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Le sourire au pied de l’échelle : une vie de clown

  • Écrit par : Christian Kazandjian

sourirePar Christian Kazandjian - Lagrandeparade.fr/ Adapté du livre d’Henry Miller, Le sourire au pied de l’échelle pose la question de l’identité et du bonheur à travers le personnage d’un clown.

Auguste est clown, comme on peut l’imaginer. Pas de clown blanc en vue. Il est seul. C’est qu’il vient de tirer sa révérence. Il ne veut plus faire rire et s’émouvoir les spectateurs de ses pitreries. Il veut se retrouver lui-même, face au miroir de sa vie, sans l’artifice du grimage. Il part sur les routes et rêve d’une échelle qui grimpe vers un infini impossible à atteindre. Dépouillé de la gloire acquise sur les planches, anonyme, il travaille comme palefrenier dans un cirque, converse avec les animaux. Mais le destin le rattrape. Il remplace au pied levé le clown malade, pensant lui conférer sa gloire et son art. En une représentation sous le maquillage de son confrère, il triomphe : mission accomplie. Mais le confrère meurt. Il reprend son errance, sans renoncer à son métier, vers d’autres horizons où Auguste est inconnu. Ce mal de vivre s’achèvera tragiquement, sauf pour lui, qui s’efface aux yeux du monde, un sourire aux lèvres.
Henry Miller écrit Le sourire au pied de l’échelle en 1948, court roman qui tient du conte philosophique qu’Ivan Morane a adapté pour la scène. Miller a alors a 57 ans, et il se livre à une forme de bilan en forme de questionnement : qu’est-ce que la création, le rapport de l’artiste avec son public, son rôle social ? Et le rôle que sa notoriété le pousse à jouer en public, au risque d’affecter sa personnalité, sa quiétude voire son bonheur.
Denis Lavant, seul en scène restitue, par son jeu tout de nuances, l’épaisseur du personnage d’Auguste. Que dire qu’on ne connait déjà sur le talent immense du comédien, auquel il convient d’ajouter sa maîtrise des techniques clownesques (chutes, grimaces, instruments de musique –ocarina, clarinette, concertina). Il donne à rire et à s’émouvoir, en véritable Auguste.
Cette existence double, antagonique (scène, intimité) est soulignée par le décor et les éclairages. La piste du cirque, n’est qu’une moitié de piste. Un projecteur emprisonne Auguste dans sa crudité lorsqu’il est Auguste face au public. La lumière envahit le plateau quand il entre sur la scène publique, dans la réalité ou dans le rêve. Quant à l’échelle, ses barreaux sont brisés, empêchant toute ascension vers des horizons rêvés. Alors, la mort serait-elle la seule solution ?

Le sourire au pied de l’échelle d’après Henry Miller
Adaptation d’Ivan Morane
Mise en scène de Bénédicte Nécaille

Dates et lieux des représentations: 
- Jusqu'au 17 février 2019 au Théâtre de l’œuvre, Paris (01.44.53.88.88.)

- Du 27 mars au 14 avril 2019 au Théâtre du Lucernaire, Paris 


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