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Miracle en Alabama : l'histoire émouvante de la première personne handicapée diplômée

  • Écrit par : Delphine Caudal

miracle Par Delphine Caudal - Lagrandeparade.fr/ « Miracle en Alabama », c’est le récit prodigieux d’une jeune fille handicapée, tristement sujette à une congestion cérébrale dans sa plus petite enfance. 

Helen Keller née en Alabama en 1880, est subitement coupée du monde à l’âge de deux ans, perdant dans un même combat la vue et l’ouïe. Une véritable tragédie pour des parents aimants et dévoués. La malheureuse petite restera pendant des années à l’état sauvage, ne pouvant et ne voulant recevoir aucune forme d’éducation. C’est sans compter la bonne fortune de la famille Keller, qui se verra aider de la téméraire Annie Sullivan, une jeune éducatrice fraîchement sortie de l’université. Un éprouvant chemin pour l’enseignante, pour la jeune Helen, mais aussi pour une famille en rien préparée à cette terrible épreuve. La performance est brillante, le message est sublimé par des comédiens épatants. Autant le dire, on en revient nous aussi ébranlés … Quand on apprend qu’Helen deviendra la première personne handicapée diplômée.
Stéphanie Hédin, très convaincante dans le rôle d’Annie Mansfield Sullivan, pose ses valises dans la résidence du Capitaine Keller. Ayant souffert elle-même de problèmes oculaires, elle a étudié la langue des signes et a été gratifiée de l’Ecole Perkins, institut venant en aide aux aveugles. C’est avec une force et un courage sans égal qu’elle parvient à faire sortir Helen d’une extrême solitude.
Les astuces sont nombreuses, les tentatives multiples, on voit avec quelle énergie l’éducatrice a opéré : lui apprendre les bonnes manières, s’asseoir à table, plier sa serviette, manger avec des couverts... Elle obtiendra d’extraordinaires résultats en s’isolant avec la jeune fille dans une dépendance de la maison. La séparation de la famille apparut à Annie Sullivan comme bénéfique voire indispensable. Ces parents, si attachés à leur enfant, lui ont laissé passer trop de caprices et leur pitié a empêché tout soupçon d’effort. C’est avec force et persuasion qu’Annie a su trouver les bons mots, les bons arguments pour rester seule plusieurs semaines avec leur fille.
Les scènes de colère d’Helen, le désarroi des parents, les efforts d’Annie Sullivan prennent forme sous les yeux d’un public touché, conquis. Inspiré de l’autobiographie d’Helen Keller « Sourde, muette, aveugle : Histoire de ma vie », William Gibson écrit un scénario poignant, déchirant au plus haut point. Le miracle en Alabama est stupéfiant, donneur de leçon. Pitié ou compassion pour Helen ? La famille Keller, dans son amour démesuré pour un enfant handicapé, a fait preuve de pitié. Une inconsciente pitié préjudiciable. Annie Sullivan, la libératrice, a eu, bien heureusement, de la compassion, de l’empathie. Elle a perçu cette indescriptible souffrance et a su y remédier, bravant les remarques désobligeantes et le peu de résultats dans ses premières tentatives.
On salue un travail éblouissant, une mise en scène de Pierre Val intelligente et touchante. La prestation de Clara Brice (en alternance avec Lilas Mekki), elle-même passionnée par la langue des signes, est désarmante tant elle choque et bouleverse. C’est un sujet peu traité au théâtre, un thème peut être rebutant pour certains, qui devrait se voir offrir une bien plus grande place… au vu d’un travail si remarquable.

Miracle en Alabama
Auteur : William Gibson

Avec Pierre Val, Valérie Alane, Stéphanie Hedin, Marie-Christine Robert, Julien Crampon et en alternance Lilah Mekki et Clara Brice

Metteur en scène : Pierre Val

- Jusqu'au 31 mars 2018 au Théâtre la Bruyère
 ( 5, rue La Bruyère 
75009 Paris - Métro Saint Georges)

 


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