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Françoise par Sagan : une justesse de sensibilité admirable

SaganPar Catherine Verne - Lagrandeparade.fr/ On se fait l'effet d'être rentré avec elle, chez elle. Ce serait au petit matin peut-être, après une nuit brûlée au rythme du jazz ou à la table de jeu. Elle se déchausse ou s'asseoit, sans cesser de parler. Voilà, on se trouve en présence de Françoise Sagan.

Une présence irréelle et pregnante, comme seul en procure le charme des apparitions discrètes. C'est sa silhouette, son phrasé, sa coupe de cheveux, et mieux encore: sa façon heurtée de se mouvoir, de recroqueviller les épaules comme pour disparaître, d'appuyer de la tête une parole ou de négocier dans sa démarche l'ajustement précautionneux de tout le corps - de tout l'être - à ce qui l'entoure. Françoise Sagan est là. En mots et en actes, elle habite l'espace. On s'y croirait.
Quelle Françoise Sagan? L'intime. Celle qui, paradoxalement, s'est livrée de son vivant au détour d'interviews publiques dont Stock a édité le recueil sous le titre "Je ne renie rien". Alors elle parle, de l'écriture, des gens, de la mode, de son accident de voiture, de son succès etc. Des diverses questions qu'elle aborde ici en sautant du cop à l'âne, se dégage une vision tendre et sincère, qui accorde beaucoup à la vulnérabilité et au doute, en un mot à la belle fragilité humaine. Avec sa très pertinente impertinence, l'écrivain, en passant, déconstruit moult représentations conformistes, sur le bonheur ou l'argent. Et où mieux qu'au théâtre mettre en question la représentation? Alex Lutz a choisi de mettre l'artifice au service de l'authenticité, aussi les dispositifs sont-ils minimalistes et les accessoires rares - une musique de connivence parfois qui s'élève dans le fond; une paire de chaussures, qu'elle a quittée ou remet; un briquet qu'elle agace; beaucoup d'obscurité, peu de projecteurs pour évoquer tout en la préservant celle dont l'existence très tôt s'est trouvée jetée sous le regard de tous. Et la mise en scène d'exposer ce personnage public que sa célébrité aura beaucoup confronté.
Une Sagan d'apparence frêle et d'une puissance butée se tient face aux spectateurs. Place donc à l'intériorité. C'est "bas les masques!" - de celui sur lequel s'ouvre le propos, au final qui s'évanouit sous des volutes de fumée. Entretemps, voilà un public tout à l'émotion de la rencontre tant la performance théâtrale entretient l'illusion que Sagan s'adresse rien qu'à lui à bâtons rompus, le propulsant dans son intimité franche et attentive. C'est que les vraies présences sont généreuses. Et bien qu'elles se taisent, on reste encore, longtemps après, accompagné par elles. Une justesse de sensibilité admirable qu'on doit à Caroline Loeb: la comédienne donne corps à Françoise Sagan au point de la rendre palpable, tissant avec son personnage une alliance dont le trouble opère sans faillir; jusqu'à ce que le retrait de sa perruque renvoie chacun à son monde, comme ferait justement un masque -ou un rideau de théâtre- en tombant.

Françoise par Sagan
Auteur : Françoise Sagan, Caroline Loeb 
Artistes : Caroline loeb
Metteur en scène : Alex lutz 


Dates et lieux des représentations:


- Le 9 mars 2018 au Théâtre Jacques Coeur à Lattes ( 34)
- Du 19 au 26 mars 2018 au Théâtre du Marais ( 37, rue Volta 
75003   Paris )

- DU 6 AU 29 JUILLET 2018 au Théâtre La Luna à 14h50 - Festival Off Avignon 2018

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