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Café Society : une farce feutrée aux chemises intellos à carreaux

Cafe SocietyPar Nelly Bonnet - Lagrandeparade.fr/ Tel un grand cru qu’on devine à l'arôme de sa bande annonce, le Woody Allen nouveau est arrivé… Pour 2016 il s’offre la montée des marches cannoises, sa fine et subtile équipe met le feu au tapis rouge, nous laissant trépigner qu’il en soit de même à l’écran. Mais c’est ainsi avec Woody : à peine le temps de parier (gros) sur son dernier-né que résonnent les premières notes de jazz du sobre générique nous signalant que nous sommes bien arrivés. Chez lui.

Ce soir, c’est garden party dans les années trente ! Le téléphone sonne chez Phil l’impresario (juste Steve Carell) malheureusement ce n’est pas Ginger Rogers au bout du fil mais Rose, sa sœur, qui lui envoie son Bobby à Hollywood. Jesse Eisenberg, le neveu encombrant, débarque et pose ses valises au motel Ali Baba.
Le garçon a déjà fait ses preuves en bébé-Woody. Débit nerveux, épaules légèrement voûtées, lapin pris dans les phares désabusé d’avance et pull moutarde savamment coordonné au papier peint, le réalisateur a matière à se faire plaisir avec son héritier. Impeccablement gauche mini-lui toujours un ton trop chocolat si le dress-code est beige, de l’ennui à la fascination, il va le faire basculer. Dans le décor paillettes et champagne de ce petit monde obsédé par le cinéma, la muse Vonie va remplir l’écran de ses yeux verts… L’incarnation délicate de Kristen Stewart lui servira de guide sous une lumière dorée, constante, qui nimbe Hollywood par opposition à celle plus naturelle de l’ambiance romantique et fleurie réservée par la suite à New-York.
Tous les éléments du cinéma d’Allen sont là : le narrateur désabusé, contant comment le dindon de cette farce feutrée va mélanger champagne et bagels au saumon pas casher, les chemises intellos à carreaux, la galerie de second rôles parmi lesquels on ne sait que choisir pour raconter encore, Manhattan, les punchlines (« l’amour non réciproque tue plus que la tuberculose… »), la muse… le jazz.
Certains lui en feront encore et toujours le reproche. Pourtant la régularité des ingrédients ne signifie pas que l’on devine à quelle sauce ils vont être mangés. Profitons : le pop-corn est trop rarement servi dans une coupe en cristal…

Café Society
Un film de Woody Allen – Sortie le 11 Mai 2016

Avec Jesse Eisenberg, Kristen Stewart, Steve Carell, Blake Lively, Parker Posey, Corey Stoll, Ken Stott,Anna Camp...

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