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Festival Voix Vives de Sète : un chemin de paix au cœur des hommes

Voix VivesPar Guillaume Chérel - Lagrandeparade.fr/ La septième édition de « Voix vives », au cœur de Sète, est un rendez-vous unique en France. Pendant neuf jours, du 22 au 30 juillet 2016, les rues, les places, les quartiers, les jardins publics, donnent la parole à près de cent poètes de toute la Méditerranée, sur plus de 650 rendez-vous, et dès 5 h du matin jusqu’au bout de la nuit, depuis la mer jusqu’aux étoiles… Sans compter des animations pour petits et grands et des lectures à terre, ou en mer (sur des embarcations).

Le tout gratuitement, hormis trois grands concerts au Théâtre de la mer (à des prix défiant toute concurrence), une scène de concert, sur la corniche, hors du centre-ville, unique au monde puisque dos à la Méditerranée : le 23 juillet, le rastaman africain Tiken Jah Fakoly a fait salle comble ; Pierre Perret, le 25 juillet, lui a succédé avec  un hommage à Georges Brassens ; et le 27 juillet, la Misa Criolla clôture la partie musicale avec l’une des oeuvres vocales majeures du compositeur argentin Ariel Ramirez .

La directrice du Festival, Maïté Vallès-Bled, et par ailleurs conservateur du musée Paul Valéry de Sète, nous en dit plus sur ce festival dont elle a eu l’idée… il y près de vingt ans.

C’est la septième édition à Sète mais la dix-neuvième depuis la création de ce festival à Lodève, dans l’Hérault également. En 2009, le nouveau maire de Lodève nous a fait savoir que ça ne l’intéressait plus et nous l’avons proposé à Sète qui l’a chaleureusement accueilli. Depuis 2010, il y a d’autres points d’attache en Méditerranée, notamment à Gênes, en Italie, et à Tolède, en Espagne. Nous avons également des éditions ponctuelles dans d’autres pays, comme à El Jadida (Maroc) et à Sidi Boussaïd (Tunisie). Nous venons de signer une convention pour une édition à Ramallah, en Palestine, en avril prochain, en association avec la fondation Mahmoud Darwich.

Le Festival Voix Vive a-t-il un aspect militant ?

- Militant pour la poésie…  Il est question de liberté et de vérité de la parole plus que de politique. Cette année, pour la première fois, il y a un sous-titre : « la Poésie, chemin de paix ». Mais ce n’est pas une thématique sous laquelle les poètes seraient invités à lire, ou dire leurs poèmes, c’est plus profond, plus fort, car lié à l’identité même de la parole poétique. Ce sont des regards sur la vie, sur les questionnements. Des regards sur leurs interrogations mais aussi leurs luttes, leurs souffrances mais aussi leurs joies, leur bonheur de vivre et leurs espoirs afin de tracer un chemin de paix. Un chemin sur lequel tout peut être formulé, entendu, écouté, partagé. Un chemin qui peut être une réponse aux drames que nous connaissons aujourd’hui en Méditerranée et dans le monde.

On dit communément que la poésie n’est pas vendeuse… Connaissez-vous des difficultés à organiser ce festival ?

- Il est extrêmement difficile de financer ce genre de festival et rien ne serait possible sans les dizaines de bénévoles. Nous bénéficions de notre expérience, de notre ancienneté mais c’est chaque année compliqué, que ce soit sur un plan public ou privé. Heureusement que la ville de Sète et quelques partenaires privés nous soutiennent...ce festival ne cesse de grossir. Nous avions commencé avec 7000 spectateurs, nous en sommes à 60 000 aujourd’hui. Le festival connait une courbe ascendante de fréquentation. Il n’y a pas eu une seule baisse depuis le début. Lors de cette nouvelle édition, nous avons eu pour la première fois la visite de la ministre de la culture, Audrey Azoulay, c’est une bonne chose pour la poésie. Elle a rencontré les éditeurs et les poètes et avait l’air très intéressée. A suivre…

Que signifie cette progression selon vous ?

- Lorsqu’on installe la poésie de manière à ce qu’elle soit accessible à tous, les gens répondent. On peut dire : « les » publics, parce qu’il y a les amateurs de poésie mais aussi ceux qui n’ont jamais ouvert un recueil de poésie. C’est très varié. Il y a les sétois et des gens de la région, mais aussi de toute la France, et d’une douzaine de pays différents, qui viennent parfois passer la semaine… Et puis des touristes de passage, des jeunes (enfants pour les contes et  adolescents pour le slam), des moins jeunes. Ils découvrent et rencontrent des poètes « pour de vrai ». Il y a un échange grâce à cette proximité. Du coup, ils vont acheter des livres sur la place dédiée aux livres. S’ils viennent à deux-cent, les éditeurs, c’est qu’ils vendent des livres. Sans oublier les ateliers d’écriture qui connaissent un grand succès.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de créer un festival de poésie ?

- Il y tellement peu de place donnée, laissée à la poésie, en général, dans le monde, que j’ai imaginé cette initiative. La poésie est tellement porteuse de tout ce qui nous touche et nous concerne : que ce soit sur le plan intime et individuel, mais aussi socio-politique, géopolitique, collectif… la poésie est inscrite comme toute forme de création artistique dans une actualité. Elle va souvent à l’essentiel. L’objectif de ce festival est double : offrir des espaces permettant d’accéder à la poésie et dans ces espaces-là inviter les meilleurs auteurs. J’aurais passé ma vie à me battre pour la démocratisation de la culture. Nous n’écoutons aucune stratégie économique. Nous ne pensons qu’à offrir le meilleur au plus grand nombre et c’est un combat permanent. En ce sens, pour revenir à ce que nous disions au début, il est militant parce qu’en plus il est gratuit. Et il y a 70 à 80 manifestations par jour… accessible à tous.

Avez-vous une anecdote à nous raconter qui serait emblématique de ce festival unique en son genre ?

-  Il règne une atmosphère extraordinaire, de bienveillance… Entre les poètes entre eux mais aussi avec les musiciens et les poètes avec le public. Alors que l’ambiance générale, dans le monde et en France, serait plutôt à la méfiance. Vu l’actualité… Beaucoup d’idées circulent dans les consciences. Ici, c’est le message de paix qui prédomine. Une année, nous avons invité un poète israélien et un palestinien. Au moment où leurs pays respectifs étaient en guerre. L’année suivante, ils publiaient un livre en commun. Et ce n’est pas une exception. Il y a eu d’autres belles histoires de ce genre. C’est une alchimie rendue possible par la poésie.

Festival Voix Vives    

Jusqu’au 30 juillet 2016, dans le centre-ville de Sète ( 34) 

Le site ICI

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