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Paramahansa Yogananda : le yogi au regard de Joconde

YoganandaPar Guillaume Chérel - Lagrandeparade.fr/  Oubliez ce que vous croyez savoir sur le yoga. C’est avant tout une pratique de recherche spirituelle plutôt qu’un exercice physique. En d’autres mots, le but recherché n’est pas la souplesse du corps mais avant tout celle de l’esprit. Bref, si l’on veut se cultiver les abdos du ciboulot, après le boulot, le documentaire « Yogananda », réalisé par un duo féminin, Paola Di Florio et Lisa Leeman, ne peut que faire du bien.
Le film retrace la vie de Paramahansa Yogananda qui a fait connaître dans les années 1920 des techniques du yoga et de la méditation en Occident (aux Etats-Unis surtout). Son livre « Autobiographie d'un Yogi », best-seller mondial, a été une source d'inspiration pour d'innombrables yogis et des personnalités, telles George Harrison (l’ex-membre des Beatles confie être devenu un  autre homme en lisant la biographie du yogi), Ravi Shankar (un de ses disciples), ou encore Steve Jobs.
En évoquant le voyage de l'âme comme une oppression de l'ego et de l'illusion de monde matériel, le film crée une immersion dans l'irréel. Réalisé de manière très stylisée (trop parfois, on y abuse de ralentis et autres effets spéciaux),  "Yogananda" raconte finalement l'histoire de l'Humanité elle-même : les épreuves auxquelles tous les êtres sont confrontés pour se libérer des souffrances et rechercher un bonheur durable.
Tourné en trois ans, avec la participation de trente pays à travers le monde, ce documentaire, basé sur des images d’archives, des reconstitutions et des interviews, explore le monde du yoga moderne et ancien, d’est en ouest. Il y a un côté apprenti Jedi cherchant son maître mais il faut reconnaître que le regard de cet homme – qui évolue au cours de sa courte vie – est d’une rare intensité. Surtout, les commentaires et les propos entendus sont d’une grand richesse métaphysique : sans langue de bois. Le maître confesse ses échecs et doutes et si l’on est réfractaire à tout discours religieux, l’un des intervenants dit fort justement que si l’on remplace le mot « Dieu » par « énergie », ça fait l’affaire… Car il est surtout question de rester en contact avec notre mère nature, dont nous faisons partie, pardi ! Et des vraies valeurs de la vie sur terre. L’essentiel étant invisible pour les yeux, comme chacun sait. On ne voit bien qu’avec le cœur.
Soit, l’amour est le plus important. On peut néanmoins s’interroger sur les plus ou moins bonnes raisons d’aller faire du prosélytisme aux Etats-Unis, notamment dans une superbe demeure sur les hauteurs de Los Angeles, alors qu’en Inde la misère règne et que Gandhi (qu’il rencontre et soutient) lutte (sans violence) contre l’impérialisme britannique. Yogananda finira par être trahi par son ami de jeunesse, qu’il avait formé, mais ouvrira une autre « école » de yoga, donc concurrente. Depuis, de nombreuses méthodes ont fleuri à travers le monde (bizness is bizness, et l’égo des gourous finit souvent par l’emporter). Reste le message, essentiel, de paix, d’amour… voire d’humour et de sagesse : « Vous êtes venus au monde pour divertir et être diverti », a notamment écrit Paramahansa Yogananda, considéré comme un génie spirituel, littéralement habité par sa croyance. Il fallait l’être pour oser affronter la stupidité des puritains américains ne voyant parfois en lui qu’un basané venu séduire leurs femmes…
Yogananda a été persécuté, trahi, menacé. Il a aussi connu la faillite financière. Mais il s’est toujours relevé comme le phénix renait de ses cendres. Non seulement pour redonner sens à sa vie mais pour inciter son prochain à suivre son exemple. Ce film est une invitation à un voyage profond d’éveil. On n’a qu’une envie après l’avoir vu : lire ses livres, car il a beaucoup écrit pour transmettre, et s’initier au yoga… de l’esprit surtout. Peu de jours avant sa sortie nationale, un autre gourou, Sri Sri Ravi Shankar, promettait de résoudre les conflits dans le monde grâce à la méditation. Une technique de respiration dont le réalisateur David Lynch est un adepte. On peut sourire mais le maître yogi a rassemblé plusieurs millions de personnes en Inde, du 11 au 13 mars dernier. La relève est là. Tant qu’il y aura des maîtres, il y aura des disciples.

Yogananda (USA, sous-titré français, couleur, 87’).
Réalisation : Paola Di Florio et Lisa Leeman
Sortie nationale le 23 mars 2016

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