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Andrés Marin : "Un danseur s'adapte à son temps."

YatraPar Julie Cadilhac - Lagrandeparade.fr/ Traduction de l'espagnol : Mar Bresson/  Le flamenco est une histoire de famille pour Andrés Marin qui ne s'est formé qu'auprès de son père. Autodidacte, son style est extrêmement personnel, novateur et résolument contemporain.

En 2002, il crée sa propre compagnie et en 2008 une tournée à l'étranger débute avec "El Alba del Ultimo Dia". Puis viendront les tours d"Asimetrias", "El Cielo de tu Boca" ou encore "TuOtano"...En 2016, ce danseur et chorégraphe sévillan s'associe à Kader Attou, ses deux danseurs de hip hop et six musiciens de l'ensemble Divana originaire du Rajasthan pour créer "Yatra" qui signifie "voyage" ou "pélerinage" en sanskrit : plus qu'un simple dialogue entre deux disciplines de danse, l'objectif étant de les fondre l'une dans l'autre. Replonger dans les traditions ancestrales de l'Inde et en puiser la substantique moëlle pour créer une pièce unique, intrinsèquement moderne, voilà l'ambition esthétique de Yatra. Le résultat est superbe! L'Ensemble Divana du Rajasthan offre un cadre musical d'une qualité mémorable, les danseurs de Kader Attou enchaînent avec virtuosité les figures de break dance et dialoguent harmonieusement avec les talons d'Andrés Marin. Riche d'inventivité et de complicité, cette création séduit par son talent à rendre hommage aux origines indiennes du flamenco et à inventer une chorégraphie aux arts mêlés d'une grande esthétique. Acclamations enthousiastes et générales du public à la fin! C'est mérité!

Namasté Andrés Marin! Yatra mêle votre univers flamenco, le hip-hop de Kader Attou et la musique du Rajasthan : quelle a été l’impulsion à l’association de ces trois univers qui semblent, au premier abord, si différents?
Tout a commencé avec une commande faite par la Cité de la Musique de Paris qui avait une thématique en rapport avec l’Inde. Tellement de choses ont été créées autour de l’Inde et le flamenco que j’ai pensé que le plus intéressant serait de pouvoir mêler de la danse hip-hop chorégraphiée par Kadder Attou avec des compositions musicales de Régis Baillet. Cela se traduit par un monde plus ouvert où les textures s’unifient et les contrastes apparaissent. C’est dans ces contrastes qu’on voit le dialogue, ainsi tout ce qui est ethnique est mélangé dans un creuset, et de nouveaux mondes inédits apparaissent.

Avez-vous fait le voyage jusque là-bas? Et si oui, qu’avez-vous ramené de cette Inde du Nord-Ouest? Une attirance pour la spiritualité hindou, les souvenirs colorés des sarees, le bruit entêtant des klaxons et le fourmillement des rues? A titre personnel, qu'est-ce qui vous a marqué?
Yatrà a d'abord été créée et ensuite on m’a invité en Inde. La spiritualité existe dans toutes les cultures, les couleurs aussi, ainsi que le bruit entêtant dans les grandes villes. Je viens d’une Espagne moderne, mais j’ai grandi dans une Espagne qui venait de sortir d’une dictature dans laquelle beaucoup de villages de l’Andalousie étaient très ruraux. L’Inde ressemble à cette Espagne d'alors mais en beaucoup plus marqué.

Vous avez voulu imaginer dans "Yatra" une « Inde au présent », c'est à dire... une Inde dépoussiérée de son image ancestrale? L'Inde, spécifiquement, semble cependant un pays qui garde profondément ancrées ses racines dans un passé qu'elle chérit, non? Quelle est votre image de l'Inde au présent?
J'ai voulu montrer une Inde intégrée en Europe, c’est à dire développée. J'ai voulu imaginer une Inde au présent.

YatraOn a pu lire que le flamenco prenait ses racines en Inde…Pourriez-vous nous en dire un peu plus?
Le flamenco est une musique créée en Andalousie à partir des différentes cultures. L’Inde y a apporté le Gitan du Rajasthan. Elle a laissé son empreinte en Andalousie tout comme les arabes et les juifs ainsi que toutes les cultures qui y sont passées...

Avez-vous suivi des cours de danse folklorique indienne? Qu’est-ce qui vous semble spécifique à la danse indienne et que vous avez voulu mettre en avant dans votre chorégraphie?
Je n’ai pas suivi de cours de danses folkloriques indiennes même si je les trouve très belles. J’ai mis en relief mon flamenco, comme une danse populaire qui a évolué, alors que la danse indienne est restée folklorique mis à part pour certains chorégraphes modernes comme Akram Khan dont les danses séduisent car elles donnent plus de liberté à l’imagination.

Vous souhaitez dépouiller ces arts ancestraux des clichés qui les ont vidés de leur véritable substance : comment dépouiller sans dénaturer? Ces arts ne sont-ils empreints de codes, de fondements rituels intrinsèques?
Les danses ne s’expriment pas dans la forme mais dans le contenu, et non dans les clichés. On ne peut jamais dénaturer ce qui a été appris des maîtres ancestraux car les gestes sont les mêmes. Cependant les temps changent et un danseur s’adapte à son temps. Effectivement, les danses que nous proposons sont très originales, surtout parce que le flamenco vous permet de composer votre propre "architecture".

Enfin....comment avez-vous travaillé avec Kader Attou? Quelles méthodes avez-vous employées pour vous fondre dans l’esthétique de l’autre ?
Ce travail a été passionnant car Kader Attou est un poète, un chorégraphe magnifique avec une vue très claire de ce qu’il veut faire et de la scène. Pour moi, c’est toujours un plaisir de pouvoir travailler avec des chorégraphes de différentes disciplines et cette expérience n'a pas prouvé le contraire.

Yatra

Chorégraphie : Andrés Marín et Kader Attou
Composition musicale : Régis Baillet, Ensemble Divana (Rajasthan)
Avec : Andrés Marin, Medhi Ouachek, Amine Boussa - Florent Gosserez (en alternance)
Musique interprétée en direct par l’Ensemble Divana (Rajasthan) : Anwar Khan Manghanyiar (Chant), Ghewar Khan Manghanyiar (Kamanchiya), Mehardeen Khan Langa (Sarangui), Gazi Khan Barna (Kartâl), Feiruz Khan Manghanyiar (Dholak)
Création lumière : Fabrice Crouzet
Son : Fali Pipio
Production : Artemovimiento
Coproduction : Le Manège, Scène nationale (Maubeuge), Philharmonie de Paris

Dates des représentations:

- Les 7 et 8 juillet 2016 au Festival Montpellier Danse

- Les 17 et 18 novembre 2016 à la Scène Nationale de Sète et du Bassin de Thau.

- Du 29 mars au 1 avril 2017 à la Maison de la Danse ( Lyon)

Le site d'Andrés Marin

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