Dit comme ça, on pourrait croire que quelque chose ne va pas, ou plus. Que nenni. Au lieu de se plaindre (d'avoir dû enfiler une tenue de Mickey, pour « faire ses heures », par exemple) elle s'en amuse et en a fait une force, puisque que cette interprète de théâtre est enfin elle-même.
A trente ans, Rosa Bursztein n'est plus un espoir en devenir, mais une femme, une jeune actrice, dans toute sa splendeur (bien qu'elle fut complexée par son poids) et sa complexité. Un être humain, quoi... de sexe féminin, qui se dépatouille comme il peut avec la dure réalité de la vie (et les tampons applicateurs, notamment, parce qu'elle a les doigts courts !). La meilleure défense de Rosa, c'est l'humour. A défaut d'amour... C'est ainsi qu'elle commence par nous raconter sa première fois, sur le palier d'un immeuble, et sa vie amoureuse (ou plutôt son absence, dixit, au point de considérer un conseiller commercial, qui lui téléphone régulièrement, comme son régulier), et ses pratiques sexuelles, comme la sodomie et la fellation : qu'elle apprécie plutôt (enfin, c'est ce qu'elle dit pour nous faire rire...). Il faut savoir que la Petite Loge est un ancien Peep-show. Rosa s'effeuille donc, avec des mots. C'est d'ailleurs ainsi qu'elle termine son spectacle : avec son premier texte écrit, enfant. Un journal intime « tope secrais » où l'on devine déjà les fêlures de la future utilisatrice de Tinder.
On pourrait taxer ce « seule en scène » de spectacle féminin, plus que féministe, parce qu'elle  revendique rien : elle se moque d'elle-même, de ses travers et fixettes de jeune femme de son époque, plus que des autres. Rosa Bursztein est belle et pétillante de malice. Mutine, elle s'impose facilement sur scène grâce à son expérience sur les plateaux. Elle sait manier les mots et les dire. Sa diction est parfaite. Le public ne lui fait pas peur. Elle joue avec, comme le veut le genre. Rosa a vite assimilé les techniques du stand-up et ses recettes mais elle convainc parce qu'elle est sincère, répétons-le. Ça sent le vrai.
Voilà une nouvelle humoriste, sans filtre, qui a participé à de nombreux court-métrages et téléfilms. Au cinéma, on a pu la voir, entre autres, dans The Program de Stephen Frears. Elle a elle-même réalisé un court-métrage, La Piscine. Enfin, son spectacle Ma Première Fois a reçu le soutien du Fonds SACD Humour Avignon Off. Bref, on n'a pas fini d'entendre parler (de) Rosa Rosa Bursztein ! Allez la voir à la Petite Loge, vous pourrez dire : j'y étais ! J'ai assisté, à presque pouvoir la toucher, à la première fois de Rosa Bursztein.

Ma première fois
De et avec Rosa Bursztein
Mise en scène : Adrienne Olle

Dates et lieux des représentations:
- Jusqu'au 30 mars 2019, le samedi à 20 h. A la Petite Loge (2, rue la Bruyère 75009 Paris). Métro : Saint-Georges ou Pigalle. Tél : 01 42 82 13 13 / 06 99 49 42 82 / Site : www.lapetiteloge.fr / Mail : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

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