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"D'à côté" de Christian Rizzo : un autre versant du réel où la perception ouvre sur toutes les métamorphoses

  • Écrit par : Virginie Gossart

Christian RizzoPar Virginie Gossart - Lagrandeparade.com/ Le titre inattendu de ce spectacle hybride a pour premier mérite d'ouvrir aux spectateurs un espace imaginaire et poétique : on pense à des chemins de traverse, à des mondes situés à la périphérie du réel, au pas de côté que nous devons parfois faire pour regarder ce qui nous entoure avec un oeil neuf, débarrassé des a priori rationnels.

Selon Christian Rizzo lui-même, le titre évoque aussi les espaces hors champ qui se rencontrent sur un plateau : les images, le son, et la lumière. C’est donc d'un dialogue constant entre corps et espace que vont surgir des formes fantasmagoriques aux contours instables.
Et nous sommes en effet immédiatement happés par cet objet chorégraphique où les sonorités mélodiques ou stridentes, les effets lumineux variés, la danse, les images projetées, et l'architecture proposent une composition globale, un spectacle total.
Autre audace : proposer cette oeuvre à tous les publics. Après avoir créé une trilogie de «pièces chorégraphiques de danse sur la danse» ("d’après une histoire vraie" en 2013, "ad noctum" en 2015, et "le syndrome ian" en 2016), Christian Rizzo poursuit ainsi son travail sur ce qui l’a toujours habité et nourri : un monde onirique, fait de plasticité, de porosité entre les êtres et les genres.
Dans ce conte perceptif, trois êtres vêtus de bleu, de rouge et de vert, évoluent sur scène, dans un ballet étrange fait de rituels, de mouvement, de contamination et de ruptures. Les tableaux animés qui se composent et se décomposent sous nos yeux sont d'une beauté faite d'étrangeté, d'abstraction, et d'hermétisme recherché.
Ce qui domine ce spectacle, c'est un travail de stylisation poussé à l'extrême : les corps qui se meuvent dans cet espace lui même changeant sont davantage des entités que des personnages traditionnels, et tendent ainsi vers l'universel.
Les projections visuelles sont souvent remarquables, telle cette mer ondoyante de lignes blanches sur un fond bleu turquoise qui, au gré de la musique électronique répétitive qui l'accompagne, se métamorphose sans cesse, jusqu'à devenir une sorte de paysage sonore – qui n'est pas sans rappeler la mythique pochette que Factory Records avait réalisée pour l'album "Unknown Pleasures" de Joy Division.
Les espaces scénographiques sont très travaillés : ils créent un univers qui oscille en permanence entre la science-fiction et le fantastique. Les danseurs deviennent des couleurs, parfois des êtres hybrides au corps humain et à la tête animale, parfois même des monstres végétaux ou des insectes aux proportions irréelles. Les sons électroniques se diffusent petit à petit, et finissent, à force d'agencements divers, par former des mélodies, voire des ritournelles proches des musiques folkloriques des contes.
Certains trouveront peut-être un tel parti-pris peu adapté à de jeunes enfants. Mais rien n'est plus discutable : n'est-ce pas au contraire une introduction à la fois pertinente et ludique à la danse ainsi qu'à d'autres arts visuels ? Chacun pourra sans doute y trouver une forme de poésie différente, et laisser fructifier son imagination à partir de la perception pour créer des mondes nouveaux, ce qui constitue tout le sel d'une oeuvre polysémique.

D’à côté
Chorégraphie, scénographie, objets lumineux et costumes : Christian Rizzo 
Distribution :  Nicolas Fayol, Bruno Lafourcade, Baptiste Ménard 
Création lumière : Caty Olive accompagnée de Jéronimo Roé
Création musicale : Nicolas Devos et Pénélope Michel (Cercueil / Puce Moment)
Images : Iuan-Hau Chiang, Sophie Laly 
Assistante artistique : Sophie Laly 
Accompagnatrice artistique : I-Fang Lin 
Réalisation costumes : Laurence Alquier
Réalisation des masques :Nicole Renchain
Direction technique : Thierry Cabrera
Régie générale : Marc Coudrais
Régie de scène : Jean-Christophe Minart
Programmation logiciel multimédias : Yragaël Gervais
Remerciements : Miriana Couvret

Production : ICI — centre chorégraphique national Montpellier - Occitanie / Pyrénées-Méditerranée / Direction Christian Rizzo
Coproduction : Chaillot-Théâtre National de la Danse - Paris, Théâtre de la Ville - Paris, Opéra de Lille, Concertgebouw Brugge dans le cadre de December Dance (Belgique), TANDEM - Scène nationale, TJP Centre Dramatique National d’Alsace Strasbourg, Charleroi Danse - Centre chorégraphique de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Scène nationale d’Albi


Dates et lieux des représentations:

- 6 au 9 novembre 2018 au Théâtre de Nîmes ( 30)
- 15 au 16 novembre 2018 à L'Empreinte - Scène nationale Brive/Tulle, Tulle
- 20 novembre 2018 au Centre Culturels Municipaux de Limoges
- 29 au 30 novembre 2018 à Le Moulin du Roc - Scène nationale de Niort
- 5 au 8 décembre 2018 à la Maison de la Danse de Lyon
- 17 au 18 janvier 2019 à Le Manège - Scène nationale de Reims
- 21 au 22 janvier 2019 à Le Bateau Feu - Scène nationale Dunkerque
- 6 au 7 février 2019 à La Manufacture - CDCN Bordeaux Nouvelle Aquitaine
- 13 au 16 février 2019 au Mercat de les Flors - Casa de la Dansa, Barcelone (Espagne)
- 27 février 2019 au Théâtre de Roanne

- 13 au 15 mars 2019 à la MA Scène nationale – Pays de Montbéliard & Le Granit, Scène nationale de Belfort, Belfort

- 26 au 28 mars 2019 à Bonlieu Scène nationale, Annecy
- 3 au 6 avril 2019 au Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines / Scène nationale
- 18 avril 2019 à l'Auditorium Pitot, Pont du Gard
— La Maison CDCN Uzès Gard Occitanie en coréalisation avec le Pont du Gard
- 9 au 11 mai 2019 à l'ADC, Genève (Suisse)

- 24 au 25 mai 2019 au Festival Les Coups de Théâtre, Montréal (Canada)


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