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Macbeth : meurtres en abattoir par Stéphane Braunschweig

  • Écrit par : Imane Akalay

macbethPar Imane Akalay – Lagrandeparade.fr / Au retour de combats victorieux contre les armées norvégienne et irlandaise, où ils se sont illustrés par leur courage, Macbeth et Banquo rencontrent les sœurs fatales. Avant de s’évaporer, les trois sorcières prédisent au premier, déjà thane de Glamis, qu’il sera thane de Cawdor puis roi d’Ecosse, et au second qu’il ne sera pas roi mais que ses descendants le seront. Alors que les deux braves s’interrogent sur la réalité de cette apparition, Macbeth est informé que le roi lui a conféré le titre de thane de Cawdor pour le récompenser de sa bravoure.

Informée de la prophétie et de sa réalisation partielle, ivre de pouvoir, Lady Macbeth s’exhorte à la cruauté dans un emportement lascif. Dès le retour de son époux, elle excite en lui l’appétit du pouvoir et l’incite au régicide pour assouvir sa propre ambition. Eminence grise, elle établit les plans du crime. Si Macbeth accomplit le meurtre, c’est son épouse qui trempe les mains dans le sang et met en scène le carnage pour qu’en soient accusés les serviteurs du roi. Ainsi Macbeth devient roi d’Ecosse.

Le meurtre du roi Duncan qui était aimé de son peuple marque pour les époux le début de la descente aux enfers. Fusionnels dans leur ambition au début de leur ascension, les époux s’éloignent irrémédiablement. Le Macbeth angoissé et hésitant qui avait peiné à accomplir le meurtre du roi sous les admonestations de son épouse sombre dans un cauchemar de haine paranoïaque et plonge le pays dans un bain de sang. Ses rivaux ou ennemis supposés ou réels sont assassinés l’un après l’autre. Pour effacer le souvenir du meurtre il perpétue d’autres meurtres, emporté dans une spirale destructrice qui ne s’interrompra que dans la mort du meurtrier. Et c’est la froide et dominatrice Lady Macbeth qui est submergée par la culpabilité de leurs crimes et le remords, perd le sommeil, sombre dans la folie et finit par se suicider. Adama Diop et Chloé Réjon sont excellents dans les rôles complexes des époux Macbeth.

Respectant l’esprit et la lettre du texte de Shakespeare, malgré quelques coupes qui n’enlèvent rien à sa teneur, la très belle traduction française de Daniel Loayza et Stéphane Braunschweig fait quelques allusions discrètes à la géopolitique actuelle et notamment au Brexit, pour rappeler que l’Europe n’a pas fini de se construire et de se déconstruire. Les costumes contemporains rappellent le caractère intemporel de cette tragédie. Contrastant avec les ors et le faste baroque de la maison royale, le logis des époux MacBeth donne très directement le contexte : il s’agit d’une cuisine au format industriel carrelée de blanc et équipée d’inox, exposant une batterie de couteaux de boucher et ressemblant fort à un abattoir. Si les meurtres ont lieu hors scène, le décor est glaçant et l’on y imagine fort bien des effusions de sang.

Si Stéphane Braunschweig n’a pas pris de grand risque dans cette adaptation contemporaine sans surprise de la tragédie de Shakespeare, la qualité des acteurs, la scénographie contemporaine et l’excellent texte français en font néanmoins un très beau moment de théâtre.

Macbeth
De William Shakespeare
Mise en scène : Stéphane Braunschweig
Avec Christophe Brault, David Clavel, Virginie Colemyn, Adama Diop, Boutaïna El Fekkak, Roman Jean-Elie, Glenn Marausse, Chloé Réjon, Alison Valence, Jean-Philippe Vidal

Durée estimée 2h45 – entracte compris

Dates et lieux des représentations: 

- Du 26 janvier au 10 mars 2018 à l'Odéon - Théâtre de l'Europe - Paris - Tel. +33 (0)1 44 85 40 40

- Du mer. 16/05/18 au ven. 18/05/18 à La Comédie de Reims -  Tel. +33 (0)3 26 48 49 10

Photo de répétition © Elizabeth Carecchio


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