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Le Poisson Belge : poésie et fantaisie pour une quête d'identité émouvante et tendre

belgePar Xavier Paquet - Lagrandeparade.fr/ Sur un banc, un soir d’hiver, à la sortie de l’école.

Un homme âgé, seul et travesti en femme, contemple sa solitude jusqu’à être dérangé par une petite fille. Elle fuit ses parents et s’invite chez lui à la recherche de soin et d’attention. D’un naturel ordonné, il voit sa vie bouleversée et son quotidien millimétré où tout est rangé, déréglé.

Il vit dans la peur, la tristesse, le dénuement et la solitude. Avec l’insouciance de l’enfance, elle joue et menace de le dénoncer s’il ne l’héberge pas et ne répond pas à ses questions pleines d’innocence ou teintées d’insolence.
Le texte est saccadé, les questions nombreuses, les réponses silencieuses.
On ne sait pas trop où l’on va mais l’absurde s’installe et l’histoire se découvre petit à petit : par sa sincérité et son besoin d’amour, elle l’entraine petit à petit dans son monde et le force à s’ouvrir et fendre la carapace.

Ce conte moderne raconte le destin de deux être singuliers, de deux solitudes qui s’affrontent, s’opposent, se rencontrent et s’apprécient petit à petit en s’ouvrant pour ne faire qu’un. Entre deux êtres en perdition, une complicité se crée.
La scène forme un cercle, non fermée comme la relation entre eux deux. Son côté épuré permet de matérialiser l’espace et les différents lieux de vie de l’action. En arrière-plan, une bulle s’illumine en vidéo animée pour symboliser le monde fééerique et imaginaire de l’enfant.

Tous les deux sont prisonniers du carcan de l’enfance : ils affrontent chacun une réalité et une réalité commune. Lui en travesti névrosé qui ne s’assume pas, qui se cherche et se renferme sur lui-même. Elle, asthmatique, rêveuse d’un monde aquatique et féerique, qui cherche à attirer l’attention.
L’un comme l’autre n’arrive pas à respirer dans leur monde : ils cherchent chacun une respiration (et trouveront une respiration commune).
La respiration, comme symbole et fil rouge de la pièce, avec son rythme distendu comme les crises de conscience qu’il convient de réguler.

Cette pièce poétique et un peu fantastique nous emmène dans un univers un peu surréaliste avec beaucoup de tendresse et de délicatesse.
Le texte de Léonore Confino (sa plus belle pièce) cisèle avec intelligence et dérision la douleur des blessures de l’enfance et le besoin de les réparer. Le fil rouge se tend au fur et à mesure pour devenir plus réaliste jusqu’au dénouement final et la rencontre de l’adulte et de son enfant intérieur.

Elle nous interroge avec humour et émotion sur la quête de l’identité, sur la résilience de nos blessures à travers un hymne à la tolérance touchant : ne pas refouler ce qu’il y a de plus profond en nous, l’accepter et ne faire qu’un pour être connecté à soi et à l’enfant que l’on a été.

Le poisson belge - Compagnie La Fourmilière

Metteuse en scène : Sarah Marcuse
Interprète(s) : Sarah Marcuse, François Revaclier
Direction d'acteur : Madeleine Raïkov
Scénographie : Khaled Khoury
Lumière : Danielle Milovic
Vidéo : Nicolas Frey
Perruque : Katrine Zingg
Diffusion : Delphine Ceccato

Dates et lieux des représentations: 

- À 11H15 : DU 6 AU 29 JUILLET 2018 - RELÂCHES : 9, 16, 23 JUILLET - AU COIN DE LA LUNE (24 rue Buffon, 84000 - AVIGNON) - Festival Avignon OFF 2018

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