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La danse des accrochés : un long-métrage troublant à la croisée du thriller et du docu-fiction

La danse des accrochésPar Julie Cadilhac - Lagrandeparade.fr/ Vincent a passé vingt-trois en prison suite au meurtre non-prémédité d'un membre de son village d'alors. Il obtient un aménagement de peine et son cousin, Didier, l'accueille dans sa ferme pour ses dix derniers mois de réclusion, sous la surveillance d'un bracelet électronique. Didier vit avec une jeune infirmière, Mim', et entretient une haine farouche pour sa propre génitrice qu'il ne voit plus du tout depuis le suicide de son père. Cette dernière, par l'intermédiaire de Mimosa, le menace de le déshériter avec un chantage morbide.

Ce film suit les états d'âme de deux hommes écorchés qui sont prisonniers de leur passé et n'arrivent pas à s'affranchir du poids des culpabilités. Ce projet cinématographique "est né durant la recherche documentaire préalable à l'écriture d'un documentaire sur le Placement sous Surveillance Electronique ( PSE)", explique Thibault Dentel, le réalisateur, dans sa note d'intention. Il signe un travail étonnant et pertinent. Le choix du filtre noir et blanc apporte à la fiction une note à la fois surannée et intimiste mais favorise aussi l'ancrage dans le thriller. Si les thèmes abordés sont graves, de nombreux moments sont agréables de connivence et de complicité  et l'on ne peut s'empêcher de penser par exemple à l'auteur Joël Egloff dans le traitement des situations et des personnages : un style épuré, une crudité de la réalité et en même temps une poésie du quotidien intrinsèque qui s'instaure par la nostalgie du plaisir et de la beauté des choses simples. Thibault Dentel filme l'intime avec simplicité, naturel et justesse...mais il surprend également par sa capacité à insérer dans son scénario des ingrédients propres au thriller qui plongent soudain ce portrait réaliste aux aspérités presques documentaires dans des scènes où le ciel pèse comme un couvercle et l'ambiance devient angoissante.

Côté casting? Jean-Claude Gauthier incarne un Vincent touchant de fragilité. Christophe Sauvion est sincère dans les diverses gammes d'émotion qui traversent son personnage dépressif, Dorothée Dantel s'avère une présence féminine toute en délicatesse. Sylvain Solustri joue enfin un Basile délicieux, homme à tout faire cynique, attrayant par ses allures de personnage sorti tout droit d'un bon polar.

"La danse des accrochés" séduit par sa nature contrastée et nourrit notre réflexion non seulement sur le dispositif du PSE et ses réussites potentielles mais aussi, par ricochet évident, sur la notion de liberté. En parallèle ironique des récurrentes parenthèses (vues au travers des jumelles de Vincent) sur les Gilbert qui ne franchissent que rarement le seuil de leur maison pour sortir, Vincent est encore prisonnier mais "dans une cage ouverte". Il vit un supplice de Tantale et une pression psychologique permanente s'il veut répondre aux exigences de la loi. Avec son cousin, ils subissent les conséquences des traumatismes hérités des agissements de leurs parents. Mim, de son côté, avoue être sans doute tombée dans les bras de Didier car elle est formatée pour aider les autres. La question du choix et du libre-arbitre est ainsi soulevée et, même si ici, l'on est dans une campagne française et qu'on cause souvent avec un langage d'ex-taulard ou "de village", au final, la tragédie bat son plein...dans le sens noble du terme. 

La danse des accrochés
Réalisation:  Thibault Dentel
Produit par Caboche
Avec Jean-Claude Gauthier, Christophe Sauvion, Dorothée Dentel
Sortie en France : 07/12/2016

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