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Hamlet : être ou ne pas être comique, là est la question

HamletPar Imane Akalay – Lagrandeparade.fr / Le roi du Danemark est mort, piqué dit-on par un serpent pendant sa sieste. Son frère Claudius a pris sa place et a dans la foulée épousé la veuve, avec laquelle il vit une idylle torride sous les yeux de la cour et du jeune Hamlet, dévasté par la mort de son père et révolté par la relation de sa mère et de son oncle.

Une nuit, un spectre qui a les traits du défunt roi lui apparaît, lui révèle qu’il a en réalité été empoisonné par son frère, et lui demande de le venger. Afin de préparer sa revanche sans attirer la méfiance, Hamlet se met donc à simuler la folie – à moins qu’il ne soit réellement devenu fou, car là est la véritable question, l’énigme du drame de Shakespeare. Dans cette adaptation, Xavier Lemaire choisit d’en faire un caractère aux comportements excessifs frisant la bipolarité. Hamlet passe de l’exaltation hystérique à la sombre mélancolie. Si les monologues emblématiques du chef-d’œuvre de Shakespeare – être ou ne pas être, pauvre Yorick -- sont livrés avec le lyrisme et la charge dramatique attendue, le Hamlet social fait preuve d’une surexcitation irrévérencieuse et parfois grivoise assez surprenante et parfois éloignée de l’interprétation conventionnelle. Ce jeu déstabilise le spectateur, ce qui après tout est peut-être l’intention : la folie réelle ou supposée du prince danois est devenue le centre de l’attention et le sujet de toutes les spéculations, pour les autres personnages mais aussi pour le public et des générations de psychologues. Que l’on apprécie ou non le parti pris de cette adaptation, l’interprétation par Gregori Baquet est magistrale. Le prince tourmenté évoque ses tourments et remet plusieurs fois l’accomplissement du meurtre vengeur. Après de multiples atermoiements, le drame se conclura bien entendu dans un bain de sang.

Cette adaptation resserrée (le spectacle dure 2h30 au lieu des 4 heures du texte initial) et dynamique prend des libertés plus ou moins heureuses avec le texte initial. La scène dans laquelle une troupe de théâtre itinérante joue devant le roi et la reine à la demande d’Hamlet est particulièrement réussie ; celle du fossoyeur préparant la tombe d’Ophélie est savoureuse. Certaines remarques grivoises d’Hamlet le sont moins. La mise en scène verse parfois trop dans le registre de la farce un peu lourde. Si Didier Niverd est délicieux en Polonius obséquieux et maladroit visiblement inspiré de Louis de Funès, les facéties de Guildenstern et Rosencrantz, les faux-amis d’Hamlet, finissent par agacer.

Sur le plateau deux ingénieuses constructions de bois peint en noir symétriques, formées de quelques marches surmontées d’un pan de mur sont déplacées d’une scène à l’autre pour figurer les murailles, des espaces privés ou même un tombeau, et dynamisent la mise en scène. Noirs également, le plateau et le voilage qui l’encadre contribuent à créer l’ambiance sinistre de la cour du roi du Danemark. Dans cette adaptation du drame le plus connu de Shakespeare, l’exercice d’équilibre entre noirceur et facéties est périlleux mais pas inintéressant. Et l’excellente interprétation de l’ensemble des acteurs fait pardonner les excès.

Dates et lieux des représentations: 
- Du  9 mars  au  21 avril 2018 au Théâtre 14 ( 20, avenue Marc Sangnier 75014 Paris ) - Métro : Porte de Vanves (ligne 13)

Hamlet
de William Shakespeare

Traduction, adaptation :  Xavier Lemaire et Camilla Barnes
Mise en scène: Xavier Lemaire

Avec Grégori Baquet, Christophe Charrier, Pia Chavanis, Julie Delaurenti, Olivier Deniset, Laurent Muzy, Didier Niverd, Manuel Olinger, Stéphane Ronchevski, Ludovic Thievon, Philippe Weissert

Crédit-photo : Lot 
 

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