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Le canard sauvage : en quête de la Vérité absolue avec Henrik Ibsen

  • Écrit par : Serge Bressan

canard sauvagePar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Après un exil d’une quinzaine d’années, Gregers Werle est de retour. Il est accueilli par son père, et va vite être plongé dans de troubles affaires familiales aux conséquences désastreuses. Il y a aussi les Ekdal, chez eux tout paraît refléter une certaine idée du bonheur. « Le canard sauvage » (écrit en 1884, créé en 1885), ce n’est que façade et illusions- comme si souvent chez le dramaturge norvégien Henrik Ibsen (1828- 1906), adapté et mis en scène ici par l’efficace Jean-Luc Jeener. Au fil des échanges, on va apprendre que ces familles « bien sous tous rapports », en fait, avaient décidé d’un modus vivendi pour cacher les fautes : ainsi, le père de Gregers a fait un enfant à sa servante Gina qu’il a mariée à Hjalmar qui a dû reconnaitre l’enfant, et le lieutenant Ekdal- le père de Hjalmar, a été emprisonné pour un crime perpétré par le père de Gregers… On y ajoute que ce petit monde se plait à vivre dans l’imaginaire : ainsi, le père de Gregers se pense grand inventeur, le grand-père se rappelle un passé de glorieux sportif et Hedvig l’enfant trouve refuge dans le grenier où un canard sauvage estropié vit dans une forêt imaginaire. Et c’est dans ce monde qu’est plongé, avec son retour, Gregers l’idéaliste. Il se met alors en tête de trouver, de révéler la Vérité absolue, les « Impératifs de l’Idéal ». Mais lorsque la vérité éclate, c’est un véritable tsunami qui s’abat sur ce petit monde. Hjalmar se sent obligé de quitter sa femme, Hedvig abrège la vie du canard et se tue avec la même arme. Définitif, le docteur Relling lance : « Si vous retirez le mensonge de la vie de personnes ordinaires, vous leur retirez en même temps le bonheur ».

Dans ce « Canard sauvage », on savoure une thématique chère à Henrik Ibsen à qui on doit « Peer Gynt » (1866), « Une maison de poupée » (1878) ou encore « Hedda Gabler » (1890) : la confrontation de deux conceptions, d’appréhensions de la vie. D’un côté, l’idéaliste qui souhaite rétablir la vérité ; de l’autre, l’individu qui opte pour le confort ordinaire, celui de la compromission et du « mensonge vital ». On prend aussi plaisir à déguster le réalisme implacable de la pièce, et l’art de l’ambiguïté cher à Henrik Ibsen qui, là dans cette pièce, prend plaisir à renvoyer dos à dos les adversaires. Mais voilà, le plaisir est sérieusement entamé par deux points faibles : la longueur de la pièce (environ 2 heures 30 minutes) avec des temps faibles qui casse le rythme de l’ensemble, et le décor banal de ce « Canard sauvage ». Oui, sur le papier, « Le canard sauvage » possède tous les ingrédients nécessaires (confrontation entre deux conceptions de la vie, avec la vérité,…) pour un beau moment de théâtre. Mais (à cause de la longue durée), on a là tout juste un bon moment de théâtre. Sans plus. Quel dommage pour Ibsen…

Le canard sauvage
Auteur : Henrik Ibsen
Adaptation et mise en scène : Jean-Luc Jeener
Avec Philippe Brigaud, Katia Lamberger, Christine Liétot, Hervé Maugoust, Fabrice Michal, Valentin Terrer, Michel Wyn
Costumes : Catherine Lainard

Durée : environ 2h30

Dates et lieux des représentations :
- Les 20, 21, 24, 26, 27, 28 et 30 mai et le 3 juin 2018 (Mai : dimanche 20 (20h45) ; lundi 21 (17h) ; jeudi 24 (21h) ; samedi 26 (17h) ; dimanche 27 (17h) ; lundi 28 (21h) ; mercredi 30 (20h45) /Juin : dimanche 3 (17h)) au  Théâtre du Nord-Ouest ( 13 rue du Faubourg-Montmartre, 75 009 Paris - Tél. : 01 47 70 32 75) 




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