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La Sonate à Kreuzer : Jean-Marc Barr en Tolstoï, une interprétation remarquable

TolstoiPar Guillaume Chérel - Lagrandeparade.fr/ Vous aimez Tolstoï, vous aimez Jean-Marc Barr, vous aimez Beethoven... vous aimerez "La Sonate à Kreutzer", qui vient de démarrer au Studio Hébertot, petit théâtre (mais grande programmation !) situé dans le 17ème arrondissement de Paris...

Mais revenons à cette adaptation, en musique, de la célèbre nouvelle de Léon Tolstoï, assortie d'extraits du journal de Sofia Tolstoï. De la pauvre et courageuse Sofia Tolstoï, serait-on tenté d'ajouter, parce qu'il fallait se le coltiner le grand Ecrivain, joué avec énergie par le subtil Jean-Marc Barr. Oubliez Le Grand Bleu, de Luc Besson, une bonne fois pour toutes, et ne pensez plus qu'à un acteur capable de jouer le rôle de Jack Kerouac au cinéma (Big Sur, 2013) et le grand, l'immense Léon Tolstoï. Géant de la littérature mais également un ogre avec les femmes... ses maîtresses d'antan, et la mère de ses enfants.
Mais il n'est pas seul sur scène : Irina Dečermić et Tijana Milosevic jouent du piano et du violon mais aussi la comédie, avec grâce et élégance. Car la musique tient une belle importance dans cette création originale. On peut même avancer qu'un quatrième personnage plane sur le plateau, en la personne de Ludwig van Beethoven, compositeur de "La Sonate à Kreutzer". Dont la légende dit que c'est en l'écoutant que, pris d'une bouffée de mélancolie, l'auteur d'Anna Karénine eut l'idée d'écrire une nouvelle sur le thème du mariage... du point de vue masculin. Parce que, qu'est-ce qu'il a pu lui en faire voir !  Sans le vouloir, évidemment, Tolstoï a écrit un texte féministe, du moins qui pourrait servir au mouvement #Metoo pour montrer le machisme meurtrier qui perdure depuis des siècles ; il faut dire ce qui est. Car le narrateur de la Sonate à Kreutzer, Pozdnyshev, a beau tenter de se disculper dans un train, auprès des autres voyageurs (tout est de la faute au sex-appeal des femmes, pour résumer) il est bien coupable du meurtre de sa femme. On comprend qu'il regrette son ancienne vie de « débauche », quand il était libre, en somme. Conclusion : c'est le sexe et le libertinage qui gâche tout et c'est de la faute des femmes, trop belles, si tentatrices.
Bref, il l'a poignardée par la jalousie, en constatant la complicité de son épouse avec son professeur de musique, un jeune et beau violoncelliste (jouée par troublante Tijana Milosevic) qui n'y peut rien...Non seulement il n'y peut rien si ce mari délaisse sa femme, devenue « trop grosse », après avoir fait des enfants, mais il ne maîtrise pas la puissance évocatrice de la musique. Il est de bon ton d'évoquer une pièce sur la complexité des rapports homme-femme mais il est surtout question d'une femme amoureuse maltraitée psychologiquement par son tyran de mari, avec en filigrane, un écrivain dépassé par la magie de la musique, qui fait appel à ses sensations impossibles à décrypter, maîtriser totalement... comme les femmes.   
Jean-Marc Barr, acteur trop rare, qui fait son retour sur scène, en France, est remarquable de justesse. Son ex-femme, Irina Decermic, avec qui la complicité reste grande, a le mérite de jouer dans une langue qui n'est pas la sienne, comme la violoniste qui n'est pas comédienne de métier (serbe également). La mise en scène de Goran Susljik est sobre et efficace : un piano, un violon, une banquette dans ce qu'on imagine être un wagon de train ; des escaliers... le tour est joué. Tout est dans le texte, la musique et l'interprétation des trois passionnés de la vie, évidemment. Une femme amoureuse de l'amour et un homme obsédé par lui-même.

La sonate à Kreutzer
D'après la nouvelle de Léon Tolstoï et des extraits du journal de Sofia Tolstoï
Adaptation : Irina Decermic
Mise en scène : Goran Susljik
Avec Jean-Marc Barr, Irina Decermic et Tijana Milosevic


Dates et lieux des représentations : 

- Le jeudi 20 septembre 2018 au Théâtre Jacques Coeur (1050 Avenue Léonard de Vinci, 34970 Lattes - Téléphone : 04 99 52 95 00)

- Jusqu'au 7 octobre 2018 , du mardi 21 h au samedi 19 h et dimanche 17 h au Studio Hebertot ( Paris) . Réservation : 01 42 93 13 04 / www.studiohebertot.com  

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