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L'angoisse du Roi Salomon : la généreuse et brillante prestation scénique de Bruno Abraham-Kremer

  • Écrit par : Xavier Paquet

angoissePar Xavier Paquet - Lagrandeparade.fr/ Cette pièce, adaptée du dernier livre de Romain Gary écrit sous son pseudonyme d’Emile Ajar, revient à l’essence même du théâtre : conter et raconter une histoire dans sa simplicité.

Ce n’est pas une pièce que l’on voit, c’est un livre qui se joue tant l’effet narratif et le phrasé sont impressionnants de justesse comme si chaque réplique terminée symbolisait la cornure d’une page que l’on vient de lire.

Printemps 1978, le jeune Jean, 25 ans, taxi autodidacte et amoureux de la langue des dictionnaires, croise au détour d’une course le vieux Salomon, riche roi du prêt à porter qui l’embauche dans son association « SOS bénévoles Â» et en fait son homme de main. Au delà de la solitude de l’octogénaire Salomon, il fait connaissance de Cora Lamenaire, ancienne chanteuse d’avant-guerre dont la carrière s’est terminée à la Libération pour collaboration. Ces deux là se sont aimés avant d’être déchirés par les affres et les choix personnels de la guerre : Jean essaye de réconcilier ces deux solitudes. Mais la gueule d’amour du jeune Titi plait à ses dames et elle l’emmène dans une rocambolesque aventure amoureuse et humaine.

Le décor fait place à de multiples espaces de jeu qui font vivre et revivre les différents lieux de vie du personnage et le déroulement de l’histoire : de simples meubles en bois clair matérialisent un salon, une porte, un comptoir en zinc ou l’entrée d’un immeuble. Les lumières soignées et la bande-son rajoutent le contexte historique et populaire de l’époque.

Mais que dire du jeu!? Bruno Abraham-Kremer porte seul la pièce et sait la faire vivre avec talent, gouaille et générosité. Par sa sincérité, il recrée les différents personnages de cette épopée sur les trottoirs du Paris des années 1970 avec un mélange fin et énergique de nostalgie et de comique.

Cette fable humaine traite de thèmes durs comme la vieillesse et la peur de mourir, celle de combattre le temps pour rattraper les erreurs du passé et fuir la solitude qui nous enferme. On retrouve dans chaque personnage une part de l’auteur et de ses propres angoisses et aspirations : la générosité du vieux Salomon qui défie la mort et qui ne veut pas vieillir, la transmission de la passion de la vie au jeune Jean. Ce refus de la mort comme chantre de la vie s’exprime à travers une histoire d’amour terriblement attachante.

Dernier clin d'oeil de Gary qui déclarait : « On ne comprendra absolument jamais rien à mon Å“uvre si l’on ne comprend pas le fait très simple que ce sont d’abord des livres d’amour Â».

L'angoisse du Roi Salomon

Auteur : Romain Gary
Avec  Bruno Abraham-Kremer
Metteur en scène : Bruno Abraham-Kremer, Corine Juresco

Dates et lieux des représentations

- Jusqu'au 21 octobre 2018 au Théâtre Le Lucernaire ( 53 rue Notre-Dame-des-Champs, 75006 Paris)


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