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La machine de Turing : l'adaptation brillante de Benoit Solès de l'histoire d'un génie incompris

  • Écrit par : Xavier Paquet

TuringPar Xavier Paquet - Lagrandeparade.fr/ C’est l’histoire d’un homme qui court : analogie à sa passion pour le marathon mais surtout symbole d’un homme qui réfléchit plus vite que les autres et qui est en avance sur son temps.

Lui, c’est Alan Turing, génie anglais qui déchiffra la machine à crypter Enigma durant la seconde guerre mondiale permettant aux alliés d’intercepter les ordres nazis. Et qui par ses travaux post-guerre fut aux prémices de l’ordinateur et de l’intelligence artificielle. Complémentaire au film « The Imitation game », la pièce n’est pas centrée sur cette partie de l’h(H)istoire mais s’intéresse à l’homme et à son destin hors du commun.

Tout démarre en 1952 à Manchester, dans le bureau du commissaire Ross où Turing vient déposer plainte après le cambriolage de son appartement. Histoire banale qui brise le destin du génie: détenteur de nombreux secrets, les services de renseignement ne prennent pas l’affaire à la légère et fouille dans la vie du trépidant professeur. De héros resté dans l’ombre, Turing devient paria dans la lumière face à la bien-pensance de l’Angleterre puritaine des années 50 : la société le condamne moralement pour son homosexualité et son intelligence hors du commun.

Cette création originale fascine par la richesse, l’humour et la finesse du texte de Benoit Solès qui traduit avec simplicité et fantaisie la complexité d’un homme et d’une époque. Il excelle aussi par son jeu d’acteur d’une sobriété et d’une aisance naturelles. Il sait toucher par son investissement, son récit saccadé et rythmé, et l’émotion sincère qu’il met dans chaque situation pour bouleverser. Des rotors de la machine Enigma aux rotors d’une vie intérieure complexe, il sait nous captiver.

La mise en scène est dynamisée par des fonds d’écran vidéo qui nourrissent l’espace et configure le plateau en différents lieux de l’intrigue. Elle permet aussi des flashback pour revenir sur les éléments marquants et les blessures profondes de la personnalité de Turing : un amour disparu, une absence de reconnaissance pour raison d’Etat, une solitude et un mal d’être pour un génie dans un monde ordinaire.

Cette pièce rend hommage à un mathématicien de génie et parce qu’elle est belle, écrite finement et interprétée magistralement, la standing ovation qui la clôture n’est qu’une reconnaissance méritée à ce héros différent.

La machine de Turing

Metteur en scène : Tristan Petitgirard
Interprète(s) : Benoit Solès, Amaury de Crayencour
Assistante m.e.s : Anne Plantey
Dir. de production : Agnès Harel
Décorateur : Olivier Prost
Lumière : Denis Schlepp
Musique : Romain Trouillet
Vidéo : Mathias Delfau
Costumes : Virginie H.

Dates et lieux des représentations: 

- À 12H05 - DU 6 AU 29 JUILLET 2018 - ACTUEL (THÉÂTRE) ( 80, rue Guillaume Puy, 84000 - Avignon)

- Du jeudi 4 octobre 2018 au vendredi 30 novembre 2018 au Théâtre Michel ( 38, rue des Mathurins, 75008 Paris)

- Du 5 au 28 juillet 2019 à 10h10 - ACTUEL (THÉÂTRE) ( 80, rue Guillaume Puy, 84000 - Avignon) - Festival Avignon Off 2019

- Jusqu'au 4 janvier 2020 au Théâtre Michel ( 38, rue des Mathurins, 75008 Paris)


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